Worley, prophète en son pays ?

Tessa Worley - -
Quand son sourire timide trahissait auparavant une certaine frustration, il dévoile désormais une joie réelle. Et communicative. Tessa Worley a lancé sa saison ce dimanche en remportant le géant de Saint-Moritz (Suisse). Presqu’un an après son titre de championne du monde, la skieuse du Grand-Bornand a ainsi signé sa huitième victoire en Coupe du monde. Un succès qui lui permet de renouer avec la confiance après un début de saison loin d’être éclatant. La championne du monde 2013, qui avait déjà remporté l'épreuve en 2010, s'est imposée devant la Suédoise Jessica Lindell-Vikarby et la Slovène Tina Maze. Réalisant le meilleur temps de chacune des deux manches, elle a offert à l'équipe de France de ski alpin son premier succès de l’hiver.
L’air et les pistes de la station suisse conviennent décidément bien à la Haut-Savoyarde. Sur les trois géants qu'elle y a disputés, elle a chaque fois terminé sur le podium. « La confiance est revenue. Aujourd’hui, ça fait énormément de bien. On est super motivé car on arrive sur les Coupes du monde en France, à Courchevel et Val d’Isère » confiait-elle dimanche. Au-delà du géant, sa discipline de prédilection, la skieuse compte bien étendre son registre en vue des JO de Sotchi, dans moins de deux mois. Sa neuvième place décrochée en super-G, samedi à Saint-Moritz, ne fait ainsi figure que d’avant-goût. « J’ai vraiment envie d’être polyvalente. Ça se construit sur plusieurs années, explique-telle. J’ai attaqué, il y a deux ans déjà, l’idée de faire plusieurs disciplines. L’année dernière, j’ai fait pratiquement toutes les descentes. Cette année, de nouveau. Petit à petit, ce sont des choses que j’ai envie d’imprégner, on va dire, dans mon programme pour vraiment arriver à tout faire et être performante. »
Séchaud : « Elle est en mesure de rivaliser avec les meilleures »
Même si elle ne maîtrise pas encore aussi bien les autres disciplines que le slalom géant, Tessa Worley peut nourrir des espoirs. Benjamin Melquiond, directeur de l’équipe de France féminine de ski alpin, la croit en tout cas capable de briller. « Elle essaie d’étoffer son registre, commente-t-il. Forcément, on va sur le super-G et la descente. On prépare les échéances futures et elle est présente en super-G, maintenant. Elle est établie, clairement, dans les 5-6 meilleures. Donc, je pense qu’elle peut être plus ambitieuse. Mais tout ça s’est fait à force de travail, parce que ce n’est pas une grande glisseuse. Elle a dû bosser. Elle est là en géant, elle est là en super-G, en slalom. Sur des pistes difficiles, elle sera là, c’est sa volonté. On travaille pour ça et on y arrive, mais on n’y arrivera pas du jour au lendemain. On y arrive dans la durée. »
Même son de cloche de la part d’Anthony Séchaud, entraîneur du groupe technique féminin. Ce dernier estime que sa skieuse a les capacités d’élever son niveau afin de lutter avec les meilleures mondiales. « Tessa fait de la vitesse parce qu’elle peut être performante en vitesse. Elle est vraiment en mesure, maintenant, de rivaliser avec les meilleures. On avait mis sur Saint-Moritz une double croix. Il y a une seule croix au bout du compte, un deuxième top dix d’affilée en super-G, c’est intéressant. On fait toutes les disciplines, de la descente au slalom. Le ski féminin a besoin de ces athlètes un peu « all rounder » qui sont capables de skier très vite, dans plusieurs disciplines ». Tournée vers Courchevel, où est programmé un slalom ce mardi (première manche à 10h30), puis sur Val d’Isère, Tessa Worley va pouvoir s’étalonner face à la concurrence mondiale. Avant, pourquoi pas, de marquer les JO de Sotchi (7-23 février) de son empreinte.
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