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Ski Alpin: "Je sais que je ne suis pas à 100%", reconnaît Pinturault avant son retour après sa grave blessure

Alexis Pinturault pendant un entraînement à Wengen en janvier 2024

Alexis Pinturault pendant un entraînement à Wengen en janvier 2024 - AFP

Il signe son grand retour à la compétition. Alexis Pinturault est à Beaver Creak aux Etats-Unis avec toute l’équipe de France. Le tricolore de 33 ans revient d’une rupture des ligaments croisés du genou gauche, survenue en janvier dernier lors du Super G de Wengen. Depuis, il a été opéré, s’est reconstruit, a pris le temps pour retrouver ses sensations. Au lendemain du premier entraînement de descente, Pinturault s’est confié. Le Français a encore quelques appréhensions. Alors, même s’il assure être au départ du géant dimanche, il se laisse encore un temps de réflexion pour la descente et le Super G.

Alexis Pinturault, où en êtes-vous? Comment vous sentez-vous avant le début de cette saison?

Content mais en même temps il y a pas mal d’appréhensions d’une certaine manière. La dernière fois que j’étais sur le circuit c’était à Wengen, c’est le moment où je me blesse. Et là je reviens sur les entraînements de descente. Alors oui, il y a des entraînements qui étaient de bonne qualité et une confiance de mieux en mieux. Mais la course reste la course, les pistes sont plus exigeantes, plus rapides. Il y avait pas mal d’appréhension mardi (jour du premier entraînement de descente à Beaver Creek), psychologiquement ce n’était pas une journée évidente avec beaucoup d’émotions diverses et variées. J’espère, d’une certaine manière, que cette journée me servira pour la suite.

Vous parliez d’émotions diverses, est-ce qu’il y avait de la peur?

Oui, très clairement il y avait aussi de la peur. Parce que ce sont les premières fois où je suis de nouveau confronté à des vitesses qui dépassent les 120/130 km/h, avec beaucoup de mouvements de terrain. Cette année, la piste de Beaver Creek est particulièrement exigeante, elle très bien préparée mais il y a aussi beaucoup de mouvements de terrain artificiels qui ont été créés, plus que par le passé. Ce qui rend le retour émotionnellement parlant plus difficile, plus exigeant. Beaver Creek reste une des compétitions en descente la plus engagée de l’hiver donc ce n’est pas la plus simple où recommencer et mettre un dossard.

Vous vous étiez préparé à vivre ce genre de journée? Cette peur?

Je pense qu’on s’attend toujours à un certain nombre de choses. On s’attend plus ou moins à avoir certaines questions, certaines appréhensions. Après, c’est quand on est confronté à la chose qu’on se rend pleinement compte de ce que ça engendre. Je pense que oui je m’étais préparé mais je ne m’attendais pas spécialement à ce que j’allais vivre, quelles émotions j’allais rencontrer et comment j’allais vivre ma journée. Ça a été une découverte. Après, je suis resté assez simple, j’ai cherché à faire simplement ce que je savais faire, rien inventer. Psychologiquement parlant mettre les choses en place pour reprendre de la confiance sur cette première journée.

Est-ce que vous êtes satisfait du travail technique? Et, comment voyez-vous la suite du programme à Beaver Creek?

Où j’en suis… alors c’est sûr que c’est très différent par rapports aux autres saisons où je les abordais avec le but d’aller chercher des podiums, des victoires… Là, la situation est complétement différente. J’arrive sur un hiver ou je sais que je ne suis pas à 100%. Je dois faire avec, m’adapter et continuer à appréhender mon genou. Il y a des jours où il réagit plus que d’autres, où il est plus douloureux, plus gonflé, plus dur que les journées précédentes. Pour autant, je pense que l’idée c’est que ce soit une saison de reconstruction. Il est difficile d’être très performant dès le début surtout avec cette blessure que j’ai eue. Maintenant, à l’entraînement il y a de bonnes sensations qui commencent à revenir que ce soit en géant, Super G ou en descente. Je commence à retrouver certains automatismes. Après, je manque encore de constance, de régularité. S’il y a un peu plus de difficultés sur la piste, ce sont des facteurs sur lesquels je dois m’améliorer pour être confiant quels que soient la discipline, le terrain, la vitesse et la difficulté. Et pour le programme, on avait une pré-idée qui était déjà de savoir si je venais à Beaver Creek pour faire les compétitions. Ces doutes là ce sont estompés. Il y aura le géant ça c’est sûr. Mais on réfléchit encore pour le Super G et la descente. Voir comment je me sens et faire les choses dans l’ordre. Il y a aussi mon statut de blessé à prendre en compte. C’est-à-dire qu’en Super G et géant, je vais réintégrer ma place dans top 15-30 alors qu’en descente je vais avoir un statut protégé que sur trois compétitions. C’est pour ça que pour moi ce n’est peut-être pas très utile de mettre la charrue avant les bœufs dans cette discipline-là. Il parait plus intéressant de faire les choses par étape et prendre les départs que si je me sens bien sur cette épreuve et le lieu.

Quand on vous entend, on sent que vous êtes partagé avec toutes ces émotions mais vous êtes quand même heureux de retrouver la compétition et toute cette ambiance?

Alors oui, je suis très heureux d’être là, avec le groupe dans une atmosphère de compétition. Ça me fait du bien et me fait plaisir. Après des journées comme mardi sont plus mitigées parce que l’instinct défensif du corps humain peut prendre le dessus sur le plaisir. Et donc psychologiquement c’est dur à appréhender.

Propos recueillis par Léna Marjak