Biathlon (Kontiolahti): "L'état d'esprit, c'est aucun cadeau", Emilien Jacquelin, vainqueur du sprint, explique les raisons de son succès

Il ne s'était plus imposé depuis décembre 2021 et sa victoire sur la mass start du Grand Bornand. Emilien Jacquelin a remporté ce vendredi le sprint de la première étape de Coupe du monde de biathlon à Kontiolahti (Finlande). Le double champion du monde de poursuite s'impose avec un 10/10 derrière la carabine et le deuxième temps sur les skis. C'est la 4ème victoire de sa carrière, la première en sprint. Le Français devance le Suédois Sebastian Samuelson et l'Allemand Philipp Nawrath.
C'est la première fois qu'il n'y a pas de biathlète norvégien sur un podium en Coupe du monde depuis le 29 novembre 2022, sur un Individuel déjà à Kontiolahti. Johannes Boe le vainqueur sortant de la coupe du monde prend la cinquième place (18/10) devant son grand frère Tarjei mais récupère son dossard jaune de leader de la coupe du monde que portait son compatriote Endre Stroemsheim. Emilien Jacquelin est deuxième du général après deux courses, à huit points de Boe. Le deuxième français Antonin Guigonnat (9/10) prend la 10e place devant Eric Perrot (9/10). Fabien Claude avec deux erreurs termine 20e, son petit frère Emilien est 24e. Quentin Fillon Maillet est passé à côté de son sprint avec un 7 sur 10 au tir et le 10ème temps de ski et termine 30e.
Emilien Jacquelin, avec une course pleine, ça fait quoi de retrouver cette sensation d'être sur la plus haute marche du podium?
Ce n'est pas un sentiment dont j'ai l'habitude puisque ce n'est que ma quatrième victoire individuelle, mais les trois victoires précédentes avaient beaucoup d'importance. Que ce soient les deux titres mondiaux ou la victoire dans la mass start du Grand Bornand. Celle-ci elle m'est chère par rapport aux dernières années. Je retrouve mon meilleur niveau et surtout je retrouve ma capacité à donner mon 100% et être déterminé. C'est la chose dont je suis le plus fier aujourd'hui.
Est-ce que vous avez senti un feeling différent aujourd'hui?
J'avais juste envie d'en découdre. Je suis drivé par ça, l'équipe est drivée par ça. On veut se donner à 100% et on n'a plus envie de faire de cadeaux. Quand je prends le départ, l'état d'esprit c'est aucun cadeau.
Est-ce que ça change la vision de la saison?
Non parce que je sais qu'avant de viser quelque chose il faut que je fasse le travail. Et si j'ai réussi à faire une grosse course aujourd'hui c'est que je suis resté dans le travail. Je ne me suis pas fait prendre par une envie de réussir donc ça ne change rien à la manière dont je vais aborder les prochaines courses.
Vous disiez après la course que vous aviez faim...
Là oui j'ai faim je n'ai pas mangé (rire)... Ce n'est pas que moi, c'est toute l'équipe. On travaille fort, on y croit, on voit que cette année on s'est rapproché en terme de niveau et on a tous envie de prendre notre part du gateau. Et ma victoire aujourd'hui va donner beaucoup d'envie à mes coéquipiers.
Cet état d'esprit nouveau sur l'approche des courses est naturel maintenant ou c'est un défi à chaque fois?
J'avais le même état d'esprit sur les deux relais. Et sur l'individuel (mardi) j'ai essayé d'avoir un état d'esprit un peu plus posé, mais parfois quand je me pose, je suis un peu dans la paresse mentale et c'est ce qu'il s'est passé. Je pense que je fais une bonne course, techniquement tout va bien au tir mais je laisse passer des petite erreurs que je ne devrais pas laisser passer. Et c'est ça la différence avec aujourd'hui où je ne me suis pas laissé le droit de manquer d'engagement et d'intensité mentale.
Pas de norvégien sur le podium c'est aussi significatif?
Depuis le début quand je croise un Norvégien je leur dit qu'on n'est pas là pour rigoler. On est là pour donner le meilleur de nous même et le but ce n'est pas de battre les Norvégiens mais vu que ce sont eux qui trustaient les premières places ces deux dernières saisons on a envie de les challenger. Et ce que je vois c'est que ce n'est pas seulement une envie des Français. Les personnes qui viennent me féliciter ce sont des gens d'autres nations qui me disent "enfin ce n'est pas un Norvégien qui gagne, bravo !" C'est important pour notre sport aussi d'avoir cette concurrence et de voir d'autres athlètes capables de gagner ou d'être sur le podium et je pense que tout le monde est ravi de ça.