Hockey: la Fédération française organise l’arrivée d’Ukrainiens fuyant la guerre

Sur la glace de l’Aren’Ice de Cergy, deux jeunes hockeyeurs se défient, se donnent des coups d’épaule pour conserver la possession du palet. Habillés de blanc, ils participent à la séance d’entraînement des U15 des Jokers de Cergy, effectuent les exercices avec les autres joueurs. Mais ces deux garçons commencent seulement à s’intégrer : ils viennent d’Ukraine et ont fui la guerre. Ils font partie des dix-sept jeunes ukrainiens qui participent aux séances du club de hockey sur glace de Cergy, dans le Val d’Oise, trois fois par semaine. Ils sont arrivés de leur pays le 11 mars dernier, après trois jours de voyage en bus. En tout, trente-trois "réfugiés" sont accueillis dans un centre de séjour de l’île de loisir de Cergy. Le point commun de ces familles : au moins un des membres pratiquait le hockey sur glace en Ukraine.
Hockey et cours de français
L’accueil en France a pris forme grâce à la coopération entre les Fédérations française et Ukrainienne. "Luc Tardif, qui était président de notre Fédération et est maintenant président de la Fédération Internationale a toujours été très proche de la Fédé ukrainienne, explique Pierre-Yves Gerbeau, actuel président de la FFHG. Luc m’a appelé pour me dire que la secrétaire générale de la Fédé ukrainienne souhaitait évacuer des familles de jeunes joueurs de hockey. Il m’a demandé si on pouvait aider. On s’est dévoué pour organiser l’arrivée de ces familles…" La Fédé a donc travaillé pour envoyer un bus, récupérer ces Ukrainiens qui viennent de Kiev, Marioupol ou encore Kherson. Les premiers sont arrivés à Cergy car l’agglomération a "levé la main" pour l’accueil, et le siège de la FFHG y est installé.
Une dizaine de jours plus tard, cinquante-deux Ukrainiens ont eux rallié Chamonix et des villes alentours, en Haute-Savoie, toujours via le même système. Au centre de séjour de Cergy, les réfugiés ont leurs chambres, un réfectoire, un espace de vie et de quoi prendre l’air. Les papas et les garçons de plus de 16 ans sont restés au pays pour se battre. Les enfants et les ados ont des cours de français à l’école ou au collège, ainsi qu’un soutien psychologique. Mais leur activité préférée est donc le hockey sur glace, trois fois par semaine. "Notre concept était de dire que le fil rouge était d’apporter un peu de normalité, d’espoir et de fun pour se rebâtir un petit peu, avec au centre la chose qui les passionne le plus, le hockey, avance Pierre-Yves Gerbeau. On essaie de faire en sorte qu’ils reprennent confiance en la nature humaine." Patins au pied, tous semblent effectivement dans leur élément.
Un hébergement au moins jusqu'au 1er mai
"C’est très important de jouer pour moi, sourit Anastasia, jeune Ukrainienne au casque sur la tête. Ça nous distrait, ça nous change les idées ! Je suis bien entourée, même si on ne comprend pas toujours ce qu’on nous dit." Même chose pour Mark, qui joue gardien : "Je prends beaucoup de plaisir à pratiquer ma passion. J’ai encore de la famille en Ukraine mais je suis ici avec des amis et c’est plus facile pour traverser cette épreuve. Ici les gens sont très accueillants et chaleureux." Dans les tribunes, certaines mamans observent et discutent… Elles ont le sourire malgré leurs préoccupations du moment : "J’ai deux fils de 12 ans et 14 ans qui jouent au hockey. C’est très important pour eux car quand ils jouent, ils oublient ces temps difficiles, explique Tatiana, assises dans les tribunes, venue de Kherson. Ils font connaissance avec d’autres enfants, se font des copains… Moi je suis très inquiète pour ma famille et ma mère, restée à Kherson. On aimerait y retourner mais on sait que c’est trop tôt."
Pour le moment ces jeunes hockeyeurs ukrainiens se contentent des entraînements, même si une modification du règlement leur permet théoriquement d’intégrer les équipes pour les matchs de fin de saison. Ces familles et ces jeunes seront hébergés au centre de séjour au moins jusqu’au 1er mai, en attendant, peut-être de les re-loger. Mais à une condition : que tous restent aux alentours de Cergy pour que les enfants et les ados puissent continuer de jouer au hockey sur glace.