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Guerre en Ukraine: pourquoi Simon Fourcade défend les biathlètes russes

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Un biathlète ukrainien a insulté sur les réseaux sociaux Simon Fourcade et son frère, Martin, pour sa position contre l’exclusion des athlètes russes des compétitions sportives, exprimée dans un média d’État russe. Interviewé par RMC Sport, l’ancien biathlète français maintient ses propos.

Tout est parti de l’interview accordée par Simon Fourcade à Match TV, un média d’État russe, publiée vendredi 1er avril. L’entraîneur de l’équipe de France junior de biathlon y exprime notamment son désaccord avec l’exclusion des athlètes russes par les fédérations internationales des compétitions sportives.

Une position qui a "scandalisé" le biathlète ukrainien Dmytro Pidruchnyi. "Allez au diable", a-t-il lancé à Simon en incluant même son frère, Martin, samedi sur son compte Instagram, pourtant hors du débat. Pour le sportif professionnel, qui a rejoint l’armée ukrainienne dès les premiers jours de l’invasion russe, "le silence des athlètes russes et biélorusses signifie qu’ils ont fait leur choix de soutenir la guerre."

"C’est contre-productif d’exclure les athlètes russes"

Contacté par RMC Sport, Simon Fourcade comprend l’invective de l’Ukrainien lui qui est "directement impliqué en tant que sportif militaire." Mais l’ancien biathlète français pointe ses contradictions. "C’est contre-productif d’exclure les athlètes russes. A la place de les ostraciser et de les montrer du doigt, il faudrait plutôt leur montrer qu’on a bien compris qu’ils n’y étaient pour rien."

L’ancien biathlète français de 37 ans déplore aussi la pression qui pèse sur ces sportifs. "Une fois que ces décisions ont été prises, il [Vladimir Poutine] a fait des cérémonies avec eux auxquelles ils n’ont pas eu le droit de dire non. Parce qu’ils ont beaucoup à perdre, notamment leur liberté."

Son geste de soutien aux biathlètes russes

Simon Fourcade était aux championnats du monde junior aux États-Unis lors de l’invasion russe de l’Ukraine. Son empathie envers les athlètes russes découle des scènes auxquelles il a assisté sur place. "Un jour, sur le pas de tir, au moment des réglages, les entraîneurs ont annoncé à leurs athlètes qu’ils ne pourraient pas finir la compétition. Certains ont fondu en larmes. Ça m’a profondément affecté", affirme-t-il. Au point de faire un geste symbolique en soutien de ces athlètes. "J’ai pris un drapeau français, je l’ai coupé en trois parties, bleu-blanc-rouge, et je l’ai redisposé sur les couleurs du drapeau russe", se souvient Simon Fourcade. Et d’insister : "Ça ne signifie en aucun cas que je soutiens le gouvernement russe et ce qu’il est train de réaliser en ce moment. Je voulais juste leur montrer que nous étions bien conscients qu’ils n’étaient pas coupables et que nous arrivions à faire la distinction."

Une position à nouveau expliquée dans les Grandes Gueules du Sport ce dimanche sur RMC: "C’est moi qui ai donné l’interview et pas mon frère. Il (Pidruchnyi) parle de mon frère pour donner plus d'importance à son message. Je suis assez grand et fort pour assumer ce que je dis Je maintiens le fait qu'exclure les athlètes russes est contre-productif. Mais je suis contre la guerre et contre l'invasion que le gouvernement russe fait en Ukraine. On peut être contre la guerre et contre la sanction des athlètes."

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Simon Fourcade n’avait pas d’antécédent avec Dmytro Pidruchnyi qu’il avait d’ailleurs contacté le 25 février par message pour lui exprimer son soutien. Conscient que ses déclarations aient pu avoir été mal interprétées quoique "bien retranscrites" par le média d’État russe Match TV, l’entraîneur de l’équipe de France junior de biathlon précisera prochainement ses propos sur ses réseaux sociaux.

Kévin Gasser