Angleterre-France: comment Twickenham est devenu une machine à cash pour le rugby anglais

Ils n’y ont plus gagné depuis 2005 dans le Tournoi des VI Nations. Un peu plus d’une semaine après son invraisemblable défaite face au pays de Galles (19-24), le XV de France se rend ce dimanche à Twickenham (16h) pour y défier la puissante Angleterre. Malheureusement pour les Bleus, le temple du rugby britannique n’est pas vraiment le meilleur endroit pour relever la tête.
Inauguré en 1909, à l’occasion d’un match opposant les Harlequins au FC Richmond, Twickenham a été le théâtre de matchs d’anthologie et peut faire trembler n’importe quelle équipe. Mais au-delà de ces considérations sportives, c’est également une sacrée machine à cash pour la Fédération anglaise de rugby (RFU).
Revenons plus de cent ans en arrière. En 1907, la RFU achète pour la modique somme de 5.500 livres un terrain situé à l'Ouest de Richmond, à Twickenham très exactement. Deux ans après, les Harlequins y disputent leurs rencontres, avant d'émigrer à quelques centaines de mètres, au Stoop, où ils jouent à portée de drops de Twickenham. "The Cabbage Patch" ("le carré de choux"), le surnom de Twickenham, va de son côté grandir de décennie en décennie pour passer de quelques centaines de places dans des tribunes en bois à 20.000 places pour son premier match international, en 1910, entre l’Angleterre et le pays de Galles.
Un trésor de guerre grâce au Mondial 2015
Six campagnes de rénovation entre 1921 et 2006 vont porter la capacité à 82.000 places assises, avec musée, hôtel, restaurants, hospitalités et loges, parkings, boutiques et autres pompes à bière. Autant de sources de revenus pour la RFU, qui a ensuite pu compter sur la Coupe du monde 2015 pour faire fructifier Twickenham.
Ce Mondial à domicile lui a permis de générer un trésor de guerre de 102,3 millions d'euros de recettes nettes après impôt: 55 millions d’euros pour le rugby pro et 34 millions pour le rugby amateur. Le reste a été investi dans le stade et son amélioration. Les saisons suivantes ont généré en moyenne chacune 180 millions de livres de recettes, soit environ 205 millions d’euros (dont 90% en relation directe avec l'exploitation de Twickenham via les tickets, hospitalité, loges, produits dérivés et consommations diverses).
Forte de cette manne financière, la fédération anglaise a mis en place un système pour indemniser les clubs fournisseurs d’internationaux. Depuis 2016, 112 millions de livres (environ 128 millions d’euros) sur quatre ans donnés par la RFU au championnat (Premiership Rugby Limited) pour 45 joueurs en équipe, avec la possibilité de 20 joueurs supplémentaires: soit 28 millions par saison, dont 7 millions pour le développement des académies des clubs de PRL ainsi que 7 millions pour Players Welfare (la caisse de santé). Restent 14 millions divisés par 65 joueurs (45 + 20) : 215.000 livres par joueur, soit environ 245.000 euros.
En dehors de l’aspect financier, clubs, joueurs et fédération ont des droits et des devoirs: 10 semaines de vacances pour les joueurs de la liste élite (40 + 25), 5 semaines minimum pour les autres, 12 semaines minimum entre le dernier match de la saison et le premier de la saison suivante, pas plus de 35 feuilles de match (une feuille de match équivaut à au moins 20 minutes de temps de jeu) et pas plus de 30 rencontres jouées entièrement par saison. Les joueurs de la liste élite ayant participé à tous les matchs internationaux de la saison (au moins 65% du temps) ont droit à une semaine de repos supplémentaire, en plus des 10 semaines déjà prévues.