Trinh-Duc : « La Coupe du monde, j’y crois »

François Trinh-Duc - AFP
François Trinh Duc, vous êtes de retour à la compétition ce week-end après cinq mois d’absence. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Ça fait vraiment plaisir. Je suis excité comme en début d’une saison ou lors d’un premier match quand j’étais en espoirs. Il y a un peu d’appréhension compte tenu du niveau car il y a une différence entre les entraînements et la compétition, surtout qu’on a un match difficile à Toulouse. Mais j’ai beaucoup de fraîcheur, notamment mentale. Après toutes ces épreuves à broyer du noir, à m’entraîner seul, à être à l’écart, j’ai envie de renouer avec la compétition.
Vous dites avoir broyé du noir. Vous avez vraiment traversé des moments difficiles ?
C’était ma première grosse blessure. Il y a donc forcément des moments où tu progresses bien et d’autres qui sont plus durs. La progression n’est pas linéaire. Parfois, Je suis passé par des moments de doute, de solitude. C’est important d’être bien entouré par mes proches.
Qu’est-ce qui vous a permis de tenir ?
J’ai gardé le cap car j’avais un objectif en tête. Celui de revenir en forme. Mais j’ai aussi essayé de relativiser en trouvant d’autres centres d’intérêt pour compenser ce manque. J’ai beaucoup profité de ma famille, j’ai joué au golf…
Psychologiquement, avez-vous évacué cette blessure ?
Oui je pense. En tout cas, je n’ai plus d’appréhension ni de douleur.
Vous aviez en tête la Coupe du monde. Est-ce que cet objectif vous a surmotivé pour revenir plus vite et plus fort ?
C’était paradoxal car je devais revenir le plus vite possible avec Montpellier mais le plus en forme aussi. D’un autre côté, je voulais prendre mon temps pour ne pas rechuter. Mais mon problème, c’est que les matches défilaient.
Il reste sept matches, peut-être dix si votre club se qualifie pour les phases finales. Le compte à rebours est-il lancé ?
Je suis concentré sur Toulouse. Je veux donner le meilleur de moi-même pour retrouver de la confiance.
La Coupe du monde, vous y croyez toujours ?
Oui, cela reste un objectif de fin de saison. Pour l’instant, je ne vois pas plus loin dans ma carrière. Cette blessure est arrivée au mauvais moment après avoir été convoqué au stage de pré-tournée. Je compte les jours et je vais tout faire pour y arriver. Mais rien ne remplace les matches. Je me sens forcément bien. J’ai bien travaillé physiquement. Je sais que ce sera compliqué lors des premiers matches mais je sais aussi qu’à force de les enchaîner, je vais retrouver ma forme et mon niveau.
Avez-vous échangé avec Philippe Saint-André ou son staff ?
Non, j’ai eu simplement Serge Blanco pendant ma rééducation.
Vous revenez contre Toulouse. Est-ce le match idéal pour voir où vous en êtes ?
(Il rigole) C’est bien pour se jauger. Mais Toulouse est un concurrent direct pour la qualification qui reste l’objectif du club même si ce sera mission quasi impossible.
Pendant votre absence, votre club a traversé une crise sportive mais également extra-sportive avec l’éviction de Fabien Galthié. Comment avez-vous vécu ça ?
C’est forcément compliqué. J’ai connu beaucoup de soucis avec Montpellier, beaucoup de problèmes extra-sportifs aussi. C’est toujours compliqué de se séparer d’un entraîneur, surtout en cours de saison (Galthié a été remplacé par Jacke White). C’est dur de changer de projet de jeu, d’habitudes. Ce qui est préjudiciable, c’est que ce sont les joueurs et le public qui sont les premiers concernés.
Avez-vous parlé avec Jacke White ? Vous a-t-il rassuré par rapport au jeu ?
Oui, on a beaucoup échangé. C’est aussi difficile pour lui d’arriver en cours de saison. Il est arrivé un lundi et on recevait Toulon le samedi. Il a donc travaillé dans l’urgence. Il a fallu aller à l’essentiel et nous redonner confiance. Pour l’instant, c’est difficile de mettre un jeu en place avec aussi peu de préparation.
Les résultats de Montpellier n’ont pas été très bons durant votre absence. N’avez-vous pas peur qu’on vous voit comme le sauveur ?
Non. En rentrant sur le terrain, je ne vais pas marquer quatre essais et dix drops. Ce n’est pas ce qu’il faut attendre de moi. J’essaye d’amener ma fraîcheur et mon enthousiasme à l’entraînement, pendant les préparations de match. Ça fait toujours plaisir de se sentir attendu et pas aux oubliettes. Quand on est blessé, on est souvent oublié.
Vous aviez enfilé le rôle de buteur cette saison. Vous sentez-vous prêt pour assumer de nouveau ce rôle ?
Cela a été compliqué de me fracturer le tibia de ma jambe de frappe. Il y a eu une rééducation progressive pendant ces cinq mois. A l’heure actuelle, je retrouve de très bonnes sensations. A l’entraînement, j’ai un bon pourcentage même s’il y a moins de pression et de fatigue qu’en match.