La légende Allais n'a pas pris une ride

Émile Allais - -
Soixante-seize ans après avoir remporté la première médaille d’or de l’histoire du ski français aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 (3e à Garmish Partenkirchen en slalom et au combiné), Émile Allais est toujours là. Bon pied… bonnes jambes ! Alors qu’il va souffler ses 100 bougies, le natif de Megève skiait encore l’an dernier avec ses petites-filles ! De quoi forcer le respect. Et du respect, tous les acteurs du ski français en ont pour ce pionnier, champion du monde du slalom et de descente (1937), et double champion du monde de combiné nordique (1937,1938).
Tous le connaissent, et rares sont ceux à ne pas lui vouer une certaine admiration. « On a tous dans notre carrière entendu parler d’Émile Allais et de ses exploits en ski », explique Christel Pascal. Pour Julien Lizeroux, « il est celui qui a tracé le premier sillon dans la poudreuse et sur la neige du ski alpin », alors que pour Stéphane Bouthiaux, « il fait partie de l’histoire de notre sport ». Bref, tous les témoignages sont unanimement élogieux à l’égard de ce monument du ski tricolore.
Si la carrière d’Émile Allais fut exceptionnelle, c’est surtout ce qu’il a accompli pour le ski qui a laissé une empreinte indélébile auprès des générations suivantes. En 1937, alors qu’il réalise le triplé à Chamonix, il met au point une méthode d’apprentissage novatrice et devient le premier moniteur diplômé. « Il a amené la méthode du ski parallèle, précise Luc Alphand. Il a fait une belle révolution dans le ski français ». Son action ne se limite pas à l’hexagone, comme le rappelle l’ancien skieur, devenu pilote de rallye-raid, et aujourd’hui marin : « Il a construit de nombreuses stations, que ce soit au Chili, en Argentine…En deux mots, Emile Allais est unique et créateur ».
Saguez : « Il restera le skieur éternel »
Même si elles l’avaient voulu, les générations suivantes n’auraient de toute façon pas pu échapper à la légende Allais. Que ce soit dans l’apprentissage, le matériel (il a prêté son nom à une marque de skis) et même dans le domaine de la pratique. « Quand j’étais gamin à La Plagne, je skiais sur la piste Émile Allais. C’était ma préférée », raconte Julien Lizeroux.
Son amour encore intact pour ce sport auquel il a tant fait et apporté ne surprend aucun des acteurs du ski français, surtout pas Fabien Saguez, le DTN du ski français. « Il était là au départ et il est toujours là aujourd’hui. Il a toujours été en superbe forme physique et jeune dans son corps. Il restera le skieur éternel. ». Dernier défi en date pour le futur centenaire, le Mont Blanc, où il se rendra par hélicoptère en avril prochain. La légende Émile Allais continue.
Le titre de l'encadré ici
|||
Megève célèbre son héros
Pour son centième anniversaire, la station savoyarde de Mégève, ville natale d’Émile Allais, a décidé de s’appuyer sur l’histoire du ski français. Une rétrospective des années 1900 à nos jours sera mise en scène avec une démonstration des moniteurs de la station qui porteront pour l’occasion des tenues de chaque époque. L’homme aux 100 printemps sera-t-il présent aux festivités ? La question ne se pose même pas. Il ne manquerait cet événement pour rien au monde ! Le « serviteur inlassable du ski tricolore » devrait même offrir un petit discours afin de remercier ses convives. En guise de cadeau d’anniversaire, la légende souhaite aller sur le Mont Blanc. Mais elle n’est plus de la première jeunesse non plus, et le périple ne s’effectuera pas fin février, contre-indication médicale oblige. Ce n’est que partie remise, puisque le voyage se fera en avril, avec les anciens, qui effectueront le parcours jusqu’au refuge en ski pour accueillir Émile Allais, qui se posera lui en hélicoptère.