Joël Chenal, vice-champion olympique 2006, accusé de harcèlement sexuel sur des jeunes filles mineures

Le journal Le Monde publie, ce vendredi, plusieurs témoignages de jeunes femmes dénonçant des faits de harcèlement sexuel commis selon elles par l’ancien skieur Joël Chenal. Le vice-champion olympique de slalom géant aux JO de Turin 2006, désormais âgé de 51 ans, aurait agi pendant une décennie dans des structures fédérales ou privées. Sans être véritablement inquiété. Au moins sept jeunes skieuses dénoncent des propositions indécentes alors qu’elles étaient toutes mineures au moment des faits.
Accusé d'avoir exhibé son sexe ou d'inciter une jeune fille de 12 ans à consulter des sites pornographiques
Les témoignages décrivent le même mode opératoire: une prise de contact sur les réseaux sociaux avec de jeunes adolescentes fragilisées, quelques discussions autour du ski puis des SMS avec des propos ou des photos à caractère sexuel. Une ancienne licenciée du club de Tignes (Savoie) l’accuse d’avoir exhibé son sexe en visio alors qu’elle n’avait que 11 ans, en 2009. Une autre skieuse de La Rosière, le club de Chenal, explique avoir été interrogée sur ses pratiques sexuelles alors qu'elle avait seulement 12 ans, et s'être vue demander de consulter des sites pornographiques.
Selon l’article, le comportement de Chenal était bien connu dans le monde du ski et même au sein des instances. Un témoin confie avoir été "sidéré d’entendre des entraîneurs de l’équipe de France et Michel Vion" (alors directeur technique chez Rossignol et futur président de la Fédération française de ski, FFS), évoquer les virées dans les pays de l’Est de Chenal, lors desquelles il "se payait" des très jeunes filles, selon le témoin. Vion a fermement démenti ces allégations, tout comme Chenal, les qualifiant de "fausses, offensantes et calomnieuses".
La FFS accusée d'avoir fermé les yeux
Chenal a bien été visé par deux plaintes: une première, classée sans suite en 2009, après le signalement de parents sur des agissements de Chenal auprès de leurs filles. Une autre en 2015 qui a abouti par un simple rappel à loi en 2016 à une période où il était entraineur de l’équipe de France féminine de ski (2014-2017).
Les victimes déplorent les protections dont aurait bénéficié Chenal du fait de son statut de douanier. Ses agissements ont aussi été signalés auprès de la Fédération française de ski (FFS). Jean-Claude Killy, légende du ski français, a ainsi remonté à deux reprises auprès de l’Association des internationaux du ski Français (AISF) de "très graves rumeurs" autour de possibles cas de harcèlement sexuel de cadres de l’équipe de France sur des skieuses mineures. L’AISF a alerté la FFS sur le sujet en assemblée générale, se heurtant au silence et à l’omerta de cette dernière.
"Notre erreur a été de s’en tenir à ce qui était ressorti de l’enquête de gendarmerie", indique Michel Vion, désormais secrétaire général de la Fédération internationale de ski. "On aurait dû être plus réactifs, plus percutants. La faute est collective, même si je l’assume tout à fait personnellement. Aujourd’hui, on est extrêmement vigilants sur ce genre d’agissements." Après avoir quitté son poste d’entraineur de l’équipe de France féminine en 2017, Chenal a intégré une structure privée d’entraînement (2017-2020) avant de monter sa propre structure en 2022… auprès de jeunes filles. Chenal reconnaît certaines accusations en les minimisant mais en dément d’autres.