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Didier Gailhaguet : « Une médaille serait un exploit »

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Un mois après le zéro pointé des JO, l’équipe de France et son fragile leader Brian Joubert se présentent sans objectif de médaille aux Mondiaux de Turin (23-27 mars).

Didier Gailhaguet, la France a-t-elle un objectif de médaille à Turin ?
Non, non. Pour l’instant, Brian (Joubert) essaie de se reconstruire après avoir pris un sacré coup de bambou à Vancouver (16e). Il faut qu’il retrouve ce qui a fait sa force c’est-à-dire la passion de la gagne et la volonté d’en découdre. La compétition masculine sera très élevée et faire une médaille serait un exploit. Et le titre est totalement inespéré au regard d’une saison très décevante.

N’a-t-il pas plus à perdre qu’à gagner en revenant si tôt ?

Peut-être. Brian est techniquement très fort et a fait des progrès sur le note artistique mais il est usé psychologiquement. Dire qu’il a tout résolu en quinze jours et qu’il est à son maximum, ce serait mentir. Mais l’ensemble de sa saison, pour toute une série de raisons, n’est pas bonne. On a confiance en ses moyens de rebondir. Quand ? On va voir. Il a souhaité aller à Turin pour montrer qu’il est notre patineur numéro un.

D’autant que la relève commence à pousser, à l’image de Florent Amodio…

Florent termine douzième des JO à 18 ans. Ces Mondiaux sont le début d’une Olympiade. Il a déjà tout pour réussir puisqu’il est excellent en artistique et peut faire des exploits sportifs. A nous désormais de favoriser cet énorme potentiel en lui offrant une programmation sur mesure et non du prêt-à-porter.

« On ne peut pas tout me mettre sur le dos »

Après l’échec des JO, la secrétaire d’Etat aux sports Rama Yade a déclaré que toute la stratégie fédérale était à revoir. Comment l’avez-vous vécu ?

Elle a été mal informée. Je veux bien qu’on veuille développer, par exemple, le patinage de vitesse. Encore faut-il en avoir les moyens sans anneau olympique… Je n’ai fait qu’assumer des décisions de politique sportive prises par mes prédécesseurs. Mais je ne botte pas en touche. J’assume totalement l’échec de Brian mais on ne peut me mettre tout et n’importe quoi sur le dos. Même si c’est très tentant pour certains.

Cela peut-il vous inciter à ne pas briguer un nouveau mandat en juin ?

Je suis arrivé à la tête de cette Fédération il y a un peu moins de deux ans. Avec mon équipe, nous l’avons stabilisée et redressée économiquement puisque nous devrions présenter un deuxième bilan positif. Je vais bientôt annoncer la signature de partenariats pour trois et quatre ans, pour environ trois millions d’euros. Ce n’est pas rien en ces temps de crise. Cette fédération est compliquée, avec des disciplines très diverses. Aujourd’hui, j’ai aussi envie d’aider la Fédération internationale (ISU) mais je ne veux pas qu’on estime que je me suis servi de la FFSG. Et il n’est pas question de la laisser à des gens qui n’ont envie que d’avoir des plumes sur un bien petit chapeau (sic).

Propos recueillis pas S.C.