RMC Sport

Tournoi des VI Nations: les précisions du docteur Chermann concernant Sexton

A la suite de l’interview qu’il nous a accordée mardi concernant le demi d’ouverture de l’équipe d’Irlande Jonthan Sexton, le neurologue Jean-François Chermann voulait préciser sa pensée, notamment concernant le chiffre de 30 commotions qu’aurait subi le joueur.

"Dans cet article il m’importait de sensibiliser le public à la problématique des commotions et à leur prise en charge. Je ne voulais pas aborder le cas d’un joueur précisément en particulier mais du cas d’un joueur qui venait de faire une commotion et du procédé qui devait être mis en place à la suite. L’examen neurologique à 48h est prépondérant car il permet de confirmer la commotion et de dire si le joueur est asymptomatique qu’il pourra avoir une chance de jouer le week-end suivant à condition que la reprise de l’activité étape après étape se soit bien passée et que les tests neuropsychologiques soient bons. Actuellement en France on préconise un minimum de 3 semaines d’arrêt si le joueur a eu un antécédent de commotion de moins d’un an.

Il y a un problème aussi avec les sub-commotions, qui peuvent être définies par un sentiment d’être sonné quelques secondes, de voir des étoiles avec disparition des troubles en moins d’une minute sans apparition d’autres signes après. Or ces sub-commotions sont fréquentes, par exemple en rugby pour les piliers dans les entrées en mêlées ou en football, lors des têtes que font les joueurs. Concernant mon interview sur Sexton, je ne voulais pas parler d’une trentaine de commotions mais de commotions et sub-commotions. Et si l’on interroge la plupart des rugbymen, ils vous diront qu’ils ont subi aussi de nombreuses sub-commotions dans leur carrière, qui d’ailleurs ne sont presque jamais déclarées.

Pour Sexton, on ne peut donc absolument pas parler de 30 commotions. Je n’aurais pas dû citer ce chiffre sans aucune explication et regrette le tort que j’ai pu faire au joueur qui a été mon patient et que je respecte plus que tout. Et dans mon expérience de neurologue qui a maintenant suivi plus de 1500 athlètes commotionnés, les éléments les plus importants contre indiquant la reprise sont: le fait d’avoir fait des commotions rapprochées, le fait que la dernière commotion ait pris du temps à disparaître (plusieurs semaines) et le fait que le joueur ait moins de 20 ans car il existe un risque gravissime de syndrome du second impact. En clair, si Sexton n’a pas fait de commotion depuis plus d’un an, qu’il est asymptomatique à 48h, que les tests sont bons et que le protocole de reprise s’est bien déroulé, il n’y a pas de contre-indication à ce qu’il joue contre la France."

Wilfried Templier