Le slopestyle donne un coup de jeune aux JO

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Du fun, du roots, du peps. Ce jeudi sur le site extrême de Rosa Khutor, le slopestyle a fait souffler un vent de jeunesse sur les Jeux Olympiques de Sotchi. Nouveau dans le concert olympique, ce sport a parfaitement réussi son baptême de feu, quarante-huit heures après la mise en jambes déjà prometteuse effectuée par ces dames. Des acrobaties improbables, des figures aux noms déjantés (cork 900 sausage, tire-bouchons, double cork, switchs, fifty, 90, 2-7,…), des looks rebelles et des pantalons baissés, des enceintes qui crachent des décibels, de l’électro, du rap ou de la deep house en toile de fond, un grain de folie contagieux : le slopestyle, c’est tout ça à la fois. De quoi défriser certains pontes du CIO qui ont dépassé la limite d’âge…
« Le slopestyle donne vraiment un coup de jeunesse aux Jeux Olympiques et ils en avaient bien besoin parce que mine de rien, les gens de mon âge (22 ans, nldr) ne regardent plus vraiment les JO, assène Jérémy Pancras, éliminé lors des qualifs (19e). C’est une bonne chose, ça fait du bien. Ma maman, par exemple, elle n’aurait jamais regardé les Jeux Olympiques et maintenant, je suis sûr qu’elle va kiffer. Les JO vivent enfin avec le temps. C’est une bonne chose parce que j’avais peur du côté un peu vieillot des JO… » Même son cloche pour son partenaire de l’équipe de France, Antoine Adelisse (27e). « Comme on est une nouvelle discipline, on apporte un peu plus de fun car c’est très aérien. Et ça va aider à démocratiser un peu notre sport, avec un audimat mondial. Ca va l’ouvrir à un plus large public. »
L'intelligence du CIO
« Le slopestyle amène de la fraicheur et de la jeunesse, à côté des sports historiques traditionnels qui font les Jeux et qui restent la référence, comme le ski alpin, analyse, Bruno Bertrand, responsable du marketing alpin chez Salomon. Ce genre de nouvelles disciplines a éclos il y a une vingtaine d’années avec le ski de bosses. Et c’est très bien parce que c’est quelque chose qui colle un peu plus à la réalité et c’est ce qu’attendent les gens, surtout les jeunes. Le CIO a eu l’intelligence de voir que les X Games captaient la génération X, tous ces jeunes et le côté fun du sport, alors que les Jeux concentrent l’aspect plus traditionnel et vieux, entre guillemets. Ils font justement venir ces sports pour rafraichir les Jeux, et ne pas laisser trop de champs à des événements alternatifs. D’un point de vue promotion du CIO, c’est très intelligent de leur part. »
Reste maintenant à transformer l’essai et à ne pas se laisser engloutir par le rouleau compresseur olympique. Auquel cas, tout le monde y perdrait. A commencer par le slopestyle lui-même, qui brise un peu les conventions avec son côté rebelle et un poil insoumis. Et le public, moins guidé qu’ailleurs et beaucoup expressif. « En 1992 à Albertville, les bosses, c’était le slopestyle d’aujourd’hui . Et aujourd’hui, les bosses souffrent d’être entrées dans cette normalisation du sport qui doit être propre et hyper codée, avec beaucoup de règles. Les bosses ont perdu de leur fraicheur et sont devenues un sport traditionnel. Le slopestyle arrive, c’est génial. Mais il ne faudra pas répéter les mêmes erreurs. Ce sera la responsabilité des fédérations et des organisateurs de garder cette fraicheur, de ne pas trop normer, et de laisser cette créativité s’exprimer. »