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Ski alpin (Val d’Isère): comment les slalomeurs français se sont préparés à la redoutable face de Bellevarde

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À quelques jours du Critérium de la première neige, organisé à Val d’Isère, RMC Sport a assisté au premier entrainement de l’équipe de France de slalom sur la piste de Bellevarde. Après le début de saison tonitruant de Clément Noël et ses deux victoires en autant de compétitions, ou encore celui de Steven Amiez, les deux skieurs auront à cœur de briller devant leur public.

La face de Bellevarde, piste imposante et "brutale" selon les mots d’Ingrid Jacquemod, ancienne skieuse et directrice des sports de Val d’Isère, est encore dans l’obscurité au petit matin. "C’est une pente qui est quand même difficile à faire. C’est assez sombre le matin, il y a beaucoup de pente. En course, beaucoup de glace. C’est un environnement dur à skier", souligne Mathias Rolland, entraineur du groupe. Ce matin-là, Clément Noël, Steven Amiez, Paco Rassat et Hugo Desgrippes sont à pied d’œuvre. C’est leur premier entrainement sur la face de Bellevarde avant le slalom prévu dimanche 15 décembre à Val d’Isère. "Ça faisait deux ans que l’on ne pouvait pas accueillir l’équipe de France avant que le délai légal soit accordé pour s’entraîner sur la piste de course et là c’était dans notre calendrier très important d’être prêt pour eux. Déjà parce que c’est normal et important qu’on puisse accueillir les Français à domicile. Il faut qu’on leur donne cet avantage", annonce Ingrid Jacquemod.

En haut du télésiège de Bellevarde, fermé aux visiteurs, les Bleus terminent leur échauffement, sous un grand soleil et une température avoisinant les -10 degrés. "Il fait grand beau. Dur de faire mieux pour un premier jour sur la face à Val d’Isère", sourit Steven Amiez. Quelques mouvements de bras avec un élastique pour bien se chauffer, quelques squats et les quatre tricolores rejoignent le portillon de départ. Clément Noël, deux victoires en slalom cette saison, est le premier à s’élancer. Les sensations du jour? "Pas terrible ce matin", pour Clément, licencié au club de Val d’Isère. "C’est la première séance de slalom depuis Gurgl. C’était il y a dix, douze jours. Donc là, c’est juste pour reprendre des sensations en slalom, sur une piste difficile avec neige hyper différente de ce qu’on a eu les deux premières courses", analyse le Français de 27 ans. Une heure et demie d’entrainement, six manches de slalom effectuées, sous un soleil brillant. "Les sensations étaient bonnes, la neige était super, elle était bien ressortie, dure, agressive, assez facile à skier. Après les deux premières courses rudes en termes de qualité de neige ça fait du bien de pouvoir s’exprimer sur une neige un peu plus simple pour travailler des choses et tout mettre en place c’est vraiment l’idéal", sourit Steven Amiez.

La face de Bellevarde, une piste redoutée

Mais cette face de Bellevarde est redoutée. Pour cet entrainement, nous journalistes, avons été prévenus: il faut du matériel bien préparé, on ne sait jamais ce que la piste peut nous réserver. Et effectivement, de la glace et des chutes… Même pour les skieurs, comme Steven, il faut savoir la dompter. "Ce n’est pas une piste facile du tout. Pour moi la partie la plus difficile est le départ qui est vraiment une mise en action où ça pousse tout de suite très fort avec un virage vers la droite qui plonge et ensuite environ sept ou huit portes dans un mur très raide. C’est franchement une piste qu’il faut savoir skier intelligemment. Il faut savoir la respecter et ne pas la respecter à certains endroits. Il faut savoir se lâcher, être intelligent, contrôler certaines parties, dans l’ensemble faut y aller à 100%. Si on est trop gentil elle nous domine, si on veut trop en mettre elle nous corrige aussi. C’est une piste où il faut trouver la limite. C’est ça qui est sympa."

En deux participations au Critérium de la première neige, Steven Amiez n’a encore jamais terminé les deux manches. Sous les yeux d’Ingrid Jacquemod, directrice du club des sports de la station, elle voit les Bleus s’acclimater à la piste. "La face, c’est de la pente constamment. Il y a des maximums de pente à 70%. Il faut se rendre compte qu’en fait c’est comme si on était aspiré vers le bas tout le temps, il n'y a aucun moment de répit. Ce n’est pas une neige comme on l’habitude de skier, c’est de la glace. Quand les coureurs s’engagent là-dedans, avec l’intensité qu’ils ont et sur ce revêtement de neige, tous les effets sont accentués et se retrouvent dans un combat, après c’est stratégique aussi. Des endroits doivent être skiés peut-être plus intelligemment que d’autres. Elle est vraiment atypique et challenging."

Des Bleus prêts à briller à la maison

En ce début de saison, l’équipe de France de slalom brille. Deux victoires en autant de compétitions pour Clément Noël, une 6e place à Lévi puis une 4e place à Gurgl pour Steven Amiez… Les Bleus sont en forme pour performer à domicile. "On s’attendait à faire des résultats parce que les gars skiaient très vite à l’entraînement. On les voyait très forts et investis, on est heureux. Après ce n’est pas une fin en soit, il y a beaucoup de courses dans la saison. Il faut rester concentré, travailler, parce que les autres vont continuer à progresser. Donc la concurrence va bien arriver", rappelle Mathias Rolland, l’entraineur. Titré à Val d’Isère en 2021, Clément Noël est chez lui. Arrivé à 15 ans, dans une famille d’accueil pour continuer son cursus de skieur de haut niveau, il aura à cœur de briller. Lui qui portera en plus le dossard rouge de leader du classement en slalom.

"C’est sympa de le porter devant le public", sourit-il. "Il y aura la famille, mes potes, je serai bien sûr attendu. Ce qui est plutôt une bonne chose ça veut dire que le début de saison s’est bien passé. C’est forcément une petite pression en plus d’être à la maison avec le dossard rouge. Mais ça veut aussi dire que tout s’est bien passé et qu’on est en forme."

Même si dans le sport la logique est rarement respectée. Elle voudrait que Clément Noël enchaine une troisième victoire de suite et que Steven Amiez signe son premier podium en carrière. Après sa 6e place, puis 4e… sera-t-il sur la boite? "En ski alpin et dans le sport de haut niveau, il n’y a jamais trop de logique. Si on ne s’engage pas à 100%, que l’on n’est pas déterminé à fond, et qu’on pense que ça va nous sourire parce que ça nous a souri avant, on se trompe. Il faut toujours se remettre en question, repartir au travail, et rester concentré dessus. Je ne suis pas tout jeune non plus, j’ai l’expérience de savoir ça et de ne pas vouloir m’enflammer tout de suite. J’ai besoin de gravir les échelons aussi, de faire du ski solide et intelligent à chaque course. Je vais essayer de rester dans cette dynamique. Je sais que si j’arrive à faire mon meilleur ski, sur deux manches, ça peut aller très haut. J’en suis convaincu. Après, il faut le faire. Je vais tout faire pour. Hâte d’être dimanche", annonce le skieur. "S’il y avait cette logique on signerait tout de suite, ça il n’y a aucun souci avec ça. Mais les jours de course, il n’y a aucune logique. Toutes les cartes sont remises en jeu. Nous on espère respecter cette logique mais ce n’est pas sûr du tout", lâche en souriant Mathias Rolland, le coach. Première manche prévue dimanche à 10h, et la seconde à 13h.

Léna Marjak, à Val d'Isère