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Un revers en questions

Jean-Baptiste Poux

Jean-Baptiste Poux - -

La lourde défaite du XV de France face aux All Blacks (37-17) a principalement résulté d'une défense aux allures de gruyère ce samedi à Auckland. La mêlée n'a pas non plus aidé les Bleus, alors que 10 000 supporters tricolores avaient investi l'Eden Park. Retour sur le match en trois questions.

La mêlée a-t-elle été un atout ?
Non. C’est pourtant ce qui fait la fierté des nations de l’hémisphère Nord quand elles rencontrent leurs adversaires du Sud. L’exploit irlandais contre l’Australie, le week-end dernier, a pris naissance dans cette confrontation des packs. Mais à l’Eden Park, la mêlée tricolore a été dominée par son homologue. Au point que Richie McCaw et les siens en demandent une presque sous les poteaux tricolores en seconde période. « C’est un secteur très particulier, explique le talonneur Dimitri Szarzewski. Il y a la roublardise qui joue, la confiance… On a su se reprendre sur quelques mêlées mais sur l’ensemble du match on a quand même été bousculés. » Ce n’est qu’avec les entrées en jeu de William Servat, Fabien Barcella, Julien Pierre et Imanol Harinordoquy à la place de Dimitri Szarzewski, Luc Ducalcon, Pascal Papé et Louis Picamoles, que les Bleus ont redressé la barre. Trop tard.

La défense est-elle à revoir ?
Oui. Contre le Japon (47-21), elle avait déjà donné des signes de faiblesse. Là, les 37 points encaissés sont le deuxième pire total de l’histoire des Bleus en Coupe du monde. Quand Louis Picamoles et Damien Traille loupent Ma’a Nonu, le troisième-ligne black Adam Thomson aplatit juste après. Quand Thierry Dusautoir, pourtant le meilleur plaqueur tricolore (18 plaquages), est pris à l’intérieur, Cory Jane file tout droit dans l’en-but, pour un essai en première main. Deux exemples parmi d’autres. « Les erreurs ont été payées cash », reconnait Aurélien Rougerie. Parmi elles, 19 plaquages manqués (20%) et 11 fautes de main (6 pour les Blacks). « On s’aperçoit que sur des matchs de haut niveau, le moindre détail est important, estime Dimitri Szarzewski. Il faut gommer toutes ces petites choses pour rivaliser avec les meilleures équipes. » Il était temps d’en prendre conscience.

L’ambiance a-t-elle été à la hauteur de l’événement ?
Oui. Quelques frissons ont même saisi les spectateurs présents ce samedi à l’Eden Park. Environ 10 000 d’entre eux, sur les 60 856 au total, arboraient les couleurs de la France. Drapeaux, visages peints en bleu-blanc-rouge, déguisements d’Astérix et Obélix ou encore crêtes de coqs avaient investi le stade d’Auckland. Et les « Allez les Bleus » ont rythmé la rencontre, en alternance avec les « All Blacks, All Blacks » des supporters locaux. « Je remercie tous les gens qui sont venus nous encourager » n’a d’ailleurs pas manqué de souligner le capitaine du XV de France, Thierry Dusautoir. Après le match, les Néo-Zélandais se sont eux montrés chambreurs avec les Français. Peut-être que le Kapa o Pango, un haka qui se termine par un geste d’égorgement et que leur équipe a réalisé en préambule, les a galvanisés. C’était le signe que les All Blacks prenaient les Bleus très au sérieux. Une impression qui n’a pas tardé à se traduire sur le terrain…