Martin Fourcade s’offre une part de légende

Martin Fourcade - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
Les superlatifs vont commencer à manquer. Epoustouflant d’orgueil et de panache après son titre olympique de la poursuite acquis 48 heures après avoir perdu pied lors du sprint, Martin Fourcade a cette fois-ci doublé la mise lors du 20km. Exceptionnel, énorme, génial, bluffant. Le quintuple champion du monde s’est même offert le luxe de devenir une légende du sport français en devenant double champion olympique. Une performance qu’aucun autre sportif tricolore n’est parvenu à réaliser au cours des mêmes Jeux Olympiques d’hiver, à l’exception de Henri Oreiller en 1948, sacré en descente et en combiné. Et bien évidemment, du mythique Jean-Claude Killy en 1968 à Grenoble qui, lui, avait même compilé une troisième médaille d’or. Mais au train où le Catalan rafraichit l’histoire et vue sa folle cadence imprimée sur les skis, on se demande bien ce qui l’empêcherait d’ici peu de rejoindre l’icône Killy au Panthéon des monuments du sport français. Car pour rappel, il reste encore engagé dans trois épreuves…
Irrésistible, Martin Fourcade, libéré depuis lundi de toute pression après avoir décroché son minimum syndical, à savoir un titre olympique, a livré un véritable récital. Longtemps, on a cru que ça allait être le jour de Jean-Guillaume Béatrix, en tête les deux tiers de la course. Mais tapi dans l’ombre, le cadet de la fratrie Fourcade montait en puissance et disposait un à un ses pions sur l’échiquier de son plan de bataille. « Il est parti sereinement, il a assuré sur les tirs et après, il a appuyé sur les skis, résume Michel Vion, le président de la Fédération Française de Ski (FFS). C’est incontestablement le meilleur du monde. Il contrôle tout. C’est un exemple de maitrise, il est au sommet de son art. » Vu comme cela, le biathlon parait bien simple. Mais allez dire ça à la concurrence, qui n’en finit plus de cracher ses poumons et de tirer la langue. A bout de souffle, les Svendsenl, Bjoerndalen, Soukup, Eder, Landertinger, Le Guellec et autre Moravec, réduits aux rôles de simples faire-valoir.
« Je n'ai rien à prouver à personne sur ces Jeux »
Seul l’Allemand Simon Eder a fait illusion, douze secondes derrière. Mais Martin Fourcade avait des jambes de feu et a fait fondre la neige sous ses spatules. Pour finalement toucher l’or. Et doubler la mise au terme d’un final à suspense. « Je suis content, déclarait celui qui pourrait bien devenir l’homme de ces Jeux, toutes nationalités confondues. Je loupe une balle (au second pas de tir), je mets la main par terre. C’est un peu rock’n roll mais en individuel, mon ski me permet de gagner. Je suis souvent devant. J’ai donc gardé confiance et je suis resté serein. D’ailleurs, je n’ai jamais eu la pression car je n’ai rien à prouver à personne sur ces Jeux. Je skie et je gagne des médailles pour moi-même, pas pour les autres. » Impitoyable, sur les skis comme en dehors.
Mais un champion, c’est aussi bourré de contradictions. Alors que se profile la mass-start de dimanche et une potentielle (évidente ?) médaille d’or qui en ferait donc l’égal de Jean-Claude Killy, Martin Fourcade ne pense finalement pas qu’à sa pomme. Pour lui, désormais, la cerise sur le gâteau, ce serait d’inviter au festin ses coéquipiers de l’équipe de France de biathlon. « Maintenant, je veux uniquement ramener une médaille avec les copains. » Le sens de la camaraderie et de l’histoire, à la fois.