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Boxe: pourquoi Kevin Lele Sadjo pourrait bientôt avoir une chance mondiale

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Classé dans le top 7 de trois des quatre organisations majeures, l’invaincu et destructeur Kevin Lele Sadjo se rapproche d’une chance mondiale pas à pas. Dans une catégorie où règne la superstar Canelo Alvarez, le boxeur français pourrait profiter d’une situation qui devrait bientôt évoluer dans le bon sens. Mais pour cela, il ne doit pas se rater face à l’Argentin Durval Palacio ce jeudi soir au Zénith de Paris pour la ceinture WBC Silver (en direct à partir de 20h30 sur RMC Sport 2).

Il est né au Cameroun avant de venir s’installer en France dans son enfance. Il explose un à un ses adversaires sur la route de son objectif de sacre mondial professionnel chez les super-moyens. Mais il doit encore patienter malgré son talent. Christian Mbilli? Oui. Mais pas que. Kevin Lele Sadjo est l’autre destructeur tricolore invaincu (22-0, 20 KO; 34 ans) qui monte fort dans la catégorie du roi Canelo Alvarez. Numéro 4 du classement WBC, numéro 6 à l’IBF et numéro 7 à la WBO, soit le top 10 de trois des quatre organisations majeures de la boxe, "The Punisher" sa rapproche pas à pas des sommets planétaires. Reste une question. Alors, c’est pour quand?

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Opposé ce jeudi soir au Zénith de Paris à Durval Palacio, avec en jeu la ceinture WBC Silver (titre secondaire), Lele Sadjo n’obtiendra pas sa chance en battant l’Argentin même sur un des gros KO dont il a la spécialité – ce qui est attendu. Mais il ne faut pas se rater sous peine de voir le rêve s’évaporer. "C’est inimaginable de perdre contre Palacio", lance le boxeur français dans le podcast RMC Fighter Club." Comme je dis toujours, je suis dans un immeuble de vingt étages, j’en ai monté dix-sept et il m’en reste trois pour voir le sommet, donc je n’ai vraiment pas le droit à l’erreur. Si je dois perdre, ce sera pour un championnat du monde."

Qui ne devrait plus trop tarder à l’écouter. "Il faut juste patienter encore un petit peu. Je parle beaucoup de tout ça avec mon promoteur. Il faut rester concentré et être prêt car les choses sont en train de se décanter. Canelo va devoir lâcher des titres à un moment, ils seront vacants et il faudra qu’on saute dessus comme des sangsues." Comme Mbilli, Lele Sadjo doit faire avec une catégorie à la situation bloquée… en tout cas pour l’instant. Champion incontesté des super-moyens depuis novembre 2021, un statut déjà défendu à quatre reprises, la superstar Canelo dicte plus ou moins ses règles tant il rapporte aux organisations majeures à chacun de ses combats.

David Benavidez est le champion intérimaire et le challenger obligatoire WBC et tout le monde veut le voir face au Mexicain? Peu importe. La WBC n’ordonne jamais ce combat et l’Américain a fini par abandonner et monter en mi-lourds pour son prochain combat (ce week-end à Las Vegas face à l’ancien champion WBC Oleksandr Gvozdyk pour le titre intérimaire WBC) avant de faire un choix définitif. Idem pour le Cubain David Morrell, champion WBA "régulier", qui a vu ces dernières semaines le plus bankable Edgar Berlanga lui passer devant sans réelle raison comme challenger obligatoire de cette organisation et dont la prochaine sortie se fera aussi en mi-lourds (le 3 août à Los Angeles pour le titre WBA "régulier" contre l’Américain d’origine serbe Radivoje Kalajdzic sur la carte de Crawford-Madrimov).

Honnête avec lui-même, Lele Sadjo a conscience qu’on ne le verra jamais partager le ring avec Canelo pour un titre mondial. "Je ne pense pas que je l’affronterai. Je ne suis pas assez bankable, pas assez médiatisé. Il faut être conscient et ne pas se mentir. Christian Mbilli a plus la possibilité d’affronter Canelo aujourd’hui car il est plus mis en avant médiatiquement, il a signé dans une grosse écurie, Top Rank, qui accompagne des champions du monde. Il a plus de crédibilité. On ne va pas venir me chercher au fin fond de Créteil pour affronter Canelo. Je ne suis connu nulle part."

Mais l’IBF, qui affirme que son challenger obligatoire doit être le prochain sur la liste dans le système de rotation en place entre les quatre organisations majeures (la WBA le pense aussi pour Berlanga), va faire bouger les choses dans le bon sens pour celui dont le but est de devenir champion du monde "peu importe contre qui". Plus sérieuse sur ce plan, elle a ordonné à Canelo de négocier avec leur challenger obligatoire, le Cubain William Scull, invaincu (22-0) mais quasi inconnu, pour défendre sa couronne contre lui. Mais la star mexicaine, plus proche de la fin de carrière que du début et seulement en quête de gros chocs, ne veut logiquement pas entendre parler d’un combat qui ne fait pas sens sur les plans financier ou populaire.

Si l’IBF a repoussé de deux semaines la limite des négociations, à l’issue de laquelle doit être organisée une enchère de bourses si aucun accord n’est trouvé avant, plusieurs sources ont confirmé la volonté de Canelo d’abandonner cette ceinture plutôt que d’affronter Scull. Et s’il ne le fait pas, l’IBF ne devrait pas hésiter à le destituer. Le titre vacant serait alors mis en jeu dans les mois à venir entre le Cubain et le numéro 2 de son classement, le Russe invaincu (16-0) Vladimir Shishkin. De quoi aiguiser les crocs de Mbilli, numéro 3 de cette organisation, mais aussi de Lele Sadjo, numéro 6 mais idéalement placé (d’autant que les 4 et 5, Edgar Berlanga et Diego Pacheco, sont respectivement numéros 1 WBA et WBO et prendront plutôt ces chemins).

"Je vais vous donner un petit scoop: on est en train de pousser vraiment du côté de l’IBF pour que le combat pour la ceinture se fasse entre Scull et Shishkin", explique Lele Sadjo. "Shishkin va gagner contre Scull et si c’est le cas, c’est sûr que je vais le boxer. C’est dans les tuyaux. Mon promoteur, Yohan Zaoui, connaît très bien le sien, Dmitry Salita. Si je gagne là, je me donne huit mois. Une chance mondiale dans la première moitié de 2025? C’est ce que je me dis." Champion d’Europe EBU depuis sa victoire par TKO sur le local Jack Cullen à Manchester en décembre 2021, victoire qui l’avait fait connaître du public de la boxe en dehors des frontières françaises, Lele Sadjo va devoir abandonner sa couronne européenne défendue deux fois pour prendre la ceinture WBC Silver qui devrait lui permettre de gratter encore un ou deux rangs dans le classement de l’organisation mexicaine.

Pas grave. D’autres conquêtes plus importantes l’attendent. La planète après le continent. Mais avant de penser au Graal, l’homme qui adore se produire en France – seuls trois combats à l’étranger sur ses vingt-trois en carrière jusque-là, celui de jeudi compris – doit écarter l’obstacle Palacio (13-2, 10 KO; 33 ans), qui reste sur quatre victoires de suite qui lui ont permis de prendre le titre argentin des mi-lourds et la couronne sud-américaine des super-moyens. "On a beaucoup visionné ses combats. C’est quelqu’un de très fougueux, qui frappe fort, qui a des qualités comme un bon retrait du buste mais aussi beaucoup de défauts. Il frappe avec des coups larges et il est très ouvert. Il va falloir faire attention entre le premier et le quatrième rounds."

Le "Mike Tyson de Wish" (c’est lui-même qui le dit en réponse à certains qui comparent son style à celui de la superstar américaine) comptera sur sa phénoménale puissance de frappe pour poursuivre sa série de six KO/TKO de rang. "Palacio n’a jamais affronté quelqu’un qui met autant de pression que moi", complète-t-il pour The Ring. "Mon travail de destruction va une nouvelle fois payer." Kevin Lele Sadjo doit continuer d’avancer sur le chemin des plus grandes ambitions. Où il croisera sans doute un jour Christian Mbilli, avec qui il partage tant, pour ce qui donnerait le plus gros combat franco-français du moment dans la boxe. "The Punisher" ne dit pas non. Mais il préférerait voir la chose se faire pour un titre mondial voire pour une unification si chacun arrive à prendre une ceinture d’ici là. On signe où?

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport