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XV DE FRANCE - Papé : "Il faut en baver et repousser nos limites"

Pascal Papé (XV de France)

Pascal Papé (XV de France) - AFP

ENTRETIEN RMC SPORT. Au moment de rejoindre Marcoussis pour le début de la préparation du XV de France en vue de la Coupe du monde, Pascal Papé (34 ans) s’est confié à RMC Sport. Le deuxième-ligne (59 sélections), sacré champion de France avec le Stade Français, aborde cette dernière aventure sous le maillot bleu avec beaucoup d’envie, de détermination et d’excitation.

Pascal Papé, comment se sont passées vos vacances ?

Elles ont été courtes. Je n’ai bénéficié que de trois semaines. On a déjà passé une semaine à se retrouver et à fêter notre titre de champion de France avec mes coéquipiers du Stade Français. Puis j’ai passé quinze jours en famille pour me reposer et bien me régénérer pour attaquer fort la préparation.

Avez-vous complètement coupé physiquement ?

Non, j’ai continué à m’entretenir pendant les quinze derniers jours. C’était primordial, il y a un challenge énorme qui nous attend.

Et mentalement, comment vous sentez-vous ?

Il n’y a aucun problème de ce côté-là. J’ai manqué plus de trois mois de compétition en raison de ma suspension (entre le 19 février et le 18 mai), donc je ne suis pas usé dans la tête.

Dans quel état d’esprit êtes-vous au moment de débuter la préparation de la Coupe du monde ?

Je ressens beaucoup de motivation, de détermination et d’envie. On sait que ça va être difficile, avec un premier mois très contraignant. Mais c’est la base pour être compétitif et aller le plus loin possible. C’est beaucoup d’excitation aussi, j’ai envie d’en découdre. J’espère que ça va aller vite. Ça fait quatre ans qu’on travaille pour cet objectif. On a connu des hauts et des bas, mais ce qui compte, c’est cette Coupe du monde. On a envie de faire une grande Coupe du monde et que les Français soient fiers de nous !

Philippe Saint-André a annoncé que ce serait la préparation la plus rude vécue par une équipe de France. Ça vous inspire quoi, vous appréhendez ?

Si vous commencez à avoir peur d’une préparation, ce n’est même pas la peine d’aller en compétition. C’est un passage obligé. On va se tirer, s’aider les uns et les autres dans des moments aussi bien de souffrance que de joie. C’est comme ça qu’on va se forger un état d’esprit qui sera exceptionnel.

Qu’est-ce qui est le plus difficile durant une préparation et une compétition aussi longue ?

C’est l’éloignement avec la famille. Mais le programme a été bien pensé car nous allons bénéficier de quelques jours de repos fin juillet et fin août pour s’aérer la tête en famille. Après, ce ne sera pas rose tous les jours, mais c’est la vie d’un sportif de haut niveau. Il faut en baver et repousser nos limites pour être ultra performants en compétition.

L’équipe de France n’a pas été épargnée ces dernières saisons. Etes-vous confiant au moment de débuter cette préparation et l’équipe de France va-t-elle faire une grande Coupe du monde ?

Je l’espère ! Je sais que chaque joueur est motivé pour le faire. On répondra présent au bon moment. On ne peut pas cacher que nos résultats ne sont pas très bons depuis plusieurs années, mais il y a du talent et un véritable état d’esprit au sein de cette équipe. On va s’appuyer sur ça. Je suis persuadé qu’on va faire de grandes choses. Souvenez-vous en 2011, on sortait d’une saison ratée et nous avons disputé la finale de la Coupe du monde (défaite 8-7 face à la Nouvelle-Zélande). On va avancer masqué, c’est peut-être la meilleure chose qui puisse nous arriver pour frapper un grand coup pendant la compétition.

Vous parlez de 2011, est-ce encore dans les esprits et cette défaite cruelle peut-elle vous servir de motivation ?

C’est une expérience positive. Personne ne croyait en nous et nous avons su aller chercher au bout de nous-même. Après, chaque compétition est différente, chaque groupe est différent. Mais notre état d’esprit avait été incroyable. On a connu des émotions extrêmes entre la honte après la défaite face aux Tonga et la joie de battre les Anglais en quarts de finale.

Plus personnellement, ce sera votre dernière campagne avec le XV de France. Est-ce que vous y pensez et est-ce que ça peut changer votre état d’esprit ?

Je n’y pense pas plus que ça. Je le prends avec beaucoup de bonheur et de plaisir. Je suis un privilégié. Je vais être encore plus motivé. J’espère vivre de grandes émotions pour cette dernière.

Avez-vous un petit sentiment de revanche personnelle, notamment en raison de votre suspension lors du dernier Tournoi ?

Oui, évidemment. J’ai terminé mon dernier Tournoi avec les Bleus sur une suspension. Ça fait partie de ma carrière, qui n’a jamais été rectiligne. Mais je ne la changerai pour rien au monde. J’ai envie de terminer sur une bonne note. Je vais donner tout ce que j’ai.

Quel rôle souhaitez-vous avoir durant cette préparation et cette compétition ?

Je vais essayer d’être le plus naturel possible. Jouer un rôle, ça n’est pas la meilleure solution. Il faut garder sa personnalité. Il ne faut pas se forcer à faire les choses.

On vous sent plein de confiance et en pleine bourre, vous confirmez ?

Oui, hâte de débuter cette préparation et d’en chier ! Ça veut dire que ça se rapproche et qu’on va bientôt pouvoir en découdre et jouer cette Coupe du monde.

Maxime Raulin