Mondial de hockey : Bellemare, le pur bosseur

Les études de kinésithérapie et le skateboard. Les deux aimants qui ont failli aiguiller la vie de Pierre-Edouard Bellemare loin de patinoires, bien avant le Mondial de hockey 2016 auquel il participe avec les Bleus. « A Paris, à l’adolescence, je faisais beaucoup de skate, je voulais passer professionnel, explique-t-il. Je me suis blessé avant une finale. A ce moment, j’arrivais au club de Rouen, ils m’ont dit "c’est le skate ou Rouen". On a parlé avec maman, c’était mieux de rester dans le hockey. » L’ailier des Flyers et de l’équipe de France a souvent suivi les conseils de sa mère et de quelques proches fidèles.
Pierre-Edouard Bellemare est un homme de sacrifices, de choix tranchés. Depuis ses débuts sur des patins, celui qui n’avait jamais ambitionné de jouer en NHL abandonne certaines choses pour grandir. « J’ai fait beaucoup de sacrifices. Beaucoup de jeunes oublient que faire des sacrifices, c’est le plus important. Ce n’est pas facile à 18 ans de faire une seule soirée au lieu de dix, car les fêtes vont foutre en l’air ta semaine de travail. » A 11 ans, une remarque d’un entraîneur s’ancre dans son cerveau : c’est quand on est fatigué d’avoir travaillé qu’il faut bosser encore plus. C’est ce mantra qui l’a guidé de Rouen à la Suède, où il a explosé, et maintenant dans la plus prestigieuse ligue du monde.
Habitué des missions commando
Déjà auteur de trois assistances dans ce Mondial, le natif de Blanc-Mesnil est adepte de la politique des petits pas, des objectifs atteignables à court terme. Ses coéquipiers en équipe de France louent son charisme, son leadership, et sur la glace sa faculté à reprendre le palet. « Je ne suis pas surpris de se réussite, assure Yorick Treille. On voyait qu’il était fort, capable de dominer dans les coins, de toujours ressortir avec le palet. Il est encore plus fort sur les détails. » Il ne faut pas pousser loin pour retrouver cette idée de sacrifice qui semble chevillée à son mètre quatre-vingts.
« Cristobal Huet, Laurent Meunier, Pierre-Edouard Bellemare font partie des gars qui mettent leur corps en ligne pour la France » avance le sélectionneur Dave Henderson. Un sens du dépassement qu’il a appris sur la glace suédoise. « Un shoot que tu arrêtes est aussi important qu’un but que tu mets » pose Pierre-Edouard Bellemare. Avec les Flyers, il est souvent préposé aux missions commando, lorsqu’il faut résister à la mitraille adverse en infériorité numérique, celui qui offre son corps aux lancers surpuissants. Sans broncher.
Sa maman sur le dos
S’il a appris le don de soi en Scandinavie, les Etats-Unis lui ont enseigné qu’il ne fallait pas s’éparpiller. « C’est un jeu d’échec. Les coaches te demandent d’être bon dans un domaine. Tu le deviens et ensuite, tu peux progresser dans le reste. » Humble et clair dans son discours, Bellemare a commencé à faire du hockey pour suivre son frère aîné. Il s‘amusait à reproduire les gestes de celui qui était « son idole » et a construit sa culture hockey en matant tous les entraînements de son club. Sans jamais lâcher l’école, comme lui avait demandé sa mère.
Une maman très proche de son fils qui s’agace gentiment des américanismes qui pointent dans sa bouche, expatriation oblige. « Ma maman est sur mon dos en permanence au niveau français, sourit Bellemare. Elle aimerait que j’aie plus de lectures françaises. Mon français est en train de diminuer. Là, elle regarde, elle aura marqué toutes mes erreurs et c’est sûr que je vais tout me prendre dans la tête quand je rentrerai à la maison. » Un travail de plus pour lui. Pas du genre à lui faire peur.