
Super Bowl. La CTE, la maladie qui secoue la NFL
Le 19 avril 2017, le monde de la NFL est sous le choc. L’ancienne star des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, Aaron Hernandez, est retrouvée pendue dans sa cellule de la prison de Leominster (Massachusetts). Cinq ans après sa présence au Super Bowl avec la franchise de l’emblématique Tom Brady. À 27 ans, l’ex-espoir purgeait une peine de prison à vie pour le meurtre du petit ami de sa belle-sœur.
Hernandez atteint de CTE
En pleine crise sur la santé du cerveau des anciens joueurs de NFL, la neurologue Dr. Ann McKee prononce un diagnostic jamais vu aussi jeune. Hernandez était atteint d’une CTE d’une gravité de niveau trois sur une échelle de quatre. La CTE, provoquée dans le cas du football américain par la répétition des chocs à la tête, est une maladie de dégénérescence progressive du cerveau provoquant des troubles du comportement, des désordres cognitifs ou encore des tendances dépressives menant parfois au suicide.
Depuis le milieu des années 2000, elle secoue la NFL. Pointée du doigt, l’institution du football américain a reconnu sa responsabilité en 2016 et a modifié de nombreuses règles. Mais elle réagit trop doucement. "Ils n’ont rien fait pour réduire efficacement le risque de CTE", regrette la neurologue en charge de l’étude du cerveau de Hernandez.
Retraites précoces contre partisans du "football violent"
Au sein de la communauté du football aux Etats-Unis, la question divise. Entre joueurs qui prennent leur retraite de manière précoce et se consacrent à des études sur les lésions cérébrales et d’autres qui demandent à "rendre le football à nouveau violent" ou qui remettent en question la vérité scientifique derrière la CTE. Même le président Donald Trump y est allé de son commentaire. En résumé: "[Les nouvelles règles] détruisent le jeu".
Une nouvelle génération avertie
"De nombreux parents américains sont devenus de plus en plus réticents ou opposés à l’idée de permettre à leurs enfants de jouer au football", assure néanmoins Bob Hohler du Boston Globe. Pour lutter contre les lésions cérébrales, l’éducation est donc primordiale. Certaines fondations proposent ainsi des programmes de sensibilisation du public et des plus jeunes.
La menace des assureurs
La décision de la NFL d’aller plus loin semble bloquée par les intérêts financiers d’une organisation où la trésorerie enregistre plus de 10 milliards de dollars chaque année (8,7 milliards d’euros). Le levier d’action devrait donc venir directement du milieu économique.
"Le football est confronté à une nouvelle menace: un marché de l’assurance en train de s’évaporer", ont découvert les reporters d’ESPN, Steve Fainaru et Mark Fainaru-Wada. Selon plusieurs sources du média américain, la NFL ne possède même plus d’assurance responsabilité civile couvrant les traumatismes crâniens.
La NFL se dit "à la pointe"
Le coup est rude pour le géant du football américain. Mais il ne désespère pas. "L’essentiel, c’est que la NFL est à la pointe des avancées en matière de technologie, d’ingénierie et de soins médicaux, ce qui profitera au football mais aussi aux athlètes du monde entier et la société en général", glisse, confiante, la vice-présidente aux affaires publiques de la NFL, Jill Pike. Sans prendre le temps de répondre à notre question posée sur le marché de l’assurance. Après tout, ça peut attendre.
Avant le Super Bowl entre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Rams de Los Angeles cette nuit (en direct commenté sur rmcsport.fr dès minuit), découvrez ce long format sur notre version Premium.