Mondiaux de ski : l’incroyable sacre de Grange

Jean-Baptiste Grange - AFP
Un cri de rage, de joie et de satisfaction à l’arrivée au bas de la piste. Puis l’étreinte, avec les potes et le staff de l’équipe de France. Avant l’attente, interminable. La libération, ensuite, quand Marcel Hirscher enfourche. Puis le sourire, sur le podium, toutes dents dehors. P…. quatre ans ! Quatre ans, depuis son sacre en slalom à Garmisch-Partenkirchen, que Jean-Baptiste Grange n’avait pas goûté aux joies et aux charmes d’un podium international. Quatre années de galère, de souffrance surtout, que le skieur de Valloire a effacé dimanche soir, à Beaver Creek, au nez et à la barbe du duo allemand composé de Fritz Dopfer et de Felix Neureuther.
« C’est une belle histoire qui vient récompenser beaucoup de choses », a rappelé le responsable du groupe technique masculin français, David Chastan. Une volonté de fer de la part du Français de 30 ans, qui n’a jamais abandonné. Même lorsqu’une blessure à l’épaule gauche, contractée en 2010 lors d’une chute à Chamonix, l’oblige à passer, un an plus tard, sur le billard. Que des problèmes de dos récurrents le contraignent à écourter sa saison et entravent son retour au premier plan. Et que ses derniers résultats en Coupe du monde (21e à Kitzbühel et 26e à Schladming) n’invitaient guère à l’optimisme. « Il a eu sa blessure après son titre, il a eu ses problèmes de dos, insiste Chastan. Il s’est accroché. Il a essayé de tout faire pour être à son meilleur niveau. Il a eu deux courses difficiles à Schladming et Kitzbuhel. Il a fallu qu’il se recentre. »
Grange : « Je ne savais pas si j’en étais capable »
Ce que l’intéressé a fait avec succès ce dimanche. Cinquième de la première manche, à 0’’88 du leader et grand favori Marcel Hirscher, « JB » envoie tout dans la seconde. Aucune faute. Une fluidité époustouflante. Et énormément d’énergie. « Il a été bon dans la seconde manche, dans la gestion de l’événement, souligne Chastan. Jean-Baptiste Grange, c’est un grand champion même si on l’a un peu oublié. Il a remis les pendules à l’heure ». « Tout doucement, il revenait cet hiver », assure de son côté Alexis Pinturault, pas du tout surpris par le gros coup réalisé par son compatriote. « Franchement, pas plus que ça, poursuit "Pintu", qui est lui sorti lors de la seconde manche. On sait qu’il était capable de skier très vite. Quoi qu’il arrive, il fait partie des meilleurs slalomeurs du monde en ce moment. »
Il n’y a finalement que… Grange pour ne pas réaliser ce qui vient de se produire à Beaver Creek. « Vous l’auriez imaginé ce scénario ?, interroge-t-il les journalistes de RMC Sport au moment de livrer ses premiers commentaires. Je ne pense pas. C’est comme dans un rêve. Je restais sur deux mauvaises courses. Même si je skiais bien à l’entrainement, je ne savais pas si j’en étais capable. Les Mondiaux et les JO, ce sont des courses d’un jour, il y a toujours énormément de stress. Ce n’est jamais évident à gérer. Après la première manche, j’étais 5, donc c’était bien. Déjà faire une médaille, c’était exceptionnel. Il y a eu des galères pendant quatre ans. Les proches m’ont soutenu. Dans ces moments, il ne reste qu’eux. » Et ils ont bien mérité aujourd’hui de célébrer le retour au sommet de leur champion.