Antholz : l'acte de naissance de Béatrix

Jean-Guillaume Béatrix - -
On attendait Martin Fourcade et Marie-Laure Brunet ce week-end à Antholz-Anterselva (Italie). Mais finalement, c’était le week-end des premières. Deux jours après la victoire d’Anaïs Bescond sur le sprint, Jean-Guillaume Béatrix a, lui aussi, surpris son monde ce samedi en allant chercher la deuxième place d’une poursuite remportée par l’Allemand Simon Schempp. Cette performance de taille vient (enfin) récompenser le Français de 25 ans, qui tournait autour de la boîte depuis un moment maintenant. « Hier soir (vendredi), je suis rentré dans sa chambre en lui gueulant dessus pour lui demander s’il allait enfin nous faire son podium, explique Stéphane Bouthiaux, son entraîneur. Depuis le temps qu’il tourne autour. Aujourd’hui, il s’est dépucelé. J’espère que c’est le premier podium d’une longue série. »
Avec dix places dans le Top 10, Béatrix commettait toujours la petite erreur qui l’empêchait de s’inviter sur la boîte. Aujourd’hui, sa seule petite erreur, une faute au dernier tir, lui coûte la victoire. Pas de quoi venir assombrir sa performance. « Je savais que je pouvais faire un podium, mais ça venait pas. Il me manquait toujours un petit truc, explique-t-il. J’étais idéalement placé pour aller chercher un podium. Aujourd’hui, il fallait concrétiser. C’était pesant. C’est un peu dur de voir des gens de son année d’âge percer jeune. Moi, il m’a fallu trois ou quatre années pour faire ce que Martin (Fourcade) a fait en un an. » Si Jean-Guillaume Béatrix a mis un peu plus de temps pour sortir de l’ombre, il vient en tout cas confirmer tout le talent placé en lui depuis les catégories jeunes.
M.Fourcade : « Il était meilleur que moi chez les juniors »
Sacré champion du monde juniors de l’individuel à Ruhpolding (2008), le biathlète d’Autrans, issu de la génération 1988, comme un certain Martin Fourcade, est même considéré comme l’une des plus belles pépites du biathlon français. « Avec "Jean-Gui", on a toujours joué au chat et à la souris. Il était meilleur que moi chez les juniors, témoigne Martin Fourcade, seulement neuvième ce samedi. On a une relation spéciale, avec beaucoup de respect et beaucoup d’amitié l’un pour l’autre. Et en même temps, il y a une forte rivalité car on s’est longtemps battu ensemble en juniors. Me voir devant depuis plusieurs années, ça lui a peut-être donné faim. Il a travaillé pour accéder à ses ambitions et je suis vraiment content pour lui aujourd’hui. »
A la différence de beaucoup de ses collègues du grand cirque blanc, Jean-Guillaume Béatrix n’est pas tombé dans les sports d’hiver quand il était tout petit. Adepte de la natation et de la course à pied, le natif de Saint-Priest n’a découvert le biathlon qu’au moment de déménager et de débarquer dans le collège de La Chapelle en Vercors (Drôme), école d’un certain Raphaël Poirée, légende du biathlon français. « Je n’étais pas montagnard et je ne connaissais pas le biathlon, raconte Béatrix. J’ai un peu découvert ce sport par hasard. J’ai changé de collège en allant dans l’école de Raphaël Poirée. L’aura de Raphaël plane un peu sur le collège. Et donc du coup, j’ai commencé un peu par hasard le biathlon. C’est un concours de circonstance. » Un concours de circonstance qui pourrait valoir de l’or dans 20 jours aux Jeux Olympiques de Sotchi.
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