Grospiron : « J’ai toujours aimé le show »

Edgar Grospiron - -
Edgard, quel souvenir gardez-vous de votre sacre olympique à Albertville en 1992 ?
J’en garde un bon souvenir. Ce ne sont pas les mauvais coups, les blessures ou les douleurs aux abdominaux que je garde en tête ! Ce sont plutôt les sourires, la joie, ce délicieux goût de victoire et l’impression d’avoir emmené les gens au-dessus du panier. Ça fait du bien.
C'était la première fois que le ski de bosses était au programme des JO. Comment avez-vous géré cette pression ?
Pour ne pas avoir trop la pression, je me suis arrangé pour la mettre sur les autres en leur disant que j’allais gagner ! (rires). C’était un peu audacieux et arrogant de ma part. Mais l’idée, c’était vraiment de mettre la pression sur mes adversaires. C’est la première épreuve un peu alternative qui a ouvert la porte à d’autres disciplines aux JO, comme le snowboard ou le half-pipe. Ça a remis en question le programme des Jeux en l’enrichissant.
Dans quel état d'esprit étiez-vous entre les deux manches ?
J’étais tellement stressé que je suis allé voir mes potes de la Clusaz, qui étaient venus me supporter. J’ai enjambé les filets et je suis allé sonner les cloches avec eux en disant : « On va gagner, on va tout casser, ça va être génial ! » Le fait de partager ce moment, ça m’a fait vachement de bien. C’était un moment de détente avec mes meilleurs potes, en bas de la piste, à vingt minutes du départ…
Vous avez marqué l'esprit des gens par votre côté « showman »...
C’est pour ça que j’ai fait ce sport, pour le spectacle, pour le show. J’ai toujours aimé cet aspect du ski. On fait un sport à jugement. Il y a une partie de la note qui est subjective, parce qu’il y a de l’humain derrière. Il faut arriver à convaincre ces gens. Il faut réussir à emmener tout le monde dans son délire.
Votre victoire a ouvert la voie à de nombreux freestyleurs français...
En tout cas, je suis très fier de voir des Candide Tauvex ou des Kevin Rolland, qui eux ont aussi ont ouvert des voies. Ils font référence à ce que j’ai apporté comme quelque chose qui les a inspirés. Ça les a amenés à créer leurs propres disciplines qui, aujourd’hui, sont des disciplines olympiques. Ce sont des gamins. Candide Thovex, je l’emmenais avec moi sur des démonstrations quand il avait 11 ans. Il faisait des sauts périlleux. J’étais super fier de lui. On transmet du savoir, on perpétue des traditions et les gamins inventent le monde dans lequel ils veulent vivre, c’est génial !
A lire aussi :
>> Piccard : « Aux JO comme à la maison »
>> Vidal : « Un moment fabuleux »
>> Dénériaz : « Tous les sports ne sont pas vraiment égaux »