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XV de France: Galthié, Ibanez et le staff des Bleus en ordre de marche

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Pour son deuxième passage devant la presse, et après trois jours de séminaire à Hossegor, dans les Landes, le staff du XV de France a détaillé le suivi des joueurs et ce qu’il attendait de ces derniers. Une large revue d’effectif, beaucoup de rendez-vous, pour définir le futur cadre des Bleus. Avec en ligne de mire le premier match du Tournoi des VI Nations face à l’Angleterre, le 2 février prochain. Explications.

"Chaque moment vécu renforce nos liens." C’est avec ces mots que le manager du XV de France Raphaël Ibanez a débuté ce mercredi son allocution devant la presse au Casino de Hossegor. Au premier rang, face à lui, son staff écoute (Labit, Servat, Edwards, Giroud, Buffa). En rappelant les objectifs, tels qu’ils avaient été présentés lors du premier rassemblement à Montgesty, dans le Lot: gagner des matchs, des titres et redevenir une nation majeure du rugby mondial. Le staff travaille dur, voyage dans la France du rugby, des clubs du Top 14 à des territoires plus "reculés" tels que la Normandie (Laurent Labit était au Havre récemment), et voit du monde. Des présidents de clubs aux managers, en passant par le cœur du futur projet: les joueurs.

Ces derniers se font expliquer, comme le dit Ibanez, "notre rugby, notre projet, notre identité, notre chemin, notre exigence". Pas moins de 90 joueurs ont été rencontrés. "Notre agenda est complet dans ce sens, abonde le sélectionneur Fabien Galthié. Ce sont effectivement 90 joueurs qui ont déjà été vus. A raison de trente minutes d’entretiens individuels, cela fait 45 heures avec l’ensemble des forces vives du rugby français depuis six semaines. D’ici deux semaines, nous aurons vu tous les clubs de Top 14 et deux clubs de Pro D2. Nous sommes conscients que la marge de manœuvre est réduite." Car la liste de 42 joueurs pour le Tournoi des VI Nations sera annoncée le 8 janvier.

Les entraîneurs du XV de France sont confiants quant à la possibilité de disposer de ce nombre de joueurs. "On a de bonnes nouvelles. On est assez confiant dans l’encadrement. Maintenant, ce sont des questions qui sont hors sportif. C’est du domaine de la politique. Ce qui compte, c’est d’emmener 42 joueurs et de pouvoir compter sur eux. Mais on a des échos très positifs." Concrètement, ce groupe sera rassemblé le dimanche 19 janvier à Nice. Le jeudi suivant (le 23), 19 joueurs seront renvoyés vers leurs clubs à la mi-journée pour y disputer la 14e journée du Top 14. Puis le groupe des 42 joueurs sera à nouveau réuni le dimanche 26 janvier. Au final, le staff en gardera 28 (les 23 + 5 réservistes) et remontera le vendredi midi de Nice vers Paris. Deux jours avant d’affronter l’Angleterre.

"On montre aux joueurs qu’on les connaît"

Quels seront les heureux élus? Si le noyau sera issu des joueurs ayant disputé la dernière Coupe du Monde au Japon, le staff a élargi sa base. "Ce jeudi, Shaun (Edwards) et William (Servat) seront à Lyon, pour y travailler la défense et la mêlée, avoue Galthié. William est également allé à Montpellier travailler avec un joueur (Mohamed Haouas). On a rencontré des clubs de Pro D2, Karim (Ghezal) est allé à Carcassonne, Laurent (Labit) à Nevers et moi à Colomiers. On peut tester des choses dites par les entraîneurs de clubs. Pour nous, il n’y a pas de hiérarchie dans la rencontre, dans l’échange. A Colomiers et à Oyonnax, nous avons été bluffés par les méthodes d’entraînement."

On ne veut rien laisser au hasard et prévenir les futurs talents qu’ils sont suivis. "Il y a un joueur à Oyonnax qu’on suit, champion du monde U20, ajoute Galthié. Il est très attaché à son club est y est resté. Ça nous a plu." Il s’agit du troisième ligne Sacha Zegueur, double champion du monde. Ce dernier, s’il n’est pas encore sûr de fouler les terrains du Tournoi cet hiver, pourrait faire partie de la liste des 42. Mais surtout, il ne sera pas surpris de le savoir et sait à quoi s’en tenir. "Les managers sont là lors des entretiens individuels avec les joueurs. Il y a une banque d’images qui est montrée au joueur. On analyse son jeu et ses points forts. On montre aux joueurs qu’on les connaît. Puis on travaille sur le plan humain. On commence par travailler sur l’identité: qui ils sont, où ils ont commencé le rugby, leur lien avec ce club, leur mentor. On les a surpris, bousculés, mais eux aussi en retour. Et il y a la question autour du pourquoi: pourquoi as-tu envie de porter le maillot de l’équipe de France?"

La fameuse identité voulue par le staff. Redorer le blason bleu qui en a bien besoin après des années de souffrance. L’exemplarité sera érigée en priorité. Galthié, toujours: "C’est le cadre. On vit ensemble, on dort ensemble, on joue ensemble. On a défini un cadre très précis. Sur le vivre ensemble et les temps de convivialité. Ces moments doivent nous donner du bonheur. La question posée au joueur est simple: es-tu d’accord pour ce cadre? C'est une sorte de pacte. Et la troisième question, c’est le premier niveau d’exemplarité. On attend un capitaine, des leaders. On est là à la première étape: l’exemplarité dans leur club. S’ils sont exemplaires la semaine… c’est la première marche vers le leadership. On leur donne cette mission."

En finir avec le culte du secret

Les attitudes, si décriées ces derniers mois… et les leaders. Galthié et Ibanez n’ont pas voulu donner le nom du futur capitaine. Ni dire si celui-ci sera nommé pour les quatre prochaines années, jusqu’à la Coupe du monde 2023 en France. Trop d’échéances d’ici là. "On doit se projeter vers notre chemin, poursuit Galthié. Tournoi des VI Nations, tournée en Argentine cet été, en novembre avec l’Afrique du Sud comme dernier match. Il y aura 37 sélections par poste à donner pendant trois ans. Pour prendre les bonnes décisions." Ne pas trop mettre de pression non plus à ce capitaine scruté par toute la France du rugby. "Pour le Tournoi, après les tournées d’été et de novembre, un capitaine de l’équipe de France, on va l’inscrire comme les autres joueurs", précise Ibanez.

Quand ils arrivent dans les clubs, les entraîneurs des Bleus livrent l’ensemble du projet tricolore. Pour avancer, ils veulent faire tomber les barrières FFR-LNR. "Il n’y a rien de choquant pour nous, on veut casser les codes. Cette volonté ancienne de garder ses secrets… Cette notion de partage, j’ai eu le bonheur de la vivre en Nouvelle Zélande pendant quatre mois, lors de mon dernier séjour là-bas. J’ai vu le sélectionneur Steve Hansen convoquer des hommes de clubs de quatrième division, spécialistes d’un secteur de jeu. C’est ça cette notion de partage." Alors que des tensions se murmuraient avec Toulon, William Servat s’est rendu au RCT la semaine dernière pour y rencontrer le manager Patrice Collazo.

Le staff sait aussi que le demi de mêlée du Stade Toulousain Antoine Dupont a repris le chemin des terrains la semaine passée, qu’il va toucher le ballon rapidement et qu’il pourrait éventuellement jouer face à Agen dans dix jours. A tous niveaux, on veut s’ouvrir et en finir avec le culte du secret. Le rugby français doit en finir avec ces querelles. Alors c’est inéluctable, il y aura des points d’achoppement, des tensions. "On n’est pas dupe, souffle Galthié. Ça fait 30 ans qu’on est là-dedans. On vit cette dualité entre l’équipe de France et les clubs. Qui s’est d’ailleurs exacerbée. On sait très bien qu’on va traverser des moments difficiles et que ces rapports vont se tendre, qu’on nous reprochera des choses. Mais on est déterminé." Pour remplir les objectifs cités en introduction, il le faudra. Même si le rugby tricolore semble, de manière positive, en ordre de marche.

WT avec JFP