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XV de France: comment les Bleus ont perdu pied avec la discipline en Italie

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Vainqueur avec bonus en Italie (24-29), le quinze de France a toutefois failli s’incliner dimanche. Un secteur est notamment en cause durant le match : la discipline. Jamais les hommes de Galthié n’avaient vécu un tel calvaire. Que s’est-il passé ? Tentative d’explication après avoir revu le match.

C’est comme un pied de nez aux déclarations de Jérôme Garcès lors du stage de préparation à Capbreton avant de venir en Italie. Dans les Landes, l’ancien arbitre international, au chevet des Bleus depuis des mois pour leur apporter ses compétences en matière d’arbitrage, expliquait le travail effectué d’emblée sur la discipline : "On a beaucoup travaillé ça dans les premiers jours du stage. On est à la recherche d’un objectif assez important. De réduire le nombre de pénalités, qui aujourd’hui ont un impact énorme sur le score, de rester à quinze sur le terrain afin de garder toutes nos énergies pour essayer de battre les meilleures nations au monde. On marche ensemble avec le staff pour atteindre tout ça."

Patatras. A Rome, les Bleus ont été sanctionnés 18 fois, un record sous l’ère Galthié et Ollivon a écopé d’un carton jaune avec, à la clé, un essai de pénalité. L’arbitre anglais Matthew Carley a sifflé neuf pénalités par mi-temps (donc cinq dans les dix dernières minutes de la première période). Dans le détail, onze fautes proviennent du jeu au sol. Ce qui est énorme, surtout avant d’aller affronter les Irlandais et leur science du ruck. A la sortie du match, le capitaine Antoine Dupont était sans réponse… "Si je savais l’expliquer, on aurait su le gérer en direct, concédait-il. On a essayé d’aller moins contester les rucks, mais le peu de fois où on y est allé, on a été mis à la faute. Honnêtement, on n’a jamais trouvé la solution."

Pour tirer les leçons de la tournée d’automne, Garcès avait aussi prévenu les joueurs de la localisation des fautes sur le terrain: "On s'est aperçu que sur nos trois matchs, l'Australie, l’Afrique du Sud et le Japon, on a donné quelques pénalités qui nous ont coûté cher : sept points face aux Australiens, sept points face aux Sud-Africains et sept face aux Japonais. Il y a des situations qu’on pouvait et qu’on va éviter pour le VI Nations. On est vraiment à la recherche de ce nombre de pénalités dans une zone bien précise du terrain pour éviter que nos adversaires entrent dans nos 22 mètres." Dimanche, les deux essais italiens de Capuozzo et de pénalité, sont venus après des fautes au milieu du terrain et donc des touches trouvées près de la ligne… encore raté.

Ollivon le plus sanctionné

Dupont et ses coéquipiers ont l’habitude de débriefer ce secteur par ateliers. Ils découpent et analysent, en attaque comme en défense, les rencontres et proposent au staff un résumé et un angle de travail. Cette semaine, le bilan promet d’être chargé. D’autant que des joueurs ne passeront pas sous les radars. Ce n’est pas le classement dont Charles Ollivon rêvait de mener. Et pourtant, le 3e ligne toulonnais est le Français qui a fait le plus de fautes : quatre à lui tout seul, avec, en prime, un essai de pénalité et un carton jaune sur une seule et même action (52e). Derrière lui, Romain Taofifenua a la palme du ratio pénalités coutées/minutes passées sur le terrain.

Trois en vingt-sept minutes, dont la dernière, très sévère de la part de Carley, qui lui a reproché de mettre les mains au sol avant de contester le ballon dans le ruck, chose peu probante quand on visionne l’action. Dommage pour le 2e ligne lyonnais, tant sa rentrée par ailleurs, décisif sur l’essai de Jalibert avec son off-load et surpuissant pour contrecarrer le dernier ballon porté des Italiens, avait été convaincante. Deux pénalités contre Marchand (entrée sur le côté d’un maul même s’il semble poussé et roule au sol avec le ballon) et Willemse (il joue au sol balle en main et pose les deux mains au sol avant de tenter de prendre un ballon dans un ruck). Et finalement, trop de joueurs y ont été de leur petite et unique faute (Flament, Ramos, Penaud, Alldritt, Fickou, Atonio et Willemse).

A cinq jours maintenant du voyage à Dublin, il faut retrouver les standards du Tournoi 2022, lors duquel les Bleus tournaient à moins de dix fautes par match. Car dans le cas contraire… Shaun Edwards, l’entraîneur en charge de la défense, prévenait dimanche, sur la chaine britannique ITV : "Je suis dans le métier depuis vingt ans et jamais une de mes équipes n'avait été pénalisée autant de fois. Il va falloir explorer tout ça en détail avec les arbitres. Si on ne rectifie pas notre niveau de jeu, spécialement dans ce secteur, on va perdre de quinze, vingt ou trente points à Dublin." Vendredi à la veille du match, il faudra dans un premier temps soigner le briefing de la rencontre avec l’arbitre, le bien connu des Français Wayne Barnes (Carley sera de nouveau là, à la touche)…

Wilfried Templier