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JO d'hiver : les condamnés de Sotchi

Vladimir Poutine

Vladimir Poutine - -

Alors que les préparatifs aux Jeux d’hiver battent leur plein du côté de Sotchi, plusieurs habitants de la région subissent de plein fouet les constructions qui fleurissent tous les jours. Rencontre avec Yulia, à quelques kilomètres du parc olympique.

Une maisonnette coincée entre la nouvelle autoroute et la voie de chemin de fer en construction, le voisinage n’a rien d’épanouissant pour Yulia et ses deux enfants. La jeune femme fait partie des « victimes collatérales » de la folie des grandeurs du président russe Vladimir Poutine. Une dizaine de famille vit dans une bande de terre coincée entre la route et les rails, sans aucune compensation ni proposition de nouvelle habitation. Certains se sont bien vus offrir une maison dans Adler ou Sotchi, sans que cela ne concerne tout le monde et sans en connaitre véritablement les raisons. Alors Yulia compose. Tant bien que mal.

Yulia est née dans cette maison, qui appartient à sa famille depuis 1951. Elle y vivait heureuse. Ses grands-parents, puis ses parents y ont tour à tour habité. Avant, autour de la maison, une petite route et des arbres. Mais ça, c'était avant. En 2010, tout a changé pour ces familles. Le début des travaux a vu fleurir routes et chemin de fer. Surtout, cela a condamné les canalisations qui fournissaient les habitations en gaz, arrivée d’eau et chauffage. Une cuisine de fortune et d'extérieure est disponible pour le voisinage. Quant aux toilettes, c'est un cabanon dans la cour. Du spartiate, mais cela leur convenait. Ce qui ne passe pas, c’est la condamnation de leurs canalisations.

« Les volontés de Poutine »

Car les JO n'ont rien changé. Ils ont juste rendu les choses encore pires puisque dans la constitution, les lois concernant les Jeux de Sotchi sont plus « importantes » que les autres lois. Pourtant, Yulia n’a rien contre le rendez-vous olympique. « J’aime les Jeux Olympiques, confie-t-elle timidement. Je ne comprends pas les relations entre le gouvernement et sa population. Je ne comprends pas qu’on construise la ville en excluant les gens des villes. La route est dangereuse, il n’y a pas de lumière, il n’y pas de passage pour piétons. Les enfants utilisent la route pour aller à l’école. Ça me fait peur. »

Les habitants ont bien tenté d'alerter les médias pour montrer comment ils vivaient. Rien n'a marché. D'autant que les désagréments perdurent. « S'il pleut, on ne peut rester ici car l'eau de la route tombe directement sur nous. Et quand la construction de la route a commencé, on ne pouvait même pas rentrer chez nous. On nous disait qu'il s'agissait d'une zone olympique et qu'on ne pouvait plus rentrer. Ce sont les volontés de Poutine nous disait la police. Tu ne peux rien dire. C'est comme ça. »

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