Biathlon: Fillon Maillet veut "tout gagner ces quatre prochaines années"

Quentin Fillon Maillet a éclaboussé la saison dernière de biathlon en décrochant cinq médailles dont trois en or aux Jeux olympiques de Pékin. Le Jurassien a enchainé avec le premier gros globe de Cristal de sa carrière. Après avoir digéré ce fol hiver, le biathlète qui a fêté ses 30 ans cet été repart à la conquête du classement général de la Coupe du monde qui débute ce mardi à Kontiolahti en Finlande (Individuel 20km à partir de 13h30). Avec un appétit toujours aussi vorace. QFM annonce qu'il repart pour quatre saisons avec dans le viseur les JO de Cortina en 2026... Et l'envie de "gagner tout ce qu’il y a dans ces quatre prochaines années".
Comment s’est passée la préparation après cette folle saison?
"Elle a été bonne jusqu’à maintenant. Il y a toujours cette sensation de progresser. Je sens que je progresse et c’est encourageant parce que si je partais sur une nouvelle saison en faisant exactement ce que je faisais avant, potentiellement je peux faire une bonne saison, mais si mes adversaires progressent, je peux être derrière aussi. L’objectif c’est toujours de garder un temps d’avance, de continuer à imaginer ce que je peux faire progresser."
Est-ce que ça a été dur de se remettre au travail après les vacances?
Oui, mais pas par manque de motivation. Après la saison j’étais vraiment, vraiment fatigué. Je suis parti en vacances et je suis tombé un peu malade donc j’ai décalé un peu ma reprise de l’entraînement. Mais j’ai tout de suite eu envie de reprendre l’entraînement, de refaire du sport et de faire des choses plus normales que la fin de saison dernière où il y avait beaucoup de médias et d’émotions. Je repars vraiment sur une saison avec la pleine motivation. L’été s’est bien passé et il n’y a pas de contre-coup des Jeux olympiques pour le moment.
Vous ressentez quand même une certaine pression non? Tout le monde vous attend désormais?
Oui il y a plus de pression c’est clair. Mais l’an dernier mon objectif c’était d’aller chercher une médaille d’or aux JO et de gagner le gros globe, donc c’était un gros objectif et une grosse pression déjà. Là, j’annonce que je repars pour quatre ans et que je veux gagner tout ce qu’il y a dans ces quatre prochaines années. Donc l’objectif est encore plus haut. Je ne dis pas que je vais le faire, mais je dis que je veux le faire. C’est une certaine pression mais c’est toujours proportionnel aux objectifs que je me mets et je suis plus à même de gérer toute cette pression donc ça va.
Vous dites que vous voulez tout gagner… Vous vous êtes quand même fixé des priorités?
Non il n’y a aucunes limite. Le gros objectif ce sont les JO de Cortina 2026 en essayant de faire encore mieux que ce que j’ai fait à Pékin. Et au milieu il y a quatre saisons et même le dernier globe après les Jeux olympiques. Le but c’est d’aller chercher les quatre prochains globes de cristal et un maximum de médailles d’or aux championnats du monde. C’est vraiment ce que je veux et je ne m’interdis rien. Ce n’est pas de la prétention, c’est réellement ce que je veux et je me donne les moyens pour le faire.
En quoi êtes-vous différent de l’an dernier?
Il y a toujours du doute et ça fera toujours partie de ma carrière sur l’approche de la saison et des courses. Le stress sera toujours présent. Mais je me sens plus armé pour aborder les prochaines courses. J’ai ressenti des choses extraordinaires l’an dernier qui m’ont permis d’aller gagner et j’ai envie de les reproduire. Quand on a déjà senti ça c’est plus facile de répéter plutôt que d’essayer de les trouver ces sensations. C’est presque plus facile pour moi plus j’avance. Le petit garçon qui démarrait le biathlon et regardait le biathlon international se disait que c’était quasiment impossible d’y accéder. L’adolescent qui a démarré en coupe du monde et qui espérait la victoire pensait ça impossible. Mais les choses évoluent petit à petit et ça me fait beaucoup moins peur de gagner et je me sens plus à même de le faire car je l’ai déjà fait. Il suffit d’être malin, fort sur les skis et derrière la carabine pour réussir une nouvelle saison.
Est-ce qu’il y a eu un déclic et vous êtes prêt à assumer votre statut de favori?
Oui un peu parce qu’à la même période l’année dernière j’étais dans l’espérance de faire quelque chose. Avec beaucoup plus de doutes. Je me sens aujourd’hui beaucoup mieux armé et ce n’est plus dans l’espérance, mais la volonté de faire les choses. Alors il n’y a aucune garantie et peu importe l’investissement que je peux y mettre. Mais j’ai compris et ressenti des choses la saison dernière qui m’ont permis de gagner. Le but est de reproduire ça.
Où est-ce que vous pouvez être plus fort encore?
Il y a tellement de choses encore à faire évoluer. On a dit il y a quelques années qu’un marathonien ne pourrait jamais descendre sous les deux heures sur 42km. Kipchoge l’a fait certes dans des conditions non homologuées mais il a quand même couru sous les deux heures. Dans le sport, les records sont faits pour être battus et la perfection n’existe pas. Je pourrai toujours skier plus vite, mettre plus de balles en compétition, tirer plus vite, gagner encore plus de courses. Il n’y a pas de limites. Je continue à faire évoluer ma technique de ski, de tir, mon matériel, mon approche mentale, ma nutrition, mon sommeil, la gestion des compétitions et des émotions. Il y a des multitudes de choses à faire et j’essaye sur tous ces domaines-là de continuer à faire évoluer en gardant la base qui est l’entraînement.
Elles sont rangées où les médailles olympiques?
Pour le moment elles sont chez moi dans leur boite. Je ne les ai pas mises en avant pour le moment et je ne souhaite pas les avoir chez moi à terme. Parce que c’est comme un beau tableau, une belle peinture, à force de passer tous les jours devant on pourrait s’en lasser. Et je ne veux pas me lasser de voir ces beaux objets. J’ai en projet de les exposer dans un endroit où je pourrai les voir de temps en temps et en sécurité pour éviter de se les faire piquer.