Mondial de hockey : Huet, le mur porteur

Cristobal Huet - AFP
Quand il entend que l’on interroge quelqu’un à son sujet, Cristobal Huet préfère sortir pour ne pas entendre ce qu’il se raconte. A chaque fois, ce sont des tombereaux de louange qui pleuvent sur le seul joueur français à avoir remporté la Coupe Stanley (2010). La modestie du natif de Saint-Martin-d’Hères est légendaire. Elle explique autant sa constance au plus haut-niveau que la passion que les fans ont pour ce briseur de palets : « C’est un monument du hockey français pose le sélectionneur Dave Henderson. C’est un exemple de tous les hockeyeurs français. Il montre le chemin à tout le monde. Les gars mettent leur corps devant lui car ils savent ce qu’il est pour eux. »
Si la carrière de Huet s’est arrêtée brutalement en NHL pour une histoire de contrat et pas de niveau de performance, il continue de distiller son talent dans le championnat suisse avec 91% d’arrêts cette saison à Lausanne. Un excellent pourcentage. Dans ce Mondial, il est en-deçà (87%) mais ses prestations comme celle contre la Hongrie rappellent qu’il reste dominant. « On sait tous que c’est le meilleur joueur français de tous les temps. Ce qu’il fait à son âge c’est incroyable et il répond toujours présent, avec beaucoup de calme, sans se mettre de pression » pointe Tim Bozon.
Bien qu’homme de peu de mots, Huet est un des leaders du groupe France avec son grand pote Laurent Meunier et Pierre-Edouard Bellemare. Mais toujours dans la mesure : «J’essaye de communiquer sur les actions, de bien les guider, de les encourager mais mon rôle s’arrête là. Je dois aider l’équipe en arrêtant le palet » explique ‘Cristo’.
« Il est temps que ça s’arrête dans pas trop longtemps »
Comme Meunier et d’autres anciens de l’équipe de France, il bénéficie d’un planning un peu différent de ses jeunes compatriotes avec des plages de récupération plus importantes. Après avoir disputé les trois premières parties du Mondial, Huet a été laissé au repos lors du revers face aux Américains (4-0). Il le mérite bien.
Ce fidèle de l’équipe de France a souvent tiré les Tricolores de gros pétrins comme ce match de la survie contre les Biélorusses terminé à 37 arrêts au championnat du monde 2011 (2-1) : « Le poste a pas mal changé. Physiquement, j’étais mieux entre 20 et 30 ans que maintenant mais je comprends mieux le jeu, et je relativise un peu plus. J’ai appris à zapper les gestes inutiles. » détaille-t-il. Même s’il a 40 ans, il est toujours à la page, prêt à regarder une vidéo pour corriger ce qui peut l’être.
Cet après-midi à 15h15, les Français doivent battre les Canadiens pour espérer se qualifier pour les quarts de finale. Huet sera encore là. Les championnats du monde 2017 organisés en France pourraient être la dernière sortie du Cristo rédempteur. Peut-être poussera-t-il une saison de plus si la France se qualifie en septembre pour les Jeux Olympiques 2018 car « c’est tentant d’aller encore aux JO ». Avant d’ajouter : « Je pense que ma famille est à la fois très fière et triste quand je dois partir pendant un mois. Je crois qu’il est temps que ça s’arrête dans pas trop longtemps. ». C’est le moment de profiter du monument avant la sortie de scène.