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Mikaela Shiffrin, l'étoile du ski entre en piste ce lundi sur le combiné

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Alignée sur 4 des 5 épreuves individuelles (toutes sauf la descente), la plus grande skieuse de l'histoire, l'Américaine Mikaela Shiffrin, débute sa quête d'or ce lundi à 11 heures sur le combiné des championnats du monde de Méribel - Courchevel. La sextuple médaillée d'or aux mondiaux est la tenante du titre dans la discipline. Elle est surtout la skieuse à battre dans un hiver qu'elle éclabousse de tout son talent. 

Mikaela Shiffrin, vous êtes double championne olympique, vous comptez 85 victoires en Coupe du Monde, 11 médailles mondiales dont 6 titres. Quelle est la recette, à 27 ans pour être toujours aussi motivée, et performante ?

C'est vrai que j’ai accompli tout ce que je voulais lors de mes précédents championnats du monde. Mais j'arrive ici avec toujours autant d'excitation: skier tous les jours, prendre des risques, skier le plus fort que je le souhaite, c’est mon but.

D'autant que vous avez aussi récemment connu des bas. Le zéro pointé des JO de Pékin est toujours dans un coin de la tête ?

Bien sûr que les JO sont toujours un peu dans ma tête, j'étais très déçue. Après c'est comme ça, dans une carrière il y a des hauts et il y a des bas et ça ne m'empêchera pas de donner le meilleur. Ici, un échec peut toujours arriver mais je n'y pense pas. Les gens ont beaucoup d'attentes mais moi je ne suis pas effrayée, je n’ai pas peur.

Après les Jeux Olympiques, vous avez rencontré la légende du tennis Roger Federer (ndlr, ils partagent un sponsor). En quoi cela vous a-t-il été bénéfique dans une période de doute dans votre carrière ?

Il m'a donné des conseils, c'est vrai, au cours d'un déjeuner. J'étais un peu nerveuse de le voir mais en privé il m'a dit que l'un des enseignements les plus importants de sa carrière, c'était d'apprécier le moment présent. On ne peut pas toujours tout gagner, c'est comme ça. Au final, je suis plus heureuse cette saison. La pression qui entoure mes courses, ça ne me touche pas.

Heureuse aussi en amour, puisque vous partagez votre vie avec un champion de ski, le descendeur Norvégien Aleksander Aamodt Kilde, vainqueur de 20 courses en Coupe du Monde, ça doit galvaniser ça aussi ?

Oui, même si je ne sais pas trop comment on va se voir sur les deux semaines. On va essayer de se supporter l'un l'autre bien sûr, ce sera très positif et ça ne nous distraira pas, mais ce ne sera pas évident de se croiser. On est habitués de toute manière. Parfois, on s'entraîne ensemble mais quand la saison commence on est plus sur les autoroutes.

Et quand vous vous entraînez ensemble, comment cela se passe-t-il ?

On l'a fait par exemple en présaison au Chili. M’entraîner avec lui, c’est super, il est très motivant. On parle de feeling, de tactique, tout ça. Il a une influence super positive. 

Vous avez la légitimité pour le conseiller. C'est certes l'un des meilleurs skieurs du monde mais il n'a jamais été médaillé en 12 courses lors de championnats du monde. Ça le travaille ?

Une médaille mondiale, c’est dans son esprit c'est sûr, mais on n'en parle pas trop. Et puis aux JO, il était le favori l'an passé, et il est quand même reparti avec le bronze et l'argent. Ça montre que c'est un vrai champion, et en arrivant ici, il a cette expérience. Il doit être relâché et concentré sur son ski, s'amuser comme il a su le faire en janvier à Kitzbühel. Le plus important pour lui, c'est de respirer et de profiter des moments, il aura beaucoup de possibilité de médailles.

Un mot de votre saison Mikaela. Vous avez battu le record de 82 victoires de Lindsay Vonn, vous avez été à deux doigts d'égaler le record absolu des 86 victoires en Coupe du Monde d'Ingemar Stenmark. Beaucoup d'autre filles le disent, vous avez rendu plus populaire le ski féminin, ça vous touche ?

Oui, aux Etats-Unis, l'intérêt grandit énormément. Battre le record de Vonn, m'approcher de celui de Stenmark, tout ce que j’ai fait les dernières semaines est un peu historique et je suis contente qu’on en parle. Mais les gens doivent se réveiller à 2 heures du matin pour voir mes courses car tout se court en Europe, et en plus ils doivent payer pour les regarder. J'aimerais que ça change pour populariser encore plus ce sport dans mon pays.

Après les mondiaux, il restera quelques courses en Coupe du Monde. Vous allez égaler voire battre le record de Stenmark cet hiver ?

Entre Gut, Holdener, Vlhova et bien d'autres, il y a un groupe de femmes de très haut niveau. Et je sais que si je ne skie pas au mieux, je n’ai aucune chance de gagner des courses. Peut-être de monter sur le podium mais pas de gagner. Je ne garantis pas que je puisse atteindre les 86 victoires cette saison, on verra.

Arnaud Souque à Méribel