Patinage artistique: de retour sur la glace, Sarah Abitbol va raconter son histoire

Sarah Abitbol - Icon
Dix ans après, Sarah Abitbol revient pour raconter son histoire. Trois ans ont passé depuis la sortie de son livre "Un si long silence", dans lequel elle dénonce les viols qu’elle a subi pendant deux ans par Gilles Beyer, son entraîneur lorsqu’elle était adolescente. "C’est le corps qui a parlé en premier quand j’avais 15 ans et c’est le corps qui va parler et démontrer ce qu’il s’est passé durant toutes ces années", confie Sarah Abitbol avec émotion. Après presque dix ans sans spectacle, la championne de patinage artistique s’apprête à faire son grand retour avec Holiday on Ice, plus grand spectacle de glace au monde, à partir du 3 février.
"J’ai eu le déclic il y a trois ans à Holiday on Ice. Quand je suis rentrée dans le stadium, je me suis dit ça me manque, la scène me manque", confie la patineuse de 47 ans. "J’ai déjeuné avec les responsables du show et on s’est tous dit qu’il fallait que je revienne avec un spectacle de sensibilisation". Pour son grand retour, Sarah Abitbol a préparé deux numéros inédits. "On voit que je suis prise dans des élastiques, que c’est très dur d’en sortir et que je suis à terre, mime la sportive. Mais je finis par me relever."
Briser le silence
"A 47 ans, on n’a plus 20 ans !", alors il a fallu travailler. Vélo, abdos, entraînements à répétition, deux ans que Sarah Abitbol prépare son retour, alors pas question de le rater. "J’ai déjà le trac, je suis très stressée. Il y a une pression quand on interprète ce genre de numéros, on a des flashs qui reviennent et il faut savoir les gérer". Car derrière ce spectacle, se cache un message que l’athlète veut diffuser. "C’est un message d’espoir pour les victimes ou les personnes qui rencontreraient des difficultés. C’est apprendre qu’on peut se relever, qu’il faut briser ce silence. La honte et la culpabilité doivent changer de camp".
De son histoire est née une association 'La Voix de Sarah', qui accompagne les victimes de violences sexuelles et mène des actions de sensibilisation. La prochaine s’appelle 'Cri d’alerte' et intervient dans le cadre de son spectacle. "Au Dôme de Paris seront exposées une série de photos sur la thématique du harcèlement sexuel dans le monde du sport", explique Sarah Abitbol. "Par exemple, on a une photo dans une piscine avec un entraîneur qui a un requin sur le bras avec le slogan : 'Les requins ne sont pas que dans la mer'." Objectif : toucher le public le plus large possible et protéger les enfants.
"Je pense qu’il faut parler aux enfants dès leur plus jeune âge et être très vigilant aux comportements. Ça peut être de l’échec scolaire, de l’anorexie… moi, je faisais quatre chutes par programme et je ne mettais plus un pied devant l’autre, c’est qu’il y avait un problème". Pour Sarah, l’objectif est maintenant de guérir et le récent décès de Gilles Beyer ne perturbera pas son retour : "J’étais en répétitions à Vienne quand j’ai appris son décès. Ce qui est dur, c’est surtout le fait qu’il n’y aura pas de procès devant la justice", déplore la patineuse. "Je suis guérie à 70%, mais revenir devant mon public, ça va être une vraie thérapie pour moi".