XV de France: Camara assure que les Bleus vont se méfier de la "bête blessée" anglaise

Yacouba Camara, avez-vous le sentiment d’être devenu un des leaders de ce XV de France ces dernières semaines?
(Sourire) Non, je ne pense pas être un des leaders de cette équipe. Nous avons des joueurs cadres qui sont là depuis un long moment. Je me fais ma place petit à petit mais je ne peux pas dire que je suis encore un leader de cette équipe. C’est vrai que je me sens bien dans cette équipe. Il y a un bon groupe et une bonne ambiance. C’est plus facile de s’intégrer avec des joueurs avec qui tu te sens bien.
Vous faites le modeste mais vous êtes l’un des meilleurs Français depuis le début du Tournoi des VI Nations et le staff vous fait confiance…
Oui, c’est une bonne chose. Je suis très content que le staff ait confiance en moi. Je fais de mon mieux et j’essaie d’être meilleur à chaque fois pour leur montrer qu’ils peuvent compter sur moi.
Quel bilan tirez-vous ce Tournoi mitigé?
C’est vraiment dommage. Je repense encore à ce match perdu contre l’Irlande. En Ecosse, on fait une très bonne première mi-temps avant de s’endormir en faisant énormément de fautes. C’est vraiment cruel. Le match contre l’Italie a été positif malgré des imperfections. Désormais, le Crunch nous attend. On va vraiment se mesurer et voir où on se trouve.
Que représente un match contre l’Angleterre?
C’est un match spécial pour toute la France mais aussi pour les Anglais. C’est un match vraiment attendu. Il y aura énormément de combat et d’intensité. Pour ma part, c’est aussi un rêve. Je n’ai jamais eu la chance de jouer un France-Angleterre chez les grands, seulement chez les jeunes. Devant ma télé, je me souviens de certains matchs et de joueurs qui m’ont marqué sur des Crunchs comme Jonny Wilkinson et Thierry Dusautoir.
Chez les jeunes aussi, c’était particulier?
Oui, bien sûr. Je jouais déjà contre Maro Itoje. J’ai l’image de mon vis-à-vis en troisième ligne. Nous avons eu un peu des parcours similaires. Lui a vite explosé. Ça me ferait plaisir de le retrouver samedi mais j’espère que j’aurai le sourire à la fin.
Etait-il déjà impressionnant?
Oui, chez les jeunes déjà, c’était déjà le capitaine et un patron. Petit à petit, il a fait son trou aux Saracens. Je suis content pour lui. C’est un gros travailleur et un gros combattant.
Et plus globalement, quelles sont les forces des Anglais selon vous?
Ils sont un jeu très structuré et ils passent énormément de temps ensemble. C’est la deuxième meilleure nation mondiale. Malgré tout, ils ont eu un match difficile contre le pays de Galles avant de perdre contre l’Ecosse. On se méfie de la bête blessée. Je pense qu’ils seront vraiment revanchards.
Quelle a été la méthode de Jacques Brunel depuis le début du Tournoi?
Il nous protège un peu. Il s’occupe de nous comme ses enfants. Il fait tout pour nous donner les clés et que l’on réussisse. A nous de lui montrer que nous sommes reconnaissants et que nous avons compris son message.
Le sélectionneur a choisi de ne pas rappeler les bannis d’Edimbourg pour l’Angleterre. En avez-vous discuté entre vous?
Oui, un peu. Mais on a vite tourné la page. On se concentre sur l’équipe de France.
A titre personnel, vous vous souviendrez longtemps de ce déplacement en Ecosse puisque vous avez été entendu par la police alors que vous n’aviez rien à voir avec ces frasques nocturnes…
(Sourire) Oui, cela fait partie du jeu. C’est comme ça. On peut toujours se tromper. Et le vis très bien. Je me bats pour mon pays et c’est le plus important.
Votre famille était-elle étonnée?
C’est vrai que mes proches ont été un peu étonnés mais ils ont vite compris qu’ils (les policiers) s’étaient trompés. De temps en temps, ça nous arrive à sortir entre joueurs mais c’est vrai que je ne suis pas un fêtard ! (Rire)
Mais comprenez-vous que l’on puisse sortir après une défaite?
Après une défaite, cela fait toujours du bien de se retrouver un peu. C’est important dans les moments durs comme dans les moments plus faciles peut-être pas de boire mais de parler, de dire ce qui ne va pas et d’être ensemble. Cela fait partie du rugby. Mais c’est vrai que toutes les critiques et ce qui a été écrit, tout cela ça m’a touché. Ce n’est pas l’image de l’équipe de France. On est solidaires entre nous.
On reproche parfois à la jeune de génération de ne pas avoir le même rapport avec l’équipe de France. Qu’en pensez-vous?
Je n’ai jamais vu aucun tricheur dans cette équipe. J’ai vu des joueurs prendre le maillot de l’équipe de France avec des larmes aux yeux. C’est une fierté de porter le maillot de son pays. On gardera toujours ces valeurs. Porter ce maillot a toujours la même signification et on doit bien le montrer.