RMC Sport

Biathlon (Mondiaux): Julia Simon, un dossard jaune qui cherche l'or

placeholder video
Après la médaille de bronze de l’équipe de France sur le relais mixte mercredi, ce sont les filles qui disputent la première course individuelle des championnats du monde de biathlon à Oberhof en Allemagne, avec le sprint ce vendredi à partir de 14h30. Après deux semaines de coupures qui lui ont fait du bien mentalement, Julia Simon se sait attendue sur ces Mondiaux. Mais, libérée de la pression du classement général, elle entend bien surfer sur son excellent début de saison.

Elle va enfiler son dossard jaune et va le trimbaler sur les pistes d’Oberhof pendant ces Mondiaux, mais sans la pression du classement général. Pour la première fois, les Mondiaux ne comptent pas pour le classement de la Coupe du monde, comme les Jeux olympiques. Mais le principal sponsor de l’IBU étant placardé sur la tunique dorée, Julia Simon le portera tout de même. Histoire, si besoin, de rappeler à ses adversaires que c’est elle qui domine le biathlon mondial cette saison. Et qu’elle sera l’une des favorites pour les médailles distribuées sur les quatre courses individuelles au programme.

"Johannes Boe a expliqué qu’il avait moins de pression sur ces Mondiaux et c’est pareil pour moi, lance la Savoyarde. Ça enlève un peu de pression de se dire que ces championnats du monde ne comptent pas dans le général, que ce qui compte ce ne sont que les médailles. Le plus important, ce sera d’aller chercher une médaille."

Une impression de force tranquille, de pression qui glisse sous les skis et dans la tête de la biathlète de 26 ans. Alors qu’elle débarque sur ces Mondiaux pour la première fois dans la peau d’une favorite. "Je ne m’étais pas trop posée la question en fait, avoue Julia Simon. Pour moi les championnats ça efface tout ce qui s’est passé en début de saison. Tout le monde sera très performant à ce moment-là et ce sera un niveau, un cran au-dessus de la coupe du monde. J’aborde ça avec beaucoup d’envie mais il faut mettre les bonnes choses en place au bon moment. Avec de la simplicité et de la confiance, en me disant que le travail que j’ai mis en place depuis le début d’hiver a marché. Donc espérons que ça continue de marcher."

Simon: "J’avais besoin d’un break mentalement"

Après un début de saison canon qui l’a propulsée en tête du classement général de la coupe du monde (9 podiums dont 3 victoires), Julia Simon a pourtant connu un léger coup de moins bien sur la dernière étape de coupe du monde à Antholz-Anterselva avec une 9ème sur le sprint et une 18ème place en poursuite. Mais les deux semaines de coupure l’ont remise à l’endroit. "J’avais besoin de faire un break mentalement, concède-t-elle. C’était dur, j’étais fatiguée mentalement je n’arrivais plus à me concentrer. C’était une petite alerte pour dire, dans le biathlon, il faut être à 100% mentalement et dès qu’on n’est qu’à 98% ça ne marche pas. Je le sentais, j’ai essayé de mettre l’énergie au bon moment mais entre le moment où mon cerveau disait appuie, et où mon doigt faisait l’action, il y avait un peu trop de temps et je n’étais plus assez efficace. J’ai fait une pause au niveau du tir, j’ai laissé la carabine de côté. J’ai fait des heures de ski tranquillement et ça m’a fait du bien mentalement, je me suis bien ressourcée. Je me sens prête à mettre de l’application mentale derrière la carabine."

Bouthiaux : "Une guerrière difficile à déstabiliser"

Et ça s’est vérifié mercredi sur le relais mixte avec une seule erreur sur le tir couché et un tir debout ultra rapide. "Elle est impressionnante, lâche Stéphane Bouthiaux le patron du biathlon français. Sa progression sur le tir couché est incroyable et elle peut s’appuyer cette année sur ce qui était son point faible. Donc en termes de confiance pour elle c’est extraordinaire. C’est déterminant. C’est une guerrière. Elle est difficilement à déstabiliser. C’est une battante, une gagnante, elle est rarement satisfaite de ce qu’elle produit et quand tu vois le visage et le discours qu’elle peut avoir avant le départ d’une course… tu te dis qu’il ne vaut mieux pas rester en travers de la piste !"

Burdet : "Une capacité unique à gérer la pression"

Cyril Burdet a pris en charge le groupe féminin depuis le début de saison, mais l'ancien fondeur et entraîneur de l'équipe de France masculine de ski de fond avait un œil sur Julia Simon depuis qu’elle a 16 ans et les années cadettes au comité de Savoie. Et il n’est pas surpris de la voir à ce niveau. "J’étais persuadé qu’elle avait un gros potentiel et elle arrive maintenant à 100%. Je découvre aujourd’hui une athlète en pleine maturité qui maîtrise son biathlon dans tous les secteurs du jeu. Quelqu’un de vraiment déterminée et concentrée dans ce qu’elle fait. Elle a une force de caractère assez incroyable, une capacité à gérer la pression qui est assez unique et une capacité à être concentrée sur les éléments clefs, et à rester focalisée sur des choses simples quand le contexte autour est plutôt favorable à s’éparpiller."

Avant le sprint ce vendredi, Julia Simon a déjà rempli une petite partie de son plan ici à Oberhof avec la médaille de bronze sur le relais mixte. Mais elle ne compte pas s’arrêter là. "Je n’ai jamais été médaillée sur une course individuelle… Et au-delà de la médaille, j’aimerais vraiment réussir à sortir une course pleine de A à Z sur ces Mondiaux, le jour J d’un grand évènement. Et puis il y a ce relais féminin qui me tient à cœur parce qu’on est toujours passées à côté donc ce serait quelque chose de beau d’aller chercher ce titre féminin."

Julien Richard