RMC Sport

Boxe: Pourquoi Maïva Hamadouche peut marquer l’histoire après les Jeux (et à Tokyo aussi)

Qualifiée pour Tokyo, où elle sera la première championne du monde pro à participer aux JO, Maïva Hamadouche affrontera ensuite Mikaela Mayer pour tenter d’ajouter le titre WBO de l’Américaine à sa ceinture IBF des super-plumes. Un choc attendu et historique: la Française sera la première représentante féminine tricolore à combattre pour la prestigieuse ceinture du magazine The Ring.

Elle peut réaliser un doublé inédit dans l’histoire de la boxe dans un timing aussi serré. Championne IBF des super-plumes, titre détenu depuis novembre 2016, Maïva Hamadouche va d’abord tenter de s’offrir le plus beau des étés en repartant de Tokyo avec l’or – elle est la seule femme qualifiée dans l’équipe de France de boxe, ticket arraché malgré un gros souci physique – dans des Jeux où elle deviendra la première championne du monde en activité, hommes et femmes confondus, à participer à la grand-messe olympique (les pros peuvent le faire seulement depuis Rio) et donc peut-être à y être médaillée. Et quelques semaines plus tard, à l’automne, elle sera opposée à l’Américaine Mikaela Mayer pour tenter d’ajouter la ceinture WBO des super-plumes à sa version IBF. Avec en prime un troisième titre pour donner encore plus d’éclat à l’affaire.

Seuls six Français dans l'histoire

Le magazine The Ring, référence du milieu, vient en effet d’annoncer avait voté et décidé de mettre pour la première fois en jeu une ceinture chez les super-plumes féminines à l’occasion de ce combat entre les numéros 1 (Mayer) et 3 (Hamadouche) de son classement de la catégorie.

Anecdotique? Oh que non. Inspiration de la ceinture portée par Rocky dans les films éponymes, le titre The Ring est l’un des plus prestigieux – et sans doute le plus légitime aujourd’hui – du noble art. Chez les hommes, seuls six boxeurs tricolores ont réussi à le remporter dans leur catégorie: Jean-Marc Mormeck par deux fois chez les lourds-légers, Marcel Thil et Marcel Cerdan chez les moyens, André Routis chez les plumes, Robert Cohen et Alphonse Halimi chez les coqs.

Chez les femmes, pour qui The Ring a commencé à mettre des titres en jeu seulement depuis 2019 (les Américaines Claressa Shields chez les moyens et super-welters et Jessica McCaskill chez les welters et l’Irlandaise Katie Taylor chez les légers sont les seules à en avoir remporté un), Hamadouche serait une pionnière française du genre. Elle ne serait en revanche pas la première à unifier au moins deux titres des quatre fédérations principales, Anne-Sophie Mathis ayant par exemple été championne du monde WBC-WBA-IBF des super-légères en 2008. Une unification attendue depuis longtemps par "El Veneno", qui avait rejoint Matchroom-Italia, branche transalpine de Matchroom Boxing, la société du puissant promoteur britannique Eddie Hearn (celui du champion WBA-IBF-WBO des lourds Anthony Joshua), pour pouvoir avoir accès à un tel combat.

"Le combat est signé, il aura lieu après les JO, a commenté la boxeuse française sur les réseaux sociaux. Ce championnat du monde, je l’attendais depuis longtemps. Il me tarde d’y être. Ce combat fera des étincelles et montrera que la boxe féminine est bien présente." On peut la croire: les deux femmes échangent assez de mots doux en ligne ces derniers mois, à l’image des critiques de Mayer à Hamadouche sur son choix de participer aux Jeux avant de l’affronter, pour annoncer un choc de feu. Qui aura aux Etats-Unis les honneurs de la chaîne ESPN, diffuseur de Top Rank, le promoteur de l’Américaine. Après une carrière amateur qui l’a vu remporter le bronze mondial en 2012 et participer aux Jeux en 2016, Mayer est une des nouvelles stars de la boxe pro féminine, toujours invaincue (15-0, 5 KO ; 30 ans) et championne WBO des super-plumes depuis octobre dernier.

Mais la policière – son job à côté – Hamadouche (22-1, 18 KO ; 31 ans) possède les armes, au premier rang desquelles sa puissance et sa capacité à avancer encore et encore sur l’adversaire, pour faire dérailler la hype de l’ancienne membre d’un groupe de métal. Un défi XXL et historique qui ne fera pas peur à la boxeuse française, plutôt du genre à ne pas craindre grand-chose, et qui pourrait mener en cas de victoire à des combats pour tenter d’unifier complétement la catégorie et de devenir la première championne incontestée de l’histoire du noble art tricolore tous sexes confondus en allant chercher le titre WBC de la Britannique Terri Harper – numéro 2 au classement The Ring, actuellement blessée – et la version WBA de la Coréenne Hyun Mi Choi.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport