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Un pour tous, tous pour trente

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Montrés du doigt ces dernières semaines, les Bleus ont la désagréable impression de se retrouver seuls face au monde. Alors pour faire taire leurs détracteurs, les Français se sont resserrés. Entre eux.

Il y a d’abord eu les critiques de la presse française. Puis nos confrères néo-zélandais en ont remis une couche après la qualification des Bleus en demi-finale contre le pays de Galles (9-8). Et pour achever le moral des hommes de Marc Lièvremont, ce sont les consultants et les anciennes gloires du rugby mondial qui ont terminé le travail. Forcément, dans ces conditions, la bande à Thierry Dusautoir a la désagréable impression de se retrouver face au monde. Seule. Alors pour évacuer ces tensions autour de l’équipe de France, les joueurs ont décidé de se retrouver entre eux. De se resserrer. « Le danger vient de l’extérieur et la vérité vient de l’intérieur », notait d’ailleurs en sage l’expérimenté Jean-Baptiste Poux, 31 ans et trois Coupes du monde au compteur.

Dans la salle de vie de leur hôtel, les joueurs ont d’ailleurs affiché toutes les petites phrases puisées de ci, de là dans la presse néo-zélandaise et internationale qui se moquent à longueur de colonne des prestations des Bleus. Dans cette collection, les sorties de François Pienaar, champion du monde en 1995 avec l’Afrique du Sud ou encore Chris Ashton, éliminé par la France en quart de finale de la compétition, doivent y tenir une bonne place. Pour le premier, la France est tout simplement « la pire équipe du mondial ». Quant au second, malgré son élimination, il n’a pas hésité à twitter : « Je n'arrive pas à y croire. Qu'est-ce qui est arrivé à ce sport ! Le pays de Galles méritait de gagner. Ça ruine le rugby. »

Parra consulte les forums internet

Et ça, dans les rangs français, ça passe mal : « Il y a des gens qui sont des grands malades, balançait Marc Lièvremont. Quand je vois Pienaar critiquer le jeu de l’équipe de France, est-ce qu’il se souvient de la manière dont il a été champion du monde ? Chris Ashton se permet d’en remettre une couche alors qu’il est chez lui depuis quinze jours. Heureusement que le ridicule ne tue pas. » Les joueurs ne sont pas insensibles à ce flot de critiques. Morgan Parra nous confiait par exemple ce matin qu’il lisait les forums consacrés aux Bleus sur les sites internet. Et la parole du peuple, il l’a bien compris, n’est pas beaucoup plus clémente que celle des journalistes et autres anciennes gloires du rugby français.

Vilipendés, moqués, humiliés, nos petits coqs de France sont seuls, seuls au bout du monde, seuls contre tous. « On a l’habitude de se resserrer, puisqu’on ne se fait pas plus massacrer qu’avant », livrait Lionel Nallet. « On se fait cracher dessus et notamment par certaines anciennes gloires du rugby, mais ça nous motive encore plus », reprend son coéquipier de la deuxième ligne, Pascal Papé. Quant à Morgan Parra, il conclut : « Même si on n’a pas fait les meilleurs matchs, on a essayé de montrer les valeurs françaises pour être en finale, regrette l’ouvreur. Certains disent qu’on ne mérite pas d’être là. Ça fait mal au cœur parce qu’on se bat pour donner le meilleur. » C’est donc tous ensemble qu’ils comptent mettre fin aux sarcasmes, dimanche matin à l’Eden Park.