Lièvremont : « C’était la déception de trop »

Toujours aussi remonté contre ses joueurs au lendemain de la défaite en Italie (22-21), le sélectionneur du XV de France annonce que certains d’entre eux ont sans doute dit adieu à l’équipe nationale.

Marc, qu’avez-vous dit à vos joueurs après cette défaite ?

Je leur ai déjà annoncé que je ne leur donnerais le groupe que ce soir (ndlr, dimanche soir) pour affronter le pays de Galles. J’ai besoin d’un peu plus de réflexion. J’avais deux possibilités : reconduire les 23 pour les laisser laver l’affront avant de prendre des décisions. Mais je ne le ferai pas. Je suis à court de solutions. Je n’ai pas le sentiment qu’il y a des joueurs d’évidence qui pourraient m’apporter la lumière et plus de qualité. La deuxième option serait de changer, peut-être arbitrairement, parce que s’il fallait changer tous les joueurs qui ont failli, il y aurait beaucoup de changements. Ils paieront peut-être pour d’autres, mais il faudra marquer le coup.

On vous sent toujours autant remonté…

J’ai fait des promesses à certains d’entre eux. Les yeux dans les yeux. Je leur ai fait confiance en leur disant qu’ils pourraient se préparer dans la sérénité pour la Coupe du monde. Mais samedi, c’était la déception de trop. Toutes ces promesses sont caduques. Les cartes sont redistribuées. Les joueurs ont donné raison aux critiques qui disent que les choses n’avancent pas. Il faut se rendre à l’évidence. Au vu de la copie contre l’Italie, la préparation pour la Coupe du monde débutera le 28 juin. Il faudra ces deux mois pour être compétitif.

Manque-t-il une remise en question ?

En ce qui me concerne, elles sont permanentes. Je vais continuer. Mais je ferai peut-être moins de cadeaux. Certains vont quitter le groupe, d’autres vont rester. Il n’y aura peut-être pas d’évidence. Je répète que toutes les cartes sont redistribuées. Il est fort possible que la carrière internationale de certains se soit arrêtée samedi soir.

« Il nous manque une forme d’intelligence »

Que dîtes-vous à ceux qui sont inquiets ?

Qu’ils ont raison de l’être. Surtout quand on voit le peu d’engagement et de détermination, alors que je nous pensais naïvement et sincèrement à l’abri de ce genre de performance. Il y a de grosses lacunes. J’espère avoir un groupe de 30 joueurs compétitifs, mais ça sera compliqué. Je suis certain que deux mois de travail en commun vont nous permettre de progresser. Mais jusqu’où ? Une fois de plus cette défaite pose question.

Que manque-t-il à cette équipe ?

Peut-être une forme d’intelligence. A un moment, on mène 18-6. On peut penser sortir avec une victoire. Ça nous aurait évité de rajouter à notre ‘‘palmarès’’ une défaite en Italie dans le Tournoi.

Vous avez parlé de trahison samedi soir. Qu’est ce qu’il reste de cette analyse ce dimanche matin ?

Je me pose aussi des questions. Mais quand je parle de trahison, ce n’est pas seulement vis-à-vis de moi, mais du maillot et d’eux-mêmes. Je ne cesse de vous dire que ce groupe vit bien, mais il faut le prouver sur le terrain. Je pensais qu’on n’avait pas le droit de se déchirer à ce niveau là. Je me suis trompé.

Recueilli par L.D. à Rome