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Boxe: "J'ai dû trouver un travail d'appoint", le destin de Bruno Surace va basculer après son KO incroyable face à Munguia

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Vainqueur par KO dès le sixième round face au Mexicain Jaime Munguia ce samedi à Tijuana, le Français Bruno Surace (26 ans) a signé un exploit retentissant face au numéro deux WBC. Avant son combat, ce fan de l'OM s'était confié à RMC Sport.

Bruno Surace n'avait pratiquement rien à perdre. Samedi soir, à Tijuana, le Français (26 ans) a créé une énorme surprise en mettant KO le Mexicain Jaime Munguia (28 ans) lors du sixième round, réalisant un exploit majuscule face au numéro deux WBC dans la catégorie des super-moyens (-76.2kg). La carrière de Surace vient de basculer.

Ce combat entre Surace et Munguia avait déjà de quoi intriguer. Habitué à boxer en poids moyen (-72,574 kg), Surace restait sur un titre européen silver dans sa catégorie en décembre 2023. Invaincu en 27 combats (25 victoires pour 4 KO, deux nuls), ce fan de l'OM se présentait toutefois face à un autre calibre: en 45 combats, Munguia (28 ans) affichait un bilan de 44 victoires dont à 35 reprises avant la limite. Sa seule défaite remontait en mai dernier face à son compatriote, la légende Canelo Alvarez.

"Ce n'est pas un combat qu'on peut décliner"

Initié à la boxe dès son plus jeune âge par son père, un ancien boxeur, Bruno Surace ne se voyait pas refuser une telle opportunité. "J'ai été sollicité par plusieurs match makers et ce n'est pas quelque chose qu'on peut décliner", revenait l'intéressé avant ce combat dans un entretien à RMC Sport. "On a réfléchi et on s'est dit 'en avant'. J'ai l'opportunité, à 26 ans, de boxer le numéro deux mondial chez lui. C'est un truc de fou. L'écosystème de la boxe mondiale va s'arrêter sur ce combat."

Bruno Surace a expliqué qu'il n'y avait pas de "connexion particulière" entre son équipe et le promoteur de Jaime Munguia. "Quand la proposition arrive, je me dis 'wow' dans un premier temps. Il y a eu pas mal de négociations mais dans mon coeur, c'était oui, on y va", a encore raconté Surace, méconnu par rapport à l'ex-champion du monde des super-welters WBO, qui avait changé de catégorie après cinq défenses victorieuses de sa ceinture.

En principe, ce combat ne devait donc être qu'une formalité pour Munguia, avec la perspective de retrouver Christian Mbilli, un autre Français invaincu, en avril. Le vainqueur de cet affrontement aurait dû défier ensuite le champion incontesté Canelo Alvarez. Mais pour son premier combat en dehors des frontières françaises, Bruno Surace a bouleversé l'ordre établi, malgré un passage au tapis dès le deuxième round.

Surace n'avait "pas la pression du résultat"

Passé pro dès ses 18 ans, Bruno Surace a "engrangé pas mal d'expérience" depuis. "C'est une histoire de famille. J'ai commencé sans avoir de grandes ambitions et petit à petit, je me retrouve là. Je me dis 'et si on allait chercher plus loin' à chaque fois et voilà comment je me retrouve à Tijuana", racontait Surace, le sourire aux lèvres.

Pas donné favori, Bruno Surace n'avait "pas la pression du résultat" ni même du public. "Paradoxalement, ce sont les meilleures conditions", se projetait celui qui a finalement climatisé l'Estadio Caliente, un stade de football transformé en salle de boxe pour l'occasion. "Agréablement surpris" par l'accueil local, Surace avançait même avec l'idée qu'il ne vivrait peut-être un tel combat "qu'une seule fois" dans sa vie.

"La réalité de la vie a fait que j'ai été obligé de travailler"

"Cela peut changer ma vie, ce n'est que du positif", lançait aussi Surace, conscient que cette opportunité était dans tous les cas un tournant pour lui. Le Français, motivé surtout par l'idée de montrer son meilleur visage, estimait même que le résultat était "anecdotique". Avant de boxer face à Munguia, Surace imaginait d'ailleurs revenir dans sa catégorie ensuite, où il est le plus à l'aise.

Sa droite, qui a mis KO Munguia, risque bien donc de changer le cours de sa carrière et de sa vie. "J'ai fini mes études en octobre 2023 et la réalité de la vie a fait que j'ai été obligé de travailler", confiait Surace. "J'ai travaillé le lendemain de mon titre européen, un dimanche matin. Je faisais de la vente, j'ai dû trouver un travail d'appoint, un boulot sans rapport avec mes études. A chaque fois que je postule, on me dit que je fais du sport de haut niveau. Cela devrait être une plus-value mais on te l'oppose." Cette fois, son CV pourrait lui ouvrir quelques portes, a minima dans le monde de la boxe.

Guillaume Lepère