Contin tourne en rond

Alexis Contin - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
Une silhouette qui ne ressemble pas à celle des aux autres patineurs de vitesse. Mince, lent et en manque d’énergie sur la glace de l’Adler Aréna, Alexis Contin ne passe pas inaperçu. « J’ai perdu 5 kilos, je n’ai quasiment plus de masse musculaire. On dirait que je suis un cycliste qui va monter l’Alpe d’Huez ! », témoigne le patineur de vitesse, les yeux cachés derrière des lunettes de soleil. En cause : la maladie de Basedow, maladie auto-immune de la thyroïde qui empêche Contin de patiner avec efficacité. « Je suis très fatigué, ce n’est pas très grave. Sur la glace, les sensations sont tellement faibles que j’ai l’impression qu’on a mis mon petit frère dans mon corps. Ce n’est plus moi qui patine. Je ne suis pas devenu un clown mais je reconnais plus mon corps », lâche Contin, dépité.
Avec un rythme cardiaque élevé et un taux de globules rouges très bas (36 de taux d’hématocrite quand la moyenne tolérée est 50, nldr), la pratique du sport de haut niveau lui est donc fortement déconseillée. A Sotchi depuis une semaine, Contin voit un endocrinologue sur place, fait tous les 2 jours des examens cardiaques, prend son mal en patience et a été autorisé à « glisser » plus que de s’entrainer ce lundi. « C’est très compliqué car c’est comme si j’étais à 6000 mètres d’altitude et qu’on me demandait de faire du sport. »
Un véritable calvaire
Alors le Malouin traine son mal-être dans le parc olympique, ne sort quasiment pas du village, sauf pour voir sa mère, Patricia Picard, venue le soutenir dans cette dure épreuve : « Je suis triste pour lui. J’ai eu très peur au début. Je suis ici pour le soutenir, être près de lui et lui remonter le moral car je sais que ce n’est pas facile pour lui », témoigne sa mère. Pour casser le temps, Contin regarde ses partenaires de l’équipe de France des tribunes, règle leurs patins et tente d’améliorer les combinaisons « pour qu’ils ne se prennent pas la tête ». Et pour que lui-même s’aère l’esprit et sorte de cette spirale. « Ça fait mal au cœur. En moi, c’est un calvaire », lâche celui qui a terminé 4e à Vancouver sur le 10000 m.
Pour Alexis Contin, la suite du programme olympique reste encore floue, la poursuite (équivalent du relais) n’étant que le vendredi 21 février. Contin aimerait disputer le 1500 m « pour rentrer dans les Jeux, même sans être compétitif », en faisant une croix sur le 10000 m car c’est « trop d’effort pour lui » dixit Ewen Fernandez, autre Français engagé dans ces distances. Ce n’est qu’ensuite qu’il sera temps de passer à autre chose « J’ai un traitement qui prend du temps, confie-t-il. Il faut d’abord que je stoppe ma thyroïde. Dans un deuxième temps, c’est le bon dosage à trouver afin que je retrouve une activité physique normale. »