XV de France - Tillous-Borde: "Certains joueurs ont peur de parler"

Sébastien, comment s’est passé le retour à Toulon ?
C’est important d’être de retour au club, mais surtout de retrouver la famille. On a été vite remis dans le bain par les coaches. C’était une bonne chose pour évacuer la déception.
Ça permet d’oublier ?
Ce qui est passé est passé. Il faut passer à autre chose, on a de nouveaux objectifs. On est passé rapidement à autre chose.
Qu’allez-vous garder de cette Coupe du monde ?
On a vécu une formidable aventure pendant quatre mois, la préparation physique a été très dure. Malheureusement, sur le terrain, on n’a pas été très bon. Mais dans le groupe, il y avait une bonne ambiance, on a bien vécu ensemble. Mais au niveau du jeu, ça été compliqué. Les joueurs n’ont pas été mis en valeur à 100%.
Peut-on parler de gâchis ?
Je ne sais pas. On avait de bonnes individualités mais elles ne sont pas ressorties dans un collectif. C’est dommage.
« On peut prendre exemple sur les Argentins ou les Ecossais »
Qui est responsable ?
Tout le monde est responsable. Le système, les joueurs, c’est un tout. Un petit détail plus un petit détail plus un petit détail, à la fin ça fait un grand détail. Il faut une belle remise en question. J’espère qu’on va reconstruire des choses. On peut prendre exemple sur les Argentins ou les Ecossais. Il faudra faire les choses dans l’ordre.
Est-ce que cela passe par une révolution structurelle ?
Tout le monde doit se remettre en question. Il faut avancer et avoir des résultats dans le futur. On a besoin de gagner des trophées. Il y a beaucoup de choses à faire.
Frédéric Michalak a déclaré qu’il aimerait être entendu. Faut-il consulter les joueurs ?
Oui, ils pourront parler sans mettre en cause leur carrière en équipe de France car ils ne joueront plus en Bleu. Ils ont des choses à dire, c’est bien pour les prochaines générations. C’est important de leur demander leur avis. Il y a des choses à changer, on stagne un peu.
Vous dites donc que c'est compliqué de dire les choses pour un joueur encore sélectionnable…
Oui, c’est un peu ça. C’est plus compliqué. Ceux qui veulent continuer l’équipe de France ont peur pour leur carrière et n’osent pas parler.
« Vu le niveau des demi-finales, on n'était pas invité »
Comment avez-vous vécu votre mise à l’écart ?
Cela été difficile car j’avais joué les matches importants sur la dernière année. En plus, je n’ai pas eu d’explication. J’ai essayé de faire bonne figure, de ne pas montrer ma déception. J’étais peut-être mieux en tribunes (il rigole). Non, j’aurais aimé le jouer ce quart de finale. C’est le choix de l’entraîneur, je ne peux rien y faire. Il n’y a pas eu d’effet sur l’équipe, mais c’est comme ça.
L’équipe de France avait-elle réellement une identité de jeu ?
C’est vrai que ce n’était pas très net. Il va falloir oser et tenter plus. C’est un état d’esprit. Si vous regardez l’Irlande, on n’a pas eu beaucoup de ballons à jouer. Tu ne peux pas jouer au rugby. Le bilan est mitigé. Les équipes qui ont franchi ce cap de tenter et de se faire plaisir ont réussi leur Coupe du monde. Nous, nous étions entre les deux. C’est le défi des quatre prochaines années.
Quand vous voyez le niveau des demi-finales, avez-vous l'impression que vous auriez pu y participer ?
Non, on n’était pas invité. En demi-finales, on a vu des équipes qui jouaient beaucoup au ballon. On n’avait pas le niveau pour arriver à ce stade de la compétition. Il faut se remettre en question. On en est capable. On a les joueurs pour le faire.