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"La seule problématique c'est mon genou": Alexis Pinturault en dit plus sur son état physique et n'exclut pas de s'aligner en descente

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Alexis Pinturault a préféré faire l’impasse, le weekend dernier, sur l’étape de Wengen en Suisse, afin d’engranger des kilomètres à l’entrainement. Le skieur de Courchevel sera au départ du Super G de Kitzbühel ce vendredi.

Alexis Pinturault, pouvez-vous revenir sur ce choix de ne pas aller à Wengen la semaine dernière?

Je pense que ce choix était assez simple dans le sens où l'objectif était de pouvoir refaire de l'entraînement. Il faut savoir qu'après Beaver Creek, on a mis l'accent sur le géant. J'avais fait zéro journée en descente et super G. Les seules journées que j'avais fait c'était l'entraînement de descente de Bormio et le super G de Val Gardena donc c'était bien trop peu pour être présent dans de bonnes dispositions sur les neiges européennes qui sont bien plus dures, rapides et glacées. Et qui du coup sont plus exigeantes pour mon genou. Pour moi c’était important d’avoir ces journées-là, de boycotter Wengen, dans l'espoir de se préparer de la meilleure des manières à Kitzbühel dans des conditions glacées. Et en même temps refaire des kilomètres en super G.

Avez-vous été content des entraînements réalisés ces derniers jours?

Alors content oui. Après je pense que c'était important pour moi, dans le sens où je savais que cette année je n'allais rien jouer, c’est une saison de reconstruction. Même en début de saison il y a eu beaucoup d’interrogations. Je l'avais dit, s'il y a des choix à faire, ils se porteraient sur la descente. Aujourd'hui, il est clair que l'on a d'abord mis l'accent sur le géant. Quand on est revenu en Europe il y a eu plus de difficulté. S'entraîner aux USA, c'était bien, l'été aussi s’est bien passé mais clairement quand on arrive sur des neiges plus dures, qui réagissent plus, plus glacées, qui tapent d'avantages, là ce n’était pas la même limonade. Il fallait passer du temps à l'entraînement, refaire des kilomètres, se réorienter sur le géant pendant un temps et une fois que l'horizon commençait à s'éclaircir là on pouvait de nouveau aller sur le Super G. Et je pense qu'aujourd'hui je suis à un stade dans ma saison où je me sens de mieux en mieux. Le genou réagit de mieux en mieux, que ce soit en géant ou super G. Je suis de nouveau à l'aise quel que soit les pistes, le profil et la neige. C'est quelque chose d'important. C'était nécessaire de prendre ce temps là pour se reconstruire.

Vous allez prendre votre dixième départ à Kitzbühel en Super G: ce ne sera pas trop dur de le faire sans avoir fait d'entraînement ici sur la piste?

C'est sûr qu'on dit toujours que dans l'idéal il faut faire les entraînements de la descente… Après c'est justement pour ça que je ne suis pas allé à Wengen. J'avais besoin de faire des kilomètres dans la discipline en elle-même. Je pense que le choix, pour moi, était plus important de favoriser un nombre de manche en super G, plutôt que de s'accoutumer à une piste qui elle va me donner des repères par rapport aux mouvements de terrain, au revêtement, à la vitesse mais pas par rapport au rythme, au tempo, aux lignes qu'il faut prendre en Super G. Donc c'est pour ça, que pour moi c'était plus pertinent de passer par de l'entraînement pur de super G avant de mettre l'accent sur les entraînements de descente.

Est-ce que vous vous voyez faire une descente cette saison en Coupe du monde?

Ça peut devenir le plan mais plutôt en dernière partie de saison. Certainement après les mondiaux. Parce que si je suis réaliste et que je vois comment les choses évoluent, et que ça continue dans ce sens, je pense que c'est un horizon qui devient réaliste sur la fin de saison uniquement. Là ça serait beaucoup trop tôt. Ça ne veut pas dire que je ne ferai pas les entraînements de descente à Saalbach (aux mondiaux), bien au contraire.

Depuis le début de votre saison, est-ce que vous estimez être plus en forme cette semaine que les autres? Et qu’espérez-vous venir chercher ici?

Ce qui est paradoxal c'est que chaque week-end je suis de mieux en mieux parce que le genou va mieux. Mon état de forme physique est très bon, il n'a jamais été aussi bon, que ce soit dans la fatigue psychologique ou nerveuse, parce que je n’ai jamais aussi peu couru dans toute ma carrière. Je suis dans un stade où chaque week-end je suis dans de bonnes dispositions. La seule problématique c'est mon genou. Lui évolue dans le bon sens d'une semaine à l'autre. Malgré tout je reste avec un genou qui a encore un peu de liquide dedans. Il en a toujours moins qu'en début de saison. J'ai quelques douleurs persistantes qui vont s'évaporer avec une vraie saison d'été de préparation physique où là sans douleur et sans un genou qui est comme une patate, je vais pouvoir travailler normalement. A partir de la saison prochaine, j’aurai certainement un genou presque semblable ou très proche de mon genou sain. Mais cette saison je vois que chaque week-end c'est mieux, à chaque compétition je suis de plus en plus à l'aise avec tout ce que je fais. J'ai plus confiance dans tout ce que je fais, dans les choix que je fais. Pour autant je sens que je dois aller prendre davantage de risques donc avec des lignes qui sont plus directes et c'est sur quoi je dois travailler en compétition et aussi à l'entraînement avec des lignes plus tendues, comme je le faisais par le passé et c’est ce qui me caractérisait. Je dois retrouver cette qualité avec un retour de confiance.

Donc ce week-end vous allez essayer de prendre plus de risques?

Ça c'est l'objectif. Mais c’est toujours plus facile à dire qu'à faire. Mais l'objectif est toujours de se rapprocher toujours des meilleurs, de grappiller chaque dixième que je peux dans l'objectif de devenir toujours plus compétitif.

Propos recueillis par Léna Marjak