Joubert : 12 ans de carrière et des petites culottes en cadeaux

Brian Joubert - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
Brian Joubert, quelles sont les choses les plus folles qui vous soient arrivées avec des fans ?
Le plus fou, c’était une demande en mariage. J’étais vraiment tout jeune… Je devais avoir 18 ans. J’ai reçu une lettre d’une femme qui venait de se marier, de construire une maison et qui voulait divorcer et vendre sa maison pour vivre avec moi parce qu’elle savait que j’étais l’homme de sa vie. Je lui ai tout de suite répondu que ce n’était pas possible et qu’il fallait qu’elle arrête ses bêtises, qu’elle continue à faire sa vie comme elle le faisait avant. Le fait qu’elle veuille divorcer… Je trouve ça fou. Elle ne m’a jamais croisé ! Elle m’a simplement vu à la télévision.
Un autre souvenir de ce genre ?
Il y a une fan qui voulait devenir mon agent et qui est allé voir tous les promoteurs de galas du monde entier en leur disant : ‘‘Je suis l’agent de Brian, maintenant il faut passer par moi pour l’inviter’’. Ça m’a posé pas mal de problèmes ! (Rires). J’ai aussi trouvé des petites culottes dans les cadeaux. Il y a eu aussi une fan qui m’a demandé de signer sur sa poitrine, sur ses fesses…
Cela doit être oppressant parfois, non ?
C’est flatteur mais ça peut faire peur aussi parce qu’on se dit alors qu’une fan est prête à « briser sa vie » pour nous... Je n’en vaux pas la peine. Parfois, ça peut me faire peur parce qu’on ne sait pas jusqu’où ça peut aller, ni les conséquences que ça peut avoir. Maintenant, il y a des supporters qui viennent du Japon, de Chine, qui font des grands trajets pour me voir. Ce serait un manque de respect de les ignorer. C’est aussi mon job de leur faire plaisir.
Comme lors de cette demande très particulière d'une fan à l'entraînement des championnats d'Europe de Budapest...
Ah oui ! C’est une fan Italienne qui est adorable, très attachante. Elle m’a simplement demandé d’écrire mes initiales sur une feuille. Elle va se les faire tatouer ! Où ? Je ne sais pas. Peut-être qu’elle me le montrera…
Comment expliquez-vous cette popularité ?
Je ne sais pas, peut-être parce que je suis toujours souriant. Il y a peut-être le style de patinage, mon comportement en compétition, le fait que je me batte jusqu’au bout, que je refuse très peu d’autographes. Quand je refuse, c’est vraiment que je ne peux pas. D’ordinaire, je suis assez accessible. Peut-être qu’elles apprécient ce fait là aussi.
Des fans ont-ils déjà dormi devant ta chambre d'hôtel ?
Oui, certains ont dormi devant ma chambre ou dans le couloir pour m’attraper. Des fois à Poitiers, alors que je promenais mon chien, il m’est arrivé de tomber sur des fans, mais des fans qui venaient de très loin comme du Japon ou de Russie. Elles font beaucoup d’effort pour réaliser leur rêve, qui est juste de me croiser ou de me parler.
Vous êtes un peu une rock star en fait...
Oh non, pas une rock star. Mais c’est vrai qu’en Corée du Sud ou au Japon, où le patinage est vraiment très populaire là-bas, on se sent un petit peu comme une star, comme l’équivalent d’un footballeur en France.
Avez-vous noué des relations avec certaines de vos admiratrices ?
Oui. Avec Asako, une fan japonaise qui me suis depuis 2002. On est devenus amis. Il y a aussi une fan russe, Oxana. Dans ces cas-là, on ne se limite pas à des discussions sur le patinage. On parle de tout et de rien. Je partage alors des petits secrets et je trouve ça intéressant.
« Cela ne doit pas être évident pour ma copine »
Est-ce que vous auriez pu tomber amoureux ou est-ce que vous êtes déjà tombé amoureux d'une de vos fans ?
Non. D’ailleurs, j’ai eu un changement de comportement avec mes fans. Quand j’avais 18-19 ans, j’étais très proche d’eux. Du coup, elles commençaient à m’envahir un petit peu. Alors j’ai mis une barrière pour me protéger notamment quand il y a eu cette fan qui a voulu se faire passer pour mon agent. Je mets des distances maintenant.
Cette frénésie autour de vous a dû poser des problèmes dans vos relations amoureuses ?
Pour toute personne connue, c’est compliqué de savoir si la personne qui partage notre vie est plus attirée par le statut et l’aspect financier que la personne. Bon, avec l’âge, j’ai appris à savoir si c’était des personnes intéressées ou des personnes sincères.
Et votre copine ? Comment vit-elle le fait qu'autant de femmes gravitent autour de vous ?
Je ne sais pas. Il faudrait le lui demander directement, mais je pense que ça ne doit pas être évident pour elle. Elle sait que dans les fans, il n’y a pas toujours, justement, que des fans… Mais des personnes qui veulent sortir avec moi, qui veulent aller plus loin. Elle doit me faire confiance, mais ça ne doit pas être évident pour elle.
En tout cas, vous faites pleurer les femmes. En janvier dernier, on a vu un nombre incalculable de fans en pleurs après votre programme libre des championnats d'Europe de Budapest...
Oui, parce que c’était la dernière fois qu’elles me voyaient, en vrai, faire une compétition. Depuis quelques années, j’ai l’impression d’être en France quand je vais en Russie. Et quand je me rends en Hongrie, je vois plein de drapeaux français. Je sens qu’en tribunes, ça crie plus pour moi. Et ça fait vraiment du bien. Les résultats étaient meilleurs à l’époque, mais j’étais moins populaire. Je pense que mes fans respectent plus mon état d’esprit, ma combativité et le fait d’avoir tenu 12-13 ans sans prendre d’année sabbatique, sans rien lâcher et en gardant toujours le sourire.
Vous devez aussi avoir des fans masculins ?
Oui, mais franchement très, très peu. 95 % du temps, ce sont des femmes. Il y a peut-être 5% d’hommes. Et puis généralement, le patinage est un sport plus regardé par les femmes que par les hommes.
Avez-vous gardé tous les cadeaux offerts par vos fans ?
J’ai surtout gardé des peintures, des portraits, des dessins, parce que je trouve qu’il y en a qui font du très bon travail. Les peluches, je ne les garde pas toutes parce que ça prend de la place et je préfère les donner aux enfants. Après, s’il fallait regrouper tous les cadeaux que j’ai eus depuis le début de la carrière, il faudrait une pièce de 40-50m² pour loger tout ça ! Ça fait une grande quantité.
Recherchez-vous la notoriété, la médiatisation ?
Non, pas trop. On ne sait jamais où ça peut aller. Et puis, je suis quelqu’un d’assez discret. Je préfère être dans mon coin, avoir une vie normale. Quand on est populaire dans le patinage c’est bien, car on peut faire plus de galas et financièrement, c’est important. Mais je ne cherche pas à être célèbre. Je cherche simplement à être un bon patineur et pas forcément à être connu.
Est-ce que ça va vous manquer ?
Je pense que oui. Généralement, ce sont des moments de joie. Les fans, à 90 % du temps, me soutiennent jusqu’au bout, même dans les moments difficiles. Ils m’apportent beaucoup.
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