RMC Sport

Inquiétude après la disparition en Iran d'une athlète qui avait retiré son voile en compétition

placeholder video
La championne d'escalade Elnaz Rekabi pourrait avoir été emprisonnée par le régime iranien après avoir concouru à Séoul sans son voile, que les femmes iraniennes sont tenues de porter depuis la révolution islamique de 1979.

L’athlète Elnaz Rekabi aurait subi les foudres du régime iranien pour ne pas avoir porté le hijab lors d’une compétition internationale qui se déroulait en Corée du Sud. Tête nue, la championne d’escalade a défié le code vestimentaire de la République islamique, à Séoul. Un choix courageux compte tenu des tensions qui secouent l’Iran, en proie à des manifestations pour la liberté depuis la mort de Mahsa Amini il y a un mois. Cette Kurde iranienne de 22 ans avait été arrêtée mi-septembre par la police des mœurs à Téhéran, qui lui reprochait d'avoir enfreint le strict code vestimentaire imposant le port du voile aux femmes.

Emprisonnée à Evin ?

Rien ne permet de penser qu’elle connaîtra le même sort, en revanche, Elnaz Rekabi est bel et bien portée disparue depuis qu’elle a défié le régime iranien. Selon ses plus proches amis, joints par la BBC, l’athlète demeure injoignable depuis dimanche, date de sa participation aux championnats d'Asie. L’athlète aurait été piégée par le chef de la Fédération iranienne d’escalade - ancien membre du ministère de l’Information - puis embarquée à bord d’un avion dans le but d’être emprisonnée dans le plus grand secret, selon le site d'information en ligne Iran Wire. La BBC a confirmé, "sources bien informées" à l’appui, que son passeport et son téléphone portable avaient bien été confisqués.

A son arrivée en Iran, Elnaz Rekabi pourrait avoir été transférée à la prison d’Evin, connue pour accueillir de nombreux prisonniers politiques, à Téhéran, là où huit détenus sont morts dans un incendie. Quatre détenus blessés "sont décédés à l'hôpital, portant le bilan à huit morts", selon Mizan Online, le site de l'Autorité judiciaire iranienne. Ce qui s'est passé à la prison d'Evin était un crime commis par quelques éléments (liés à) l'ennemi", a affirmé le chef de l'Autorité judiciaire Gholamhossein Mohseni Ejei. Les dirigeants iraniens accusent les Occidentaux, notamment les Etats-Unis, l'ennemi juré de l'Iran, de fomenter les "émeutes".

Sadaf Khadem, la première à braver l'interdit

Plus de 40 organisations de défense des droits humains ont dénoncé lundi la répression meurtrière en Iran contre les manifestations en cours. Les ONG ont exprimé "leurs vives préoccupations" face à "la machine de répression déployée par les autorités iraniennes pour sévir" contre le mouvement de contestation. Selon l'ONG IHR, 122 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations. Le Comité des droits de l'enfant de l'ONU a appelé l'Iran à mettre fin aux "graves violations" dont sont victimes les enfants. Le comité indique que certains enfants ont été abattus avec des balles réelles dans la répression des manifestations, tandis que d'autres sont morts après avoir été passés à tabac.

En 2019, la boxeuse Sadaf Khadem avait été la première à braver l'interdit sur un ring en France. Craignant pour sa vie, elle a définitivement tourné le dos à son pays, s'installant en France, à Royan (Charente-Maritime).

QM