''On est une bande de potes qui a une mission'': Gaël Fickou se confie en pleine prépa de la Coupe du Monde avec les Bleus

Gaël Fickou, comment vous sentez-vous physiquement ?
Je me sens bien, il fait beau, on est dans un cadre idyllique pour travailler. Donc ça c'est super. Le terrain est top, donc on a tout pour bien travailler. C'est très dur, très intense, on a passé la première semaine, on est un peu fatigués. Mais ça va payer.
Mentalement, est-ce que la reprise est toujours difficile quand il y a deux mois de préparations intenses ?
C'est toujours dur, ce n'est pas la partie la plus plaisante dans notre compétition et dans le rugby. On doit passer par là pour être prêts physiquement et rugbystiquement, donc on n'a pas le choix. On a notre objectif à la fin donc ça nous booste tous les jours.
Emilien Gailleton nous disait qu’il n’avait jamais connu une préparation aussi difficile… Gregory Alldritt disait qu’il était à son record de temps passé aux soins cette semaine. Est-ce qu'il y a quelque chose qui change fondamentalement dans cette préparation qui fait que c'est si dur ?
Oui, forcément on sait que c’est un moment précis, une Coupe du monde en France. Tout le monde attend beaucoup de nous donc on se doit de bien se préparer. Après forcément, ça laisse des traces physiquement, ce n'est jamais simple. Mais en tout cas, on bosse bien et on est sur la bonne voie.
Quand vous faisiez les exercices notamment sur les boucliers, on a vu que c'était difficile, ça attaquait les organismes avec la chaleur. Vous étiez hyper appliqués… mais en même temps vous continuiez à blaguer… comme Damian Penaud qui arrose Melvyn Jaminet après l’exercice. Est-ce que c'est représentatif de l'état d'esprit du groupe, vous vous connaissez tellement bien avec une bonne entente que c'est naturel entre vous ?
Ça fait quatre ans qu’on bosse ensemble, pour certains beaucoup plus, beaucoup d’amitiés et de liens se sont créés dans cette équipe. C'est vachement important car ça va jouer dans le money-time. On a besoin d'avoir cette force en nous, cette fraternité pour aller loin dans la compétition.
''On est une bande de potes qui a une mission''
Est-ce qu'on qualifie plus ce groupe comme une bande de potes ou d'une armée en mission ?
On est une bande de potes qui a une mission. C'est les deux à la fois et en même temps il faut prendre du plaisir parce qu'à la base, on est là pour prendre du plaisir. Bien sûr qu'il y a cette partie qui est un peu difficile où on ne prend pas forcément un énorme plaisir, mais on doit passer par là pour réussir dans cette compétition et accomplir nos objectifs. Là, on assimile un peu tout ça et on essaie d'en tirer le meilleur.
Vous êtes le joueur le plus capé de cette équipe (79 sélections) et l’un des plus capés de l’histoire des Bleus… Est-ce que ça vous donne un rôle supplémentaire auprès de vos coéquipiers ?
Oui je fais partie des leaders donc forcément, tu dois booster à chaque fois et de réunir l'équipe sur le plan de jeu. Ça fait partie de mes missions. En plus, je suis capitaine de la défense donc j'ai une responsabilité supplémentaire. Mais je la prends assez simplement. Tout le monde est à la hauteur, tout le monde n'a pas besoin qu'on lui dise ce qu'il faut faire. Franchement, les mecs sont tellement pros, tellement investis qu'il n'y a pas grand chose à faire.
Mais justement, quand il y a quelque chose à faire, qu'est-ce que vous pouvez faire en plus ?
Annoncer des détails, des fois quand ça se passe pas très bien, dire ''les gars, on se recentre sur ça.'' Dû à mon expérience, dû au fait que ça fait longtemps que je suis dans le circuit, ça peut servir aussi.
Dans les coulisses, quand vous pouvez tous vous relâcher un peu, quel est votre passe-temps ? Les Bleus (foot) au Qatar avaient le UNO... avez-vous également un jeu fétiche ?
Il y a le UNO, beaucoup de jeux de cartes, il y en a qui regardent des films ensemble. Ça dépend, certains discutent et aiment passer du temps ensemble. Il n'y a pas vraiment un truc en particulier.
Et vous, quel est votre truc ?
Je suis pas très bon aux cartes, donc j'évite. J’aime passer du temps dehors avec mes potes, discuter de tout et de rien.
Maxime Lucu nous a cité deux metteurs d'ambiance : Thomas Ramos (le boss des cartes) et Cyril Baille qui fait des vannes à table, c'est ça ?
Exactement, je ne m'y connais pas trop en jeux de cartes mais apparemment ils ont une bonne équipe de cartes.
Grégory Alldritt et Emilien Gailleton nous disaient qu’ils étaient tellement fatigués qu’ils ne faisaient pas long feu le soir (après les journées d’entraînements). Est-ce que vous dormez tous tôt ?
Moi, je me couche vers 23h, minuit. Huit heures de sommeil, ça me va. C'est l'heure parfaite, donc je me lève à 8h, ça fait huit heures à peu près.
Bruno Boussagol nous a donné des nouvelles d’Anthony Jelonch, de Sipili Falatea, mais aussi de Yacouba Camara et Gaëtan Barlot… On sait qu'il y a un groupe élargi de 42 qui est amené à bouger pendant l’été au gré d’éventuelles blessures, mais aussi au gré des retours de joueurs dits cadres... Est-ce que c'est facile à gérer, est-ce qu'il y a des discussions par rapport à ça ?
C’est le jeu. On sait qu’on est là et qu’il y a beaucoup de concurrence, qu'il y a de très bons joueurs à tous les postes. C’est le staff qui doit être en difficulté car ils ont tellement de talent à disposition que ça ne doit pas être facile de choisir.
Quand on est leader, est-ce que certains viennent vous voir ?
Non. Ce n'est pas notre rôle. Nous, on est là pour jouer au rugby, pour s'occuper aussi de nous, car on doit être performants sur le terrain et montrer la voie sur le terrain. Ça, c'est plutôt le rôle des coachs.
Vous suivez globament les Bleuets à la Coupe du monde U20 ? Pouvez-vous nous dire ce que vous pensez de leurs performances depuis les phases de poules jusqu'au match contre l'Angleterre dimanche ?
Bien sûr. Ils sont ultra-performants. Je pense qu'ils font partie des équipes favorites pour ce titre mondial. J'espère qu'ils vont réussir parce qu'ils ont une belle équipe et ils ont l’air de bien vivre ensemble, ça c'est important. Je leur souhaite le meilleur pour la suite.
Pensez-vous que cette génération 2023 tient la dragée haute aux 2018-2019 doubles champions du monde ?
Chaque génération a ses talents. Il y en a peut-être cinq de la génération 2023 qui seront le futur de demain, peut-être six. Comme Cameron Woki, Romain Ntamack... Il y en aura à petite dose, forcément. Ce sera les meilleurs, pas tous c'est impossible, mais il y aura les meilleurs de leur génération, comme chaque génération.
Et justement, William Servat nous disait mardi que la porte était ouverte, dès cette année à certains. On parle évidemment de Posolo Tuilagi. Qu'est-ce que vous en pensez ?
C’est pas trop mon rôle, c’est sûr que Posolo Tuilagi a du talent. Ce sera un très grand joueur à court et long terme. Il a tout pour réussir. A lui de continuer de bosser et de performer comme il le fait, et il portera le maillot de la grande équipe de France, je n'en doute pas.
Karim Ghezal a nuancé ces propos, justement. Est-ce que ce n'est pas une manière de motiver et en même temps de rassurer ?
Non honnêtement, il y a des joueurs qui sont tellement en place depuis très longtemps et qui font le travail à faire, et qui sont des joueurs extraordinaires pour l'équipe. Dans son profil, il y a Paul et Romain qui sont là depuis longtemps et qui ont une expérience énorme. Ils ont aussi cette capacité physique de renverser les adversaires. Je pense aussi à Emmanuel Meafou qui ne devrait pas tarder à rejoindre l'équipe dans les mois à venir.