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Ski alpin: "Aller chercher des places dans un top 10", Clara Direz dévoile ses ambitions avant le début de la Coupe du monde

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Les femmes ouvrent la nouvelle saison de Coupe du monde de ski alpin, avec un géant samedi à Sölden. En équipe de France, Clara Direz, 29 ans, sort d’une saison réussie avec notamment trois Top 10. Alors avant son retour en compétition, la Tricolore s’est confiée à RMC Sport sur son état de forme, sa préparation estivale mais surtout sur ses objectifs cette saison.

Clara Direz, nous sommes à quelques heures du début de la saison. Comment vous sentez-vous mentalement et physiquement?

Mentalement ça va bien. C'est la première fois que j'arrive sur cette course, pas sereine, parce qu'on n'est jamais très serein, mais en tout cas bien. C’est la première donc on ne sait jamais trop si on est prêt ou pas. On a fait un bon boulot cet été. À voir sur cette course ce que ça va donner.

Justement, comment s'est passée cette préparation estivale?

Ça s'est bien passé. On a pris un peu de temps pour travailler au mois de juin sur les conditions de glacier qui étaient encore super bonnes à cette époque. Après on a fait une bonne coupure en juillet et en août. Puis après on est parti à Ushuaia, comme d'habitude avec des conditions exigeantes et pas faciles. Donc ça pique un peu au début. On est resté trois semaines là-bas. On arrive à prendre le rythme et moi ça allait mieux sur la fin plutôt qu'au début du stage. Et après quelques jours ici à Sölden où on a pu skier sur la piste.

Être de retour à Sölden, ça fait quoi ? L’excitation commence à monter?

Il y a un peu tout qui arrive. On croise des athlètes de l'année dernière. C'est un mélange de stress, d'excitation, toutes les émotions sont là mais des émotions qui sont cool et qu'on aime. Il faut s'en servir. Et quand ça sera lancé, ça sera un peu différent. La première course est un peu plus attendue, plus excitante.

Est-ce que sur ce premier géant de la saison, vous vous mettez des objectifs bien précis?

Cette étape fait partie des géants de la Coupe du monde donc forcément on a envie de performer tout de suite pour marquer le début de la saison. Maintenant, on sait aussi que sur les géants c'est une course particulière parce qu'elle a un mois d'avance sur les autres courses. Même plus d'un mois entre le premier et le deuxième géant. Ça permet de prendre des repères. Si ça se passe bien c'est cool on continue à travailler, il y a plein de choses encore à apprendre pendant un mois. Et si ça se passe moins bien, il y a aussi des choses à corriger et à travailler pour vraiment rentrer dans la saison à partir de fin novembre.

Vous avez performé la saison dernière avec des top 10. Vous avez envie de surfer sur ça?

C'est sûr qu'on a envie de voir plus haut. Les deux saisons d'avant n'étaient pas très faciles. Celle de l'an dernier fait vraiment du bien. J'ai skié à mon niveau. Je me suis exprimée comme je pouvais, ça fait du bien et ça donne envie de repartir. Bien sûr qu'on veut aller chercher plus haut, il y a les podiums en visu. Après il ne faut pas griller les étapes non plus. Les filles qui sont devant sont bonnes aussi. Aller chercher des places dans un top 10, pendant toute la saison, ça serait vraiment une saison réussie. S'il peut y avoir des coups d'éclat, je vais aller les chercher. Je travaille pour. Faut aussi construire une base solide pour aller chercher tout ça. Il ne faut pas griller les étapes.

Vous disiez la saison dernière avoir passé un cap, mentalement notamment. Qu’est-ce qui a changé?

Je pense qu'il y a aussi l'expérience qui entre en compte. Je suis plus sereine sur ce que je travaille, je commence à avoir l'habitude de la Coupe du monde aussi. Et l'an dernier j'avais des gros dossards maintenant ils sont plus petits donc je pars plus devant. J'ai changé de statut là-dessus. C'est plus intéressant de jouer pour aller chercher des places devant, plutôt que d'aller chercher une deuxième manche. Je pense que j'ai passé un vrai cap mental l'an dernier. Mais il reste encore beaucoup de boulot. Là c'est un travail de tous les jours. Et des fois ça ira bien, des fois moins bien. On va faire au maximum pour qu'il y ait moins de jours qui aillent moins bien. C'est le sport aussi, on essaye d'avancer comme ça.

Devant vous, il y a des filles qui dominent, comme Shiffrin, est-ce que vous vous dites que vous pouvez aller les chercher?

Évidemment c'est l'objectif d'aller chercher des Brignone, des Shiffrin, des Sera Hector, tout ça c'est sûr que c'est l'objectif. Sur des manches, même des courses je peux aller les chercher. Faire une bonne place c'est une chose, mais la répéter tout au long de la saison c'en est une autre. C’est là où elles font la différence sur moi, c’est sur la régularité sur une saison. L'objectif c'est d'aller chercher de la régularité pour aller prétendre à aller vraiment les titiller tout au long d'une saison et chercher des choses bien plus chouettes. Mais pour ça il faut passer par des objectifs un peu moins gros et construire une confiance là-dessus.

Il y a un an, Tessa Worley a pris sa retraite, vous vous êtes retrouvée comme la leader de cette équipe de France de technique. De jeunes skieuses sont arrivées, comment avez-vous géré tout ça?

J'ai vraiment passé toute ma carrière avec Tessa donc ça m'a fait un coup au moral. Je suis passée de la petite jeune du groupe, car j'étais bien plus jeune qu'elle, à la plus vieille du groupe. Ça m'a fait un peu bizarre l'an dernier. Après il y a ce statut, d'être un peu toute seule, d'être choyée, qui est aussi agréable dont j'ai essayé de profiter l'an dernier et que j'ai encore aujourd’hui. Il y a des jeunes qui arrivent et qui sont en forme. Caitlin McFarlane est en forme que ce soit en géant ou slalom. June Brand, qui est plus jeune, va faire ses armes en Coupe du monde. Il va falloir qu'elle découvre ce milieu mais elle a des qualités. Il va falloir leur laisser le temps. C'est chouette. Et puis à l'entraînement elles me poussent aussi parce que je n’ai pas envie de me faire battre. Du coup j'essaye de chercher à aller toujours un peu plus vite. C'est chouette si des jeunes peuvent faire regrossir l'équipe de France comme on a pu avoir il y a quelques années, ça serait top.

Ce statut, sans Tessa, ça vous a permis de vous redécouvrir ? Et de vous permettre de faire ces bons résultats l’an dernier?

Oui j'avais besoin de ça aussi, d'être plus mise en avant et un peu moins dans l'ombre de quelqu'un. J'ai l'impression aussi que l'on me faisait plus confiance et c'est beaucoup plus agréable. Donc forcément ça donne des ailes. C'est chouette. Maintenant, j'ai perdu aussi des repères que j’avais. Tessa était toujours à fond à l'entraînement, donc ça donnait des repères pour les courses. Là c'est un peu plus moi le repère et mes sensations. Mais je commence à m'y habituer.

Cette saison sera aussi particulière car il y a des Mondiaux, vous y pensez déjà?

Non pas spécialement. La coupe du monde nous tient bien en haleine. On se prépare pour ça. Après quand arrivera février on pensera aux Mondiaux. Ce qui est cool sur des courses d'un jour c'est qu'il n'y a rien à perdre rien à gagner. On n'a pas de classements généraux, rien à jouer là-dessus. Donc ça rend les choses différentes. Mais le ski restera la même chose. On aura les mêmes filles au départ, même moins. La piste on la connaît. Ce sera une course comme une autre avec une pression différente. Et avec des surprises sur des courses d'un jour.

Pour que votre saison soit pleinement réussie, on doit vous souhaiter quels résultats?

Ce serait chouette de grappiller des places au classement général. Là je suis 15eme, si je pouvais m'approcher d'un top 7 ça serait super. Mais pour ça il faut que je gagne en régularité. Chercher des top 10 réguliers ça serait une belle saison réussie. On pourra chercher des choses encore plus chouettes après.

On entend des rumeurs sur un possible retour de Lindsey Vonn, il y a celui de Marcel Hirscher aussi. Qu’en pensez-vous?

Ça booste. En tout cas, ça fait parler du ski. Et tout ce qui fait parler du ski, fait du bien à notre sport. Donc c'est une bonne chose. Ce sont des grands champions qui reviennent. Je n'ai pas spécialement d'avis à donner c'est leur choix. S'ils reviennent c'est qu'ils se sentent prêts ou prêtes. Je ne me rends pas compte du niveau qu'ils peuvent avoir. On ne sait rien sur eux. Mais avec Hirscher on le voit, Vonn aussi si elle le fait, ça fait parler du ski, ça donne envie aux gens de revoir les légendes revenir. Ça fait du bien à notre sport.

Propos recueillis par Lena Marjak