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Ski alpin: Worley à une marche d'un deuxième globe en slalom géant

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Déjà lauré​ate en 2017 du classement de la Coupe du monde de slalom géant, Tessa Worley pourrait bien s’offrir à nouveau cette distinction en 2022 à condition de performer dimanche lors de l’ultime épreuve de Méribel. Elle-même ne se voyait pas aussi haut cet hiver.

Il y a encore 12 jours, au matin du slalom géant de Lenzerheide en Suisse, la Suédoise Sarah Hector - tout juste auréolée de son titre olympique - comptait 95 points d’avance sur Tessa Worley au classement général de la Coupe du monde de la discipline. Un matelas plutôt confortable à trois courses de la fin de la saison.

"J’étais deuxième mais j’étais loin du but en termes de points", reconnaît la skieuse du Grand Bornand. Worley s’imposera pourtant ce jour-là devant l’Italienne Brignone et Sarah Hector avant de finir 4e quelques jours plus tard lors du géant d’Are, pendant qu’à domicile, la Suédoise ne finissait quant à elle pas la course. "Toutes les cartes ont été rebattues et ça me met en bonne position de chasseuse. Tout va se jouer sur une course", constate Tessa Worley.

Car avec désormais 517 points au compteur, la Française est revenue à seulement 5 longueurs au classement sur Sarah Hector, dont le leadership ne tient plus qu’à un fil. Et ses déboires des Jeux olympiques de Pékin, les derniers de sa carrière, semblent oubliés. "Ça n’a pas été facile à digérer avoue-t-elle avec le recul. Et puis les trois semaines en Chine, physiquement ça m’a coûté, mais après j’ai pu couper une semaine avant de me ré-entrainer. On a bien géré avec le staff. Ce sont des choses qu’on ne voit pas mais qui comptent beaucoup."

Surprise par ses victoires cet hiver

Malgré ses 32 ans et une usure physique dont elle ne se cache plus, Tessa Worley affiche donc en cette fin d’hiver la fraîcheur d’une cadette. Quatrième jeudi lors du Super-G de Courchevel, elle y fût à un doigt de monter pour la première fois de sa carrière en Coupe du monde sur une épreuve de vitesse. "Ça me fait du bien, je me sens à l’aise, j’ai juste à pousser et engager, quand je décide un plan de course j’arrive à le mettre en place", expliquait alors la double championne du monde de géant.

Une vitalité qu’elle n’aurait jamais pensé atteindre et garder à cette âge-là sur tout un hiver, surtout après ses blessures et opérations multiples aux genoux ces dernières années. Elle s'est traduite cette saison par quatre podiums dont deux victoires en Coupe du monde. "Les victoires cet hiver m’ont surpris balaye malgré tout Tessa Worley. Je ne me pensais pas capable d’être encore régulière et de tenir tout un hiver physiquement. Je me sens bien à la fin de l’hiver, ce qui veut dire que j’ai encore un peu la forme."

"Des tensions et de l'émotion"

Suffisamment pour renverser la hiérarchie ? Pourquoi pas, même si le match à 2 avec Sarah Hector ce dimanche pourrait se transformer en match à 4 avec l’américaine Mikaela Shiffrin, et la Slovaque Petra Vlhova également encore dans le coup mathématiquement pour décrocher la timbale. Cela rend l’équation un peu plus complexe encore même si avec un succès, Worley serait pour le coup absolument certaine de finir en tête du classement.

"Elle est bien dans sa tête et dans ses pieds explique Alberto Senigagliesi patron de l’équipe de France de ski féminine, donc dimanche elle sera là. Les consignes il n’y en aura pas, il faudra faire son ski, sa course et jouer jusqu’à la fin et on verra ce qui se passe. Il va y avoir des tensions des émotions. Elles vont faire leur course et on verra après."

"Une madame du ski mondial"

Après, il y aura donc peut-être ce deuxième globe de cristal du slalom géant pour Tessa Worley après celui obtenu en 2017. L’une des plus belles distinctions qui soit dans le ski. "Un globe c’est quand même quelque chose que tout skieur souhaite avoir dans sa carrière reconnaît Tessa Worley. Ça montre la régularité, l’adaptation, la forme tout au long de l’hiver, c’est l’une des plus belles récompenses. J’ai eu la chance que ça m’arrive déjà, je suis en bonne posture pour doubler la mise, c’est une chance d’en être là, et dans cette forme-là, donc j’ai envie de saisir cette chance."

Une expérience dont peut se servir la skieuse du Grand Bornand pour aborder cet objectif avec sérénité et un certain détachement. "Ça va se fritter dur prophétise Sébastien Amiez, vice-champion olympique de slalom en 2002. Mais Tessa on le voit est en forme. Ça se dégage de sa parole et de son physique. C’est une madame du ski français et du ski mondial. Elle ne court pas après ce globe, alors que Sarah Hector pour le coup oui."

Arnaud Souque, à Méribel