Val d’Isère : Pinturault peut s’en vouloir

Alexis Pinturault - -
Quatre petites portes. La carrière d’Alexis Pinturault n'a basculé pour une poignée de mètres ce dimanche sur la piste de Val d’Isère, mais un superbe doublé lui a échappé d'un rien. Alors qu’il luttait pour la victoire avec l’Autrichien Marcel Hirscher, le prodige de 21 ans a commis une erreur fatale en toute fin de parcours. Un léger écart qui l’a privé d’un podium assuré dans ce slalom géant. Une issue rageante, forcément.
« Je voulais gagner un peu de temps sur la fin, explique l’étoile de Courchevel, finalement 28e. Malheureusement, cette porte me prend le pied intérieur et me coûte cher. Au final, il y a de la déception. Passer si proche de l’arrivée et voir tout s’effondrer, c’est un peu dommage. Mais au moins, ça prouve que je suis dans le coup et que je peux réaliser de belles choses. Il faut que ça me serve pour l’avenir. A moi de me reconcentrer et de rebondir lors des prochaines courses. »
Au lendemain de sa démonstration de force dans le slalom, Pinturault avait l’occasion de rester sur son nuage. Mais sa fougue et son manque d’expérience l’ont empêché de rafler la troisième victoire de sa carrière en Coupe du monde. Le genre de mésaventure qui lui servira certainement pour le futur. Avec deux manches aussi maîtrisées, la nouvelle pépite du ski français aurait dû accrocher un podium. Mais difficile de lui en vouloir après une telle débauche d’énergie.
Chastan : « On apprend aussi dans l’échec »
« Pour la première fois de ma vie, je lui ai dit que ce n’était pas grave, glisse Claude, son père. Jusqu’à maintenant, je l’aurais plutôt engueulé sur une histoire comme ça. C’est sûr qu’il est déçu. Il a encaissé. Tout à l’heure, son petit frère était en train de pleurer, ça suffit, on ne va pas en rajouter. C’est la règle. Le ski est un sport extrêmement exigeant, ça tient à quelques centièmes. Une course n’est jamais finie et on vient de le voir. »
Obnubilé par la victoire, Pinturault n’a pas voulu se satisfaire d’une deuxième place qui lui tendait les bras. En se livrant sans retenue, il a prouvé son tempérament de gagneur. Quitte à repartir les poches vides. « A ce niveau-là, on ne peut pas trop s’endormir sur ses lauriers, glisse-t-il. Tout le monde est capable de sortir une grosse manche. Les remontées sont toujours possibles. Mon objectif, c’était d’aller chercher la victoire. J’ai tenté mais j’ai perdu. » Une déconvenue qui ne contrarie pas David Chastan. Au contraire.
« C’est un sportif de haut niveau, il fait une compétition pour gagner, assure l’entraîneur du groupe technique des Bleus. Quand vous jouez au tennis, vous jouez pour gagner le match. On apprend aussi dans l’échec. Je souhaite qu’il se retrouve encore en tête d’une première manche pour qu’il se forme le plus vite possible. Si ça lui arrive, au moment le plus important, il faudra qu’il soit dans les meilleures dispositions mentales et physiques pour pouvoir finir la course et la gagner. » Une situation qui pourrait arriver très vite. Pourquoi pas dès la semaine prochaine en Italie, lors du géant d’Alta Badia ?
Le titre de l'encadré ici
Saint-Moritz : Worley retrouve le podium|||
Tessa Worley a profité du week-end pour débloquer son compteur en Coupe du monde cette saison. La skieuse du Grand-Bornand a pris la troisième place du slalom géant de Saint-Moritz, remporté ce dimanche par l’intouchable slovène Tina Maze. Deuxième à l’issue de la première manche, la Française, un peu tendue, a été dépassée par l’Allemande Viktoria Rebensburg, championne olympique en titre. « Forcément, j'étais plus nerveuse au départ de la seconde manche, concède Worley. Je n'avais pas envie de laisser passer cette chance. Ce n'est pas la place que je visais mais troisième c'est très bien ! » Sur la neige suisse, la leader Bleues a renoué avec les sommets, dix mois après son dernier podium à Soldeu, en Andorre. De bon augure avant de retrouver le public français le week-end prochain à Val d’Isère, avec une descente et un super-G au programme.