Exclu RMC Sport : Cinquanta « Je fais confiance aux juges »

Au moment où les juges de patinage artistique sont pointés du doigt pour leur partialité, Ottavio Cinquanta, président de l’ISU, a accepté de répondre à RMC Sport. Selon lui, il n’y a aucun scandale depuis le début des JO de Sotchi.

Ottavio Cinquanta, beaucoup d'observateurs s'aperçoivent de certaines irrégularités dans la notation des juges...

(Il coupe) Il y a le sentiment et il y a l’évidence ! C’est différent. J’entends dans votre question qu’il y a des arrangements. Si vous avez des éléments clairs sur lesquels je peux vous fournir une réponse, je le ferais, sinon, ça ne m’intéresse pas. Je ne peux pas douter des juges, ni des athlètes uniquement parce que vous venez me voir en me disant qu’il y a des arrangements. Ce n’est pas possible. Je regarde la compétition, je regarde les résultats et c’est comme au foot ou au rugby. Vous n’avez pas toujours le sentiment que l’arbitre a fait une erreur quand même. Il faut faire attention à ce que vous dites.

Êtes-vous touché par ces accusations qui reviennent systématiquement pour les Jeux Olympiques ?

Ça m’énerve et pas qu’un peu. Ce n’est pas vrai. L’histoire du patinage est basée sur les noms qui la composent : des grands champions. Si vous me parlez du passé de façon ambiguë, cela ne me plait pas. C’est la seule chose qui compte. On ne peut pas remettre en cause les résultats. Il faut faire attention et ne pas faire de la confusion.

Il y a 12 ans avait lieu le scandale de Salt Lake City. En 2014, est-ce que cette époque est révolue ?

Je comprends que vous aimez poser des questions « piquantes ». Mais je ne suis pas là pour inventer des choses. Il y a une compétition et il y a des juges et des arbitres. Si ce n’est pas le cas, c’est une exhibition. Les juges sont là pour décider de qui est le meilleur. Je peux avoir un point de vue. Le donner, c’est une chose. Considérer qu’il y a des arrangements, c’est autre chose. Mais ce n’est plus un point de vue, c’est une accusation !

Prenons un exemple concret. Yulia Lipnitskaia, patineuse russe de 15 ans, a vu ses notes grimper de plusieurs points et...

(Il coupe) Vous me parlez encore d’arrangements ?

Avez-vous une explication ?

J’ai entendu cela aussi mais je regarde le résultat et sa prestation. Elle a très bien patiné dans le concours par équipes. Il faut penser quoi ? Que les juges ont donné trop de points, qu’ils ont distribué les numéros comme à la loterie ? Cela ne se passe pas comme ça. Elle a bien fait son travail. Si elle patine bien, on a des doutes. Si ce n’est pas bon, il y a des critiques ? Je reste sur la réalité.

Rentrons dans le détail, entre fin 2013 et début 2014, sa deuxième note augmente de plus de 5 points. Est-ce normal ?

(Soupir agacé) Il y a douze personnes qui dirigent le résultat. Ce sont des experts avec des écrans de contrôle pour revoir les figures. Je ne trouve pas utile que nous nous confrontions, vous et moi, sur le travail de ces douze personnes. Ils sont entrainés, voient beaucoup de compétitions chaque année, et ils maîtrisent ces Jeux Olympiques. C’est important ce que je dis. On ne va pas se casser la figure pour rien.

Allez-vous diligenter une enquête pour faire la lumière sur certaines irrégularités ?

Non ! Pourquoi faire une enquête sur la base d’informations parues dans la presse ou sur l’opinion des journalistes ? Vous avez peut-être le droit de sortir votre point de vue. Mais ce sentiment ne doit pas être accepté comme une accusation complète. Il ne faut pas tout croire malgré les informations qui vous reviennent aux oreilles.

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Propos recueillis par François Giuseppi et à Sotchi