Joubert : « Comme si j’étais champion du monde »

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Cette 4e place et votre prestation ont enflammé le public de Nice…
C’est sans doute l’un de mes plus beaux championnats du monde. En termes de performances et de sensations, c’était exceptionnel. Même les années où j’étais au top, en confiance, je n’ai jamais abordé une compétition de cette manière. Je passe un cap. Je ne pouvais pas rêver mieux pour l’avenir.
On vous a même vu embrasser la glace !
Généralement, c’est que je fais quand je gagne une médaille, avant de monter sur le podium. C’est comme si j’étais champion du monde. Le public était incroyable ! Je n’entendais même plus la musique quand je patinais. C’était une ambiance de folie ! Je ne pensais pas vivre cela un jour. On a eu la chance d’avoir les championnats du monde dans notre pays. Je l’ai saisie comme il fallait.
Comment avez-vous vécu ce moment ?
Ce genre de sensations, j’ai dû les connaître seulement deux ou trois fois dans ma carrière. C’est quelque chose de rare. J’espère que c’est une renaissance, un nouveau départ pour ma carrière. J’ai l’impression de revivre. Pourtant cela fait onze ans que je suis au niveau international. J’ai l’impression d’être un jeune gamin qui recommence tout.
« Je ne pouvais empêcher les gens de penser que j’étais mort »
On a le sentiment que vous n’avez jamais autant eu d’ambitions pour les Jeux de Sotchi en 2014 ?
Je pars de loin. Je n’ai pas fait le début de saison à cause d’une blessure au dos. J’étais 8e au championnat d’Europe. J’étais loin dans la hiérarchie. Parvenir à décrocher une 4e place alors que je peux faire encore mieux, cela me rassure. Je me rapproche du podium. C’est bien avant les Jeux de Sotchi.
Est-ce une revanche ?
Non, je n’ai pas l’esprit revanchard. Il y a eu des mauvaises langues, mais ça ne me dérange pas. Je n’ai pas montré un beau visage ces dernières saisons. J’ai été irrégulier, j’ai fait des contre-performances. Je ne pouvais empêcher les gens de penser que j’étais mort. C’est normal. Au fond de moi-même, je savais que je pouvais revenir. Je serai toujours un combattant.
Viserez-vous une médaille aux Jeux de Sotchi ?
J’aurai 29 ans, ça ira. Evgeni Plushenko (triple champion du monde, ndlr) a 30 ans. Il est toujours là, au top. Il faut être professionnel et ne rien lâcher. Je n’avais pas des programmes pour gagner. J’étais confiant mais ils n’étaient pas extraordinaires. Donc faire une 4e place avec ces deux programmes-là, c’est déjà très bien.
Vous allez devoir beaucoup travailler durant les deux prochaines années…
Oui, il faut procéder par étape. Je devais d’abord reprendre confiance. Elle revient. Maintenant, envisageons les podiums et les gros scores. Aujourd’hui, je suis très motivé.
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Chan : « Ce qu’a fait Joubert me donne des frissons »|||
En dépit d’une chute à la fin de son programme libre, le Canadien Patrick Chan a décroché samedi son deuxième titre de champion du monde de sa carrière. Un an après son sacre à Turin, le patineur âgé de 21 ans a devancé deux Japonais : Daisuke Takahashi et Yuzuru Hanyu. Mais sur la glace de Nice, c’est surtout la prestation du Français Brian Joubert, 4e devant son compatriote Florent Amodio, qui l’a impressionné : « Ce qu’il a fait me donne des frissons, confie Chan. Quand je le vois en dehors de la glace, je vois un jeune homme gentil. Je déteste voir les gens le détester comme ça. C’est vraiment un bon patineur. Si j’étais dans sa position, je me dirais : « Je me fiche de tout et j’arrête ! » J’admire sa patience. Je le respecte. Hier (vendredi, lors du programme court, ndlr), il avait énormément de pression et il a réussi un quad et fait un triple axel merveilleux. Je l’admire parce qu’il sait garder son calme. Je suis heureux d’avoir pu faire du patinage avec lui.» Bel hommage.