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XV de France - Les banquets d’après-match, toute une histoire…

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Même après la défaite face au pays de Galles, le XV de France a honoré samedi soir le traditionnel banquet d'après-match. Vestiges de l’époque victorienne, ces repas de prestige, qui se tiennent dans les cadres les plus cossus, sont l’occasion de se ravir les papilles, d’en mettre plein la vue, de refaire le match ou encore de négocier avec les partenaires. Gros plan sur un rituel méconnu.

Un héritage victorien

Dans le monde de l’Ovalie, le banquet d’après-match est un morceau de l’ère victorienne, une tradition aussi vieille que le rugby. Depuis le XIXe siècle (!), à chaque match, sa réception. Des chocs internationaux aux rencontres de niveau amateur, le repas d’après-match est de mise. Mais pour le Tournoi des IV, des V, puis des VI Nations, les Fédérations ont toujours mis les petits plats dans les grands, pour un banquet très haut de gamme.

Des lieux de prestige

La concurrence est rude entre chaque sélection pour proposer la prestation la plus raffinée. Et à ce jeu-là, les Italiens pourraient bien s’adjuger le Grand Chelem, avec un hôpital datant du XIVe siècle, situé sur le territoire du Vatican avec la porcelaine la plus distinguée de sortie. Le XV de France, lui, reçoit à l’hôtel InterContinental, avec un décorum royal, des lustres en cristal et une vue imprenable sur l’Opéra Garnier. Pour ne pas dépareiller, chaque hôte doit se parer d’une robe ou d’un smoking, et respecter ainsi un « dress code » très strict.

Des convives en nombre

Le raout rassemble environ 250 personnes, triées sur le volet et réunies autour de 30 tables de huit. Les joueurs et leur femme, le staff et les dirigeants des deux délégations, les cinq arbitres, le comité directeur, ainsi que des partenaires, des diffuseurs et quelques journalistes sont de la partie.

Un programme bien huilé

Au sortir du match, les joueurs rejoignent le lieu de réception pour profiter de l’apéritif entre 22h et 22h30. A 22h30 pétantes retentit la cloche, invitant l’assemblée à rejoindre les tables. Durant vingt minutes, les présidents de Fédérations et les capitaines prononcent un discours. Des propos ponctués de la traditionnelle remise de cravates aux capitaines ainsi qu’à l’arbitre, et d’une casquette aux joueurs ayant étrenné leur première cape. Aux alentours de 22h30 retentit de nouveau la cloche invitant l’assemblée à rejoindre les tables. Les convives « cantonnés » alors aux émulsions, au vin, à l’eau et au pain, peuvent s’élancer pour deux heures d’un repas où se succèdent les mets les plus fins.

Les papilles en émoi

Les hôtes et leur palais y sont particulièrement choyés. Au menu ce samedi après France-pays de Galles : émulsion de céleri et Saint-Jacques, demi-homard à la mangue, accompagné de raviolis farcis au crabe, canon d’agneau en croûte d’épices, bayaldi de légumes et champignons, dôme chocolat et citron et biscuit amande, café, thé, décaféiné et mignardises. Un menu étoilé.

Un lieu de diplomatie

La réception est surtout l’occasion de passerelles transversales. La Fédération y rencontre ses partenaires. Un moment idoine pour nouer… ou rompre des contrats, faire passer des messages, mettre les pieds dans le plat ou s’émouvoir de contre-performances à répétition...

Une 3e mi-temps sans débordements

Si les joueurs ont longtemps goûté ces banquets, ils préféreraient désormais plutôt s’en passer. Souvent harassés, parés de leur smoking et de quelques hématomes d’après-match, certains quittent les lieux sitôt le café achevé. Pour d’autres, ce qu’il s’ensuit ailleurs dans d’autres lieux moins guindés s’apparente plus aux ripailles gauloises. Parfois même aux beuveries « dignes » d’une 3e mi-temps avec prise de bec, bourre-pif et dérapages pas toujours contrôlés…

JBi avec LD