Banani, des Tonga aux Jeux Olympiques

Bruno Banani - -
Il y a un peu de « Rasta Rockett » dans cette histoire. Cette fameuse comédie américaine, sortie en 1993, relatait l’épopée improbable de l’équipe jamaïcaine de bobsleigh aux Jeux olympiques d'hiver de 1988, à Calgary (Canada). La trajectoire de Bruno Banani s’apparente indéniablement à ce scénario sorti de l’ordinaire. Il sera officiellement le premier athlète tongien à participer à des Jeux Olympiques d’hiver. Spécialiste de luge, il a obtenu son billet pour Sotchi (7 au 23 février 2014) à Park City, après avoir terminé 28e des 42 concurrents en lice pour 38 places. Un rêve éveillé d’après le principal intéressé : « Ça fait cinq ans maintenant que j’essaie de me qualifier pour les Jeux Olympiques. Et maintenant que j’ai réussi, je suis tellement content que j’ai parfois du mal à réaliser ».
Un événement au Royaume des Tonga. Véritable terre de rugby où la majorité des sportifs pratiquent ce sport, rien ne le prédestinait à participer un jour à une compétition hivernale d’envergure internationale. Sa vie prend ce tournant en 2008. Alors qu’il joue au rugby et étudie les technologies de l’information, une société de marketing lui propose de l'embaucher pour une campagne publicitaire vantant des sous-vêtements d'une marque allemande. Le début d’une nouvelle vie aux allures bien différentes.
Pour la promotion de cette campagne, le Tongien est invité à faire des démonstrations de luge. « Les îles Tonga cherchaient quelqu’un pour représenter le pays en luge, j’ai décidé d’y aller et de voir si ça me plaisait, révèle celui qui a fait une croix sur les températures tropicales. Un jour, j’ai fait un essai et ils m’ont choisi. C’est comme ça que tout a commencé. C’est vrai que ce n’est pas très courant aux Tonga mais on m’a tout expliqué et on m’a dit que ça allait très vite. C’est la principale raison qui m’a fait franchir le pas. J’adore la vitesse. »
Son moteur ? La noix de coco
De son vrai nom Fuahea Semi, il décide de changer son patronyme par le nom de la marque de sous-vêtements : Bruno Banani. Surprenant. Et une décision qui a suscité la controverse. La société ayant d'abord présenté la similarité entre le nom du jeune homme et le nom de la marque comme une simple coïncidence, il a fallu attendre que le magazine allemand Der Spiegel révèle les dessous de l’affaire, en février 2012. La décision de prendre le nom du sponsor n’avait été guère appréciée par Thomas Bach, aujourd'hui président du Comité olympique international, qui l’avait à l'époque qualifiée de « très mauvais goût ». Décidément à part, le Tongien détonne dans le paysage habituel de la luge. Lors de nombreuses compétitions, celui-ci a arboré une combinaison avec un slogan pour le moins original : « Je carbure à la noix de coco ».
Installé actuellement en Allemagne, Bruno Banani s’entraîne avec enthousiasme en vue des JO de Sotchi. Même si les chances de le retrouver sur un podium demeurent faibles, il savoure le moment présent. « On verra bien une fois là-bas, mais je suis parfaitement conscient qu’il sera très difficile d’aller chercher une place dans le top 3. On verra ce qu’il en sera à la fin. Pour le moment, je suis juste heureux d’être qualifié et de pouvoir participer aux Jeux Olympiques, c’est ce qu’il y a de plus important pour moi. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais je suis très impatient… » Loin des belles plages de sable blanc de l’archipel du Pacifique, Fuahea Semi aura à cœur de bien figurer. Tout en espérant, sans doute, susciter le même élan de sympathie que « Rasta Rockett ».
Lire aussi :
>> Attentats de Volgograd : Quel impact pour les JO de Sotchi ?
>> En piste pour Sotchi
>> Toute l'actualité des Sports d'hiver