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La leçon d’anglais

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Le XV de France ne remportera pas le Tournoi des VI Nations. Battu par l’Angleterre (22-24) au Stade de France, il a payé une nouvelle entame calamiteuse. Première défaite douloureuse pour Philippe Saint-André à la tête des Bleus.

Perdre avec les honneurs comme les joueurs français l’ont fait dimanche n’adoucira pas leur peine. Dans le vestiaire, Philippe Saint-André n’était pas le moins affecté. Lui qui a creusé un tunnel entre les deux rugbys a vu l’Angleterre briser net ses rêves de victoire dans le Tournoi. « Je vis très mal cette défaite, a soufflé PSA. On demande beaucoup aux joueurs, ils ont des valeurs exceptionnelles. Mais quand tu prends trois essais à domicile, tu ne peux pas gagner. » La déception de ses joueurs après match était aussi grande que leur marge de progression. Une bien maigre consolation.

Au bout d’une dernière révolte avortée, le drop de François Trinh-Duc est venu mourir à quelques centimètres sous la barre et la France à deux points de l’Angleterre. Elle a pu profiter dans les grandes largeurs de la générosité de son meilleur ennemi. Un quinze prévenu, visiblement, n’en vaut pas trente. Les premiers ballons sont tricolores, dix minutes encourageantes. Et tout à coup, c’est le drame : Tuilagi puis Foden, presque sans forcer, transpercent en plein cœur une défense soudain béante (3-14, 17e). 

Saint-André : « Ça pue… » 

Les Bleus ont eu deux gros problèmes durant cette première heure : ils n’ont pas bien défendu et ils n’ont pas su attaquer. Ça fait beaucoup face à des Anglais propres, efficaces, cliniques, des qualités qu’on ne prêtait pas forcément à leur jeunesse dorée. Ils ont aussi su faire le dos quand les Bleus, guidés par un Parra beaucoup plus convaincant que Dupuy, ont enfin accéléré, tenté, marqué aussi. Par Beauxis notamment, qui a ramené les Bleus une première fois à deux points (15-17, 67e). Par Fofana enfin, pour un quatrième essai en quatre matches, qui ramenait l’espoir, finalement brisé par un dernier en-avant de Dusautoir, comme un mauvais symbole. « Ce qui me chagrine, c'est qu'on manque de réalisme et de réactivité dans les temps forts », a analysé Saint-André qui, en cherchant bien, devrait trouver d’autres raisons d’être chagriné.

A force de courir après le temps et le score, les Français ont donc fini par céder. Que cette première défaite dans le bilan de Saint-André soit infligée par l’Angleterre est une vraie balle en plein cœur du plus anglais des Français, ou peu s’en faut. « Les matchs contre l'Angleterre ont toujours une saveur particulière. Et quand tu perds, ça pue... », a-t-il poétisé. Il aurait sans aucun doute préféré revenir battu pour la première fois de Cardiff, la semaine prochaine. Mais il n’y aura pas de finale, seulement la possibilité de priver le pays de Galles d’un Grand Chelem qui lui tend les bras. 

Silvère Beau avec LD