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Mondial U20: Posolo Tuilagi, le colosse de 18 ans qui enflamme déjà le rugby français

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L'équipe de France des moins de 20 ans défie l'Angleterre dimanche en demi-finale de la Coupe du monde de rugby en Afrique du Sud. Favoris de la rencontre, les Bleuets possèdent au sein de leur effectif un phénomène de 18 ans au gabarit impressionnant: Posolo Tuilagi.

Assez méconnu du grand public, Posolo Tuilagi profite de la Coupe du monde des moins de 20 ans en Afrique du Sud pour marquer les esprits. Privé du premier match des Bleuets au Mondial pour un problème de visa, le deuxième ligne tricolore a impressionné tout son monde lors de deux rencontres suivantes. Auteur d’un doublé contre la Nouvelle-Zélande, l’avant de Perpignan a concassé les baby Blacks (35-14) puis a encore brillé face au pays de Galles (43-19).

Après les victoires tricolores, le nom du jeune talent de Perpignan est sur toutes les lèvres des observateurs. Avant la demi-finale de ce Mondial U20 contre l’Angleterre dimanche (19h) à l’Athlone Sports Stadium du Cap, tous les projecteurs sont braqués sur le colosse qui fait trembler ses adversaires. De jeunes Anglais contre lesquels il a lancé sa carrière avec les Bleuets lors du dernier Tournoi des VI Nations. Déjà cadre de sa sélection, Posolo Tuilagi ne compte que trois capes et à peine 14 apparitions en Top 14 depuis ses débuts à l’USAP en octobre 2022.

Un physique hors norme et déjà prêt pour le top niveau

Malgré son manque d’expérience, plutôt normal pour celui fêtera ses 19 ans le 28 juillet prochain, Posolo Tuilagi est un phénomène, un monstre physique. Un peu plus petit que les colosses Emmanuel Meafou ou Will Skelton, pour quelques centimètres seulement, la pépite de l’USAP et des Bleuets est un peu plus lourd que ses deux illustres aînés du championnat.

Surtout, son gabarit hors norme et plus proche de l’armoire normande que de la table en rotin ne l’empêche pas de posséder une très grosse mobilité. Outre ses deux essais face aux baby Blacks, il a mis au supplice le pack néo-zélandais sur le dernier essai de Brent Liufau après une course sur plus de 30 mètres.

"Cette génération est aussi douée que les autres voire un peu plus costaude. Les joueurs qui la composent sont un peu plus denses, a analysé David Darricarrère, entraineur des arrières et vainqueur de la Coupe du Monde 2018 et 2019 avec les Bleuets lors de son passage dans le podcast Entre les potos auprès de RMC Sport. Il y a beaucoup de joueurs qui ont évolué en Top 14. […] Ils sont plus denses, plus costauds. On l’a vu contre les Blacks, ils leur ont roulé dessus quasiment."

Déjà lancés chez les pros, les Bleuets ont un vrai avantage face à leurs rivaux du Mondial qui n’ont pas encore tous débuté au top niveau. Même parmi ces talents déjà prêts physiquement, Posolo Tuilagi ne passe pas inaperçu et a déjà un corps d’homme, de rugbyman paré pour le combat.

"C’est un être humain hors norme, s’enthousiasmait l’ex-pilier anglais de Perpignan Perry Freshwater auprès du journal Midi Olympique en juin. Il a tout juste 18 ans et il tabasse tout le monde. Il est prêt. A chaque fois qu’il est sur le terrain, avec la masse qu’il a et l’explosivité qu’il tient de son père, je pense qu’il peut faire mal à plusieurs mecs."

Et David Darricarrère de glisser une petite anecdote au sujet de l’avant français: "Posolo, je suis allé le voir jouer contre mon fils qui jouait à Clermont (chez les Espoirs) et il jouait 8. Quand tu loupais une touche, cela faisait mal derrière."

L’héritier d’une dynastie mondiale du rugby

Pour briller chez les jeunes, la force physique presque bestiale de Posolo Tuilagi peut suffire. Mais pour expliquer cette domination du deuxième ligne lors du Mondial U20, il faut aussi un peu chercher du côté de ses racines. Entre les frangins Romain et Sébastien Taofifenua, le duo d’oncle et neveu Falatea-Moefana ou encore la famille Ntamack, le XV de France a régulièrement eu droit à son lot d’histoires de famille. A ce petit jeu, Posolo Tuilagi possède aussi de sacrés arguments à faire valoir.

Né au Samoa, le deuxième ligne est l’héritier d’une dynastie emblématique du rugby mondial. Fils de Henry Tuilagi, ancien international samoan et passé notamment par Leicester et Perpignan, Posolo a suivi son père en Angleterre et en France pendant sa carrière à l’USAP.

Biberonné rugby depuis sa plus tendre enfance, il a aussi grandi entouré de ses oncles Alesana, Feretti, Anitele'a, Sanele Vavae, eux aussi internationaux samoans comme son père et de la star de la famille: l’Anglais Manu Tuilagi. Bonne nouvelle, Posolo a choisi la France plutôt que les Samoa ou l’Angleterre pour sa carrière internationale.

Henry Tuilagi, père de Posolo, avec Perpignan en avril 2013
Henry Tuilagi, père de Posolo, avec Perpignan en avril 2013 © Icon Sport
Manu Tuilagi, oncle de Posolo, avec l’Angleterre contre les All Blacks en 2022
Manu Tuilagi, oncle de Posolo, avec l’Angleterre contre les All Blacks en 2022 © Icon Sport

"C’est le travail des clubs qu’il faut mettre en avant, a noté David Darricarrère ce choix du golgoth de 18 ans. Il y a aussi l’intelligence de la Fédération de dire qu’on arrête le pôle France à Marcoussis et que les conseillers techniques descendent dans les clubs pour partager et échanger avec les entraîneurs puis pour flécher le parcours du joueur et l’emmener au plus haut niveau."

Si Henry et quatre de ses oncles ont opté pour la sélection du Pacifique, Manu Tuilagi fait partie des stars du XV de la Rose. A 32 ans, l’Anglais compte 51 capes internationales et figure dans le groupe de l’Angleterre en vue de la Coupe du monde 2023 en France (du 8 septembre au 28 octobre). Une compétition où, justement, Posolo pourrait lui aussi voir un rôle à jouer.

Posolo appelé par Galthié pour le Mondial?

Un peu moins d’un an après ses débuts en Top 14 à l’automne 2022, Posolo Tuilagi voit son nom déjà associé au XV de France de Fabien Galthié. Du haut de ses 14 matchs dans le championnat de France et ses trois capes avec les Bleuets, le deuxième ligne se trouve déjà dans le viseur du staff des Bleus qui le connaissent et suivent son évolution. Certains supporters enthousiastes (trop ?) rêvent déjà de le voir rejoindre le groupe tricolore lors de la préparation pour le Mondial.

"J’ai envie de dire que c’est un phénomène, et il y en a un par génération. Fabien Galthié n’avait pas hésité à lancer des joueurs très tôt, notamment sur la tournée au Japon où il avait pris des jeunes joueurs mais surtout des trois-quarts. Mais il faut voir, a encore jugé David Darricarrère auprès de RMC Sport. Il faut voir… Si jamais pendant les entraînements il le prend et qu’il voit que Posolo continue à performer notamment au niveau de la répétition des tâches, de l’intensité et de la vitesse. Parce qu’au-dessus cela va encore un cran plus vite. Mais j’ai envie de dire pourquoi pas si le staff du XV de France considère que ce joueur peut amener quelque chose. Si j’ai bien compris ils n’auront pas Meafou donc c’est peut-être le joueur qu’ils pourront développer."

Episode 122 : Comment la France est-elle devenue la meilleure nation du monde chez les jeunes ? avec David Darricarrère
Episode 122 : Comment la France est-elle devenue la meilleure nation du monde chez les jeunes ? avec David Darricarrère
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Etincelant pendant la compétition des moins de 20 ans en Afrique du Sud, Posolo Tuilagi va probablement devoir attendre un peu avant d’avoir sa chance avec le XV de France. Interrogé à son sujet cette semaine à Monaco, William Servat a un peu calmé les ardeurs des fans du deuxième ligne.

"Il y a toujours des joueurs qui arrivent comme c’est le cas avec Louis Bielle-Barrey ou Emilien Gailleton. Donc pourquoi pas mais chaque chose en son temps. Je pense qu’aujourd’hui, la maturité physique que l’on peut avoir à son âge et à son poste est très importante. Aucune porte n’est fermée mais quand on Paul Willemse ou Romain Taofifenua qui est l’un des meilleurs joueurs du monde à son poste, on a la chance d’avoir une équipe bien garnie de ce côté-là."

Une convocation de l'avant de 18 ans pour le Mondial avec les Bleus A, ce n’est peut-être pas pour tout de suite. A moins que des blessés dans le groupe de Fabien Galthié et d’autres performances majuscules de Posolo Tuilagi en demi-finale puis lors d’une éventuelle finale avec les Bleuets poussent le sélectionneur tricolore à convoquer le colosse. Un phénomène physique et monstre de précocité dont le monde du rugby parle de plus en plus après chacune de ses sorties.

Jean-Guy Lebreton